Sigur Rós - Valtari
Sorti le: 11/06/2012
Par Jean-Philippe Haas
Label: EMI
Site: www.sigur-ros.co.uk
Parmi les représentants notables de cette entité aux limites floues nommée post-rock, Sigur Rós est l’un des plus réputés et constants, bien qu’une telle étiquette ne signifie plus rien pour qualifier la musique des Islandais aujourd’hui. Le temps d’une escapade avec Alex Somers (Riceboy Sleeps, 2009) puis en solo (Go, 2010) pour explorer d’autres horizons musicaux, le chanteur-guitariste du groupe Jón Þór « Jónsi » Birgisson revient au bercail pour achever l’enregistrement d’un disque dont la genèse remonte à 2009.
En 2008, Með suð í eyrum við spilum endalaust se voulait accessible au grand nombre. Flirtant par moments avec l’ambient, Valtari rompt quelque peu avec son prédécesseur, et illustrerait à merveille un film de Lars von Trier ou un documentaire poignant sur l’extinction de l’ours polaire. Des voix évanescentes enveloppent le chant de Jónsi, se répondent en échos éthérés, quasi religieusement parfois (« Dauðalogn ») et survolent avec majesté les huit titres d’un disque dans lequel il ne reste finalement pas grand-chose de l’essence du post-rock, hormis le délicat ressac qui anime chaque composition, et cette science du crescendo dont on ne retrouve vraiment la trace que sur le superbe « Varúð ». Très épuré, voire minimaliste (« Fjögur píanó ») malgré ses arrangements sophistiqués, Valtari fait la part belle aux errements des claviers et des cordes qui construisent patiemment des atmosphères très aériennes où la mélodie évolue, lentement, au gré des variations climatiques. Les percussions héritent de la portion congrue, réduites le plus souvent à faire de la figuration en arrière-plan. De fait, il manque parfois la pulsation organique qui animait les albums précédents.
Si on ne peut décemment parler de changement de cap, Sigur Rós développe la dimension métaphysique, presque mystique de sa musique. Souvent passionnant comme une pièce d’Arvo Pärt, parfois soporifique comme Enya, Valtari navigue dans l’espace ténu qui sépare la grande œuvre de l’impasse artistique.