Special Providence - Soul Alert
Sorti le: 06/03/2012
Par Jean-Philippe Haas
Label: Hunnia Records
Site: www.specialprovidence.hu
Les Hongrois de Special Providence ont le vent en poupe. Labyrinth, leur album précédent confirmait la grande tenue de leur fusion jazz-metal initée sur Space Café, tandis que le DVD Something Special démontrait, à ceux n’auraient pas pu assister à l’un de leur passage récent dans la francophonie, une aptitude à reproduire sur scène leurs compositions flamboyantes.
Plus que jamais, les quatre virtuoses s’emploient à marier deux genres plutôt antagonistes, union dont le résultat se situe quelque part entre Planet X pour le côté spatial et Liquid Tension Experiment pour l’exubérance et les grosses guitares. Pour peu qu’on ne soit pas rebuté par une association qui peut faire grincer les dents, Soul Alert organise de belles réjouissances, comme le passage sans transition du canapé en cuir d’un bar à vins fins vers les grossiers tabourets d’un bistrot arrosé par la pils. Special Providence s’offre également l’une ou l’autre escale electro/dance avec « Lazy Boy » et surtout « K2 », dont certains moments feraient fureur sur le dancefloor d’une boîte de nuit londonienne à la mode. David Guetta et son Nanokey pour DJ du dimanche n’ont qu’à bien se tenir…
Seul « The Incredible Flower », molasson, répétitif et parasité par d’affreux sons indignes de Zoltán Cséry, peut être discrètement passé sous un silence. Par ailleurs, le final « Fences of Reality », version chantée du titre « Lazy Boy », se voit amputé de deux minutes pour devenir un single de prog metal « de base », puissant et efficace mais finalement assez inutile sur un disque qui a bien d’autres choses à proposer.
L’appréciation d’un tel album passe évidemment par une adhésion totale au genre, mais Soul Alert évite la plupart du temps les peaux de bananes qui peuvent brutalement faire choir une œuvre dans les escaliers du mauvais goût. Les jeunes Magyars franchissent ainsi une nouvelle étape, en termes de composition et de production, et n’ont désormais plus rien à envier ni à apprendre de leurs aînés.