Mike Oldfield - Tubular Bells
Sorti le: 23/07/2004
Par Pierre Graffin
Label: Virgin Records
Site: https://mikeoldfieldofficial.com/
La carrière d’Oldfield commence dès l’age de quatorze ans lorsqu’il forme un groupe de folk éphémère en compagnie de sa sœur Sally, avec qui il composera le tube « Moonlight Shadow » figurant sur l’album Crisis, en 1983. Après une brève collaboration avec Kevin Ayers, fondateur de Soft Machine, il est remarqué par Richard Branson, jeune directeur d’une petite société de vente de disques par correspondance. Oldfield avait jusqu’alors écumé en vain bon nombre de maisons de disques avec un ambitieux projet instrumental sous le bras, Opus 1. Branson, séduit, créa son label Virgin Records, très underground à l’époque, et signa le jeune musicien. Il lui offrit la possibilité d’enregistrer enfin son œuvre dans des conditions décentes.
L’ensemble devint Tubular Bells. Si le succès ne fut pas immédiat, le film L’Exorciste de William Friedkin, en utilisant des extraits pour sa bande-son, contribua largement à la réussite commerciale de ce disque qui atterrit en tête des classements aux USA en 1974.
Tubular Bells commence par une petite mélodie désormais mythique, à la fois simple, faussement naïve et entêtante, déclinée sur des instruments hétéroclites (mandolines, banjo…). On peut d’ailleurs voir dans ce thème minimaliste et récurrent une influence de Philip Glass, dont Oldfield reprendra un titre sur Platinum en 1978. Le célèbre refrain fait alors place à des variations thématiques et rythmiques qui constituent une seule et même œuvre, développée sur chacune des faces du vinyle de l’époque. La deuxième face, beaucoup plus intimiste, déploie une thématique acoustique quasi pastorale, accompagnée de chœurs très « floydiens ». Elle introduit alors une partie électrique débridée pour donner naissance à une mélodie à nouveau sibylline et presque enfantine.
Mike Oldfield, principal interprète, semble exceller dans tous ces genres et fait preuve d’un sens mélodique fascinant et d’une étonnante virtuosité. Cette libre créativité transforme ce projet inclassable en une œuvre à la fois déconcertante et fondatrice. On peut comprendre, avec le recul, à quel point le projet était déroutant de prime abord en 1973 : seuls quelques groupes à la renommée établie comme Jethro Tull ou Yes, avaient osé la même approche conceptuelle en déclinant une seule et même œuvre – Thick as a Brick et Close to the Edge – sur un seul disque mais sans jamais pour autant pousser l’expérimentation sonore (dont seuls Pink Floyd ou Magma pouvaient se targuer !) jusqu’à un tel degré.
Avec Tubular Bells, Mike Oldfield deviendra malgré lui le fondateur de la musique dite « New Age » qui aura, plus tard, un autre ambassadeur : le clavier du groupe Aphrodite’s Child, Evangelos Odyssey Papathanassiou, alias Vangelis. Tubular Bells sera par la suite au centre d’une lourde polémique : son thème le plus connu aurait plagié une œuvre de Christian Vander, alors au sein de Magma, et qui avait croisé Mike Oldfield en studio le temps de quelques jours. Cela ne l’empêchera pas pour autant d’acquérir une renommée internationale dont Tubular Bells sera le point de départ sinon le point d’orgue.
Au fil d’une carrière prolixe mais inégale artistiquement comme commercialement, Oldfield composera d’ailleurs diverses suites à cette pierre angulaire (Tubular Bells II en 1992, III en 1998 et The Millenium Bells en 1999), aussi opportunistes que négligeables.