Sólstafir - Endless twilight of codependent love
Sorti le: 12/11/2020
Par Florent Canepa
Label: Season of mist
Site: https://www.solstafir.net/
Il faut bien l’avouer, les singles introduisant le nouvel album à venir de Sólstafir ne nous avaient pas particulièrement émus car plutôt assez monotones dans la partition post bien rodée des Islandais. Rien de nouveau donc sous la lune ? En réalité, Endless Twilight of Codependent Love (prenez le temps de respirer…) n’est pas un mauvais album, juste très passable. Ses neuf titres tiennent assez peu la route, malgré un paradigme intéressant. Comme si le heavy metal des années quatre-vingt avait su prendre quelques petits coups dans la mâchoire pour recracher des salves mélodiques malades au tournant du siècle. Un métal sale, plaintif, parfois geignard.
Ce n’est pas pour rien que l’on croit reconnaître des riffs de Maiden au détour de la très (trop ?) longue pièce introductive, « Akkeri » ou Savatage en fin d’album. Martial quand il le peut, le groupe s’embourbe dans une production paradoxalement trop lisse et manquant d’aspérités. On s’y ennuie rapidement plutôt qu’elle nous inspire. Et ce n’est pas la ribambelle de cymbales si chères au post rock ou les nappes, comme des échos à la forêt de Mógilsá qui atténuent notre triste constat que quelque chose aurait pu, aurait dû nous apporter son lot de frissons. Difficile d’en vouloir peut-être aux instigateurs d’un style averti mais tournant finalement trop vite en rond. Quelques titres incisifs viennent raviver la flamme (l’incantation « Rökkur » et ses petits accents empruntant à l’électronique, « Dyonisus » et son souffle black) mais cela ne suffit pas vraiment.
La force vive et parfois maladroite d’Ótta semble s’être évanouie au contact d’un crépuscule créatif. Même les titres comme des soifs de nouveauté se prennent les pieds dans le tapis (« Ör », blues fatiguant ou encore « Til Moldar », ballade soporifique ). Sur certains, on s’irrite franchement (les nanana de « Her fall from grace »). On avance péniblement, pensant trouver une pépite, on repart bredouille. Espérons que cet accident n’est pas annonciateur d’une traversée du désert de glace ou d’une hibernation plus profonde…