Simon Collins - Becoming Human
Sorti le: 04/09/2020
Par Thierry de Haro
Label: Frontiers Music
Site: http://www.simoncollins.com/
Un revenant ? Allez savoir …
Après 3 albums en solo plutôt confidentiels, commis entre 1999 et 2009, nous avions perdu le fil d’un début de carrière – certes timide – de Simon Collins, le fils de Phil. Mais, lorsque 4 années plus tard, sa collaboration avec le talentueux Dave Kerzner au sein du groupe qu’ils formèrent ensemble, Sound Of Contact, accouche d’un Dimensionaut en tous points remarquables, Simon est enfin reconnu par le ‘grand public’ (… du rock progressif – ne nous enflammons pas non plus !) pour ses talents de compositeur, chanteur et musicien.
Sept ans plus tard, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et malheureusement, Sound Of Contact s’est noyé dans les turbulences d’un fleuve musical trop tumultueux. En parallèle, Simon a vécu des moments personnels douloureux, conséquences d’un divorce difficile. Bref, une période où le gris titube davantage vers le noir que vers des perspectives plus claires.
Mais paradoxalement, ces moments sont souvent propices aux inspirations et Simon profite de ces années pour composer. Et, en vivant des moments similaires, là où le père nous avait distillé un album empreint de nostalgie et de moments intimistes (Face Value), le fils nous délivre un message de renaissance en proposant une musique entraînante – voire dansante par moments, et orchestrée – don paternel oblige – autour de mélodies imparables.
Pour mettre tout cela en musique, une ‘quasi’ nouvelle équipe – en particulier Robbie Bronnimann aux claviers et à la composition – signe d’une orientation ‘certaine’ vers l’électronique. Il faut dire que Robbie a œuvré dans le passé avec des stars anglaises de la pop/new-wave eighties (Nick Kershaw, Howard Jones ou Midge Ure d’Ultravox), souvent en tant que producteur, voire compositeur. C’est d’ailleurs en travaillant pour Howard Jones qu’il a collaboré avec Robin Boult – plus connu de nos lecteurs par le fait qu’il était le guitariste de Fish, dans la première partie de sa carrière solo (de Vigil In The Wilderness of Mirrors à Raingods With Zippos, pour être précis). En y ajoutant Gaz Williams à la basse – musicien se définissant lui-même comme un ‘expert technologique’ (il est d’ailleurs contributeur depuis 10 ans au site d’experts en la matière, ‘sonicstate.com’) – mais aussi ayant joué avec David Rhodes (Peter Gabriel) ou Marc Almond (Soft Cell) et Kelly Avril Nordstrom à la guitare, qui avait fait partie de l’aventure Sound Of Contact, nous avons un quintet de musiciens hétéroclite qui ne fait qu’attiser notre envie d’écoute.
Alors … ‘Welcome To The Machine’ ou plutôt ‘bienvenue dans la mêlée’ (« Into The Fray »), car l’album démarre sur une suite de bruits d’environ 80 secondes, dans une ambiance générale plutôt lourde, introduction au titre éponyme « Becoming Human », dont le refrain louche très largement du côté de Steven Wilson ! Avec le titre suivant, « The Universe Inside Of Me », nous basculons vers du Frost* période Falling Satellites, avant de se laisser glisser vers les guitares acérées qui introduisent un « Mad Made Man » qui, reconnaissons-le, n’est pas le morceau du siècle ! D’ailleurs, si l’album est bien agréable à écouter, on mettra quand même de côté deux ou trois autres titres dispensables (« No Love »,« 40 Years »), si notre temps d’écoute est limité par des circonstances autres que musicales. Et, s’il n’y en a qu’un, car le taxi est déjà en bas de chez vous, tant pis, payez 9 minutes de course supplémentaires, mais ne passez surtout pas à côté de « Dead Ends », joyau mélodique de cet album … vous n’en serez que plus souriant vis-à-vis du chauffeur qui vous aura attendu ! Et si vous avez tout prévu et êtes audacieux, n’hésitez pas à lui proposer d’écouter votre clé USB, sur laquelle vous n’aurez pas omis de mettre l’excellentissime « So Real », qui nous ramène aux grandes heures de groupes comme Tears For Fears, voire Talk Talk … un hit en puissance – dans le sens qualitatif du terme ! Et aussi le superbe « I Will Be Waiting » avec son intro à la Radiohead (rappelant « The Numbers » sur le sublime A Moon Shaped Pool) et une mélodie qui semble avoir été chuchotée par le paternel au-dessus du berceau … sur laquelle le fiston a rajouté sa touche rythmée et moderne, entraînant la composition dans une dimension surnaturelle !
D’une manière générale, cet album est un pont entre modernité d’un son nous rappelant l’ère technologique dans laquelle nous vivons et références mélodiques d’un passé pas si lointain sur lesquelles les amateurs de constructions musicales bien léchées s’appuient pour régénérer leurs émotions. Ce ne sera certainement pas l’album de l’année, mais il serait dommage de passer à côté, tant ce trait d’union entre deux époques est plutôt bien réussi et donc intéressant !