Corde Oblique - The Moon is a Dry Bone
Sorti le: 27/03/2020
Par Julien Giet
Label: Dark Vinyl Records
Site: https://www.cordeoblique.com
Voyager. S’échapper. Fermer les yeux, profiter d’une parenthèse pour libérer momentanément son esprit afin qu’il se délecte d’un périple sensoriel duquel il reviendra enrichi sans même que notre corps n’ait bougé géographiquement. Ce n’est peut-être pas ce que promet The Moon is a Dry Bone , mais c’est bel et bien ce que procure le dernier album de Code Oblique.
Si Big Big Train nous avait déjà invité à un cours d’histoire dynamique sur la Renaissance par le biais d’un séjour en Italie, souvenir de l’excellent Grand Tour, c’est à travers un prisme plus solennel que Corde Oblique nous convie à explorer ses racines transalpines : une musique folk traditionnelle italienne – qu’elle puise son histoire en Sardaigne, en Sicile, à Venise ou encore à Naples (ville d’origine de Riccardo Prencipe, membre principal de Corde Oblique et également historien) – parfaitement retranscrite et intelligemment modernisée. L’introduction de « Torri di Maddaloni » vous plongera dans la campagne de la région de Campanie ; en fermant les yeux, vous aurez presque l’impression de percevoir le son calme d’une mer Méditerranée faisant face à de petites villes aux façades colorées à flanc de falaise. Corde Oblique sait habilement métisser cette musique traditionnelle à d’autres univers comme le prouve le somptueux « La Casa Del Ponte » qui évoque subtilement les moments de bravoure du rock progressif teinté de folk de Jethro Tull entrecoupés d’arpèges inquiétants de tension. La chanson titre « The Moon is a Dry Bone » est un tour de force : sombre, nerveuse, psychédélique, amenant naturellement à un shoegaze dévastateur maîtrisé et brillamment théâtralisé sans jamais tomber dans la surcharge ou la perte de contrôle. Les textures atmosphériques rendent honneur au « Temporary Peace » emprunté à Anathema pour une reprise sensationnelle.
Moderniser des éléments traditionnels : c’est un pari habituellement risqué qu’a relevé haut la main Corde Oblique. En refermant cette parenthèse musicale comme il l’a ouverte, via la seconde partie du titre « Almost Blue » , le groupe nous ramène en douceur à la réalité. Pourtant, sans même avoir bougé, une fois l’album terminé, chaque chanson devient comme un lieu en lequel nous avons écrit une partie de notre propre histoire. The Moon is a Dry Bone est comme le souvenir d’un voyage d’une richesse remarquable.