Symphony X - The Odyssey
Sorti le: 31/10/2002
Par Florian Gonfreville
Label: Inside Out
Site: www.symphonyx.com
Après « V », joli succès, arrive « The Odyssey ». C’est le voyage d’Ulysse (Odusseus en grec classique) qui fait l’objet de l’album. Invitation au voyage.
Les premiers titres (« Inferno », « Wicked », « Incantation…») sont pour le moins heavy ! Les américains ont durci le ton à tous niveaux : composition, interprétation et production. Plus sec, direct, un peu trop propre, le son est parfois compressé à la limite du manque d’expression. Sans perdre tout son lyrisme, le chant de Russel Allen manifeste une franche agressivité. La paire Lepond/Rullo (basse/batterie), complexe et carrée à la fois, soutient efficacement la guitare de Romeo, rageuse et virtuose comme toujours. Le synthé reste par contre étrangement en retrait. Si l’ensemble devient plus direct et punchy, cette quasi-absence d’arrangements enlève un peu de consistance.
« Accolade II », déjà plus progressive et ambitieuse, prend le premier risque. Cette suite à « The Accolade » rappelle quelques bons moments ! On jouera ainsi à retrouver des thèmes de « The Divine Wings Of Tragedy » où figurait le titre en question, parsemés tout au long de ces sept minutes de bonheur (noter le clin d’œil à « The Edge Of Forever »). Les synthés reprennent leur place : tant mieux !
« King of Terrors », d’après E.A.Poe, est bon moment d’inspiration ‘thrashisante’ dont Allen est grandement responsable. Des jeux de paroles (Their God / Inch by Inch / Line by Line) rendent l’atmosphère pesante, que les synthés et le break achèveront d’alourdir avec succès.
« Awakenings » prend un autre risque. Partie instrumentale rock prog 70’s et passage piano à la Satie, un peu jazzy puis classisant, sont autant d’agréables surprises. On sent une volonté de mise en scène et la progression est réelle. Là encore, Allen sort du lot.
« The Odyssey », troisième risque de 24 minutes en 7 parties clôture le tout, en forme d’apothéose. L’intro orchestrale évoque parfois trop John Williams (compositeur de Star Wars, Indiana Jones…) et Danny Elfman (Batman, Beetlejuice…), mais le reste est impressionnant : prestation vocale superbe, mélodies accrocheuses, guitares alambiquées dont un excellent solo sur « Circe », clins d’œil (« Mission impossible » par ex.) et arrangements soignés. Respect.
Alors que Symphony X produit une musique très caractérisée, le groupe a su prendre quelques risques pour ne pas totalement tomber dans le piège de l’auto-plagiat. Si certains passages sèment quelques doutes – soli de guitare sentant l’improvisation, orchestrations confinant parfois au cliché – on retiendra néanmoins deux points majeurs : la qualité inattendue de composition de Romeo, et la maîtrise définitive affichée par Russel Allen, qui survole ce disque. The Odyssey est un bon album de metal progressif qui ne devrait pas décevoir, ce qui est beaucoup vu le haut niveau des précédentes réalisations du groupe.