Origine : Suède
Style : metal onirique ****
Formé en : 1990
Composition :
Mikael Åkerfeldt – chant & guitare
Fredrik Åkesson – guitare
Martin Mendez – basse
Per Wiberg – claviers
Martin « Axe » Axenrot – batterie
Nouvel album : Watershed (2008)

Attendu avec frénésie et la bave aux lèvres, Progressia a pu jeter une oreille attentive sur Watershed, neuvième album des Suédois, qui présente ses deux nouvelles recrues : Martin « Axe » Axenrot et Fredrik Åkesson. A deux mois de sa sortie, nous dévoilons à notre lectorat nos impressions sur le futur fait d’armes d’Opeth. Attention toutefois aux nombreuses révélations musicales, un mélomane averti en vaut deux !

Coil (3’11)

Les festivités s’ouvre sur cette magnifique introduction d’un clair-obscur saisissant. Opeth prend d’emblée à contre-pied les auditeurs avec le morceau le plus court de l’album mais ô combien riche en textures épurées. La guitare acoustique, la voix de Mickael Åkerfeldt et la présence de Nathalie Lorichs (célèbre chanteuse suédoise) balisent cette nouvelle offrande en dévoilant un aperçu du plat de résistance. Watershed ou la rencontre d’Opeth et de la musique folk et progressive dans sa plus pure combinaison harmonique. Le meilleur reste semble-t-il à venir…

Heir Apparent (8’51)

Rentrer dans le vif du sujet chez Opeth relève du pléonasme ! Après la mise en abîme pourvue d’une délicate attention avec « Coil », Opeth nous plonge dans les limbes de l’esprit de son géniteur. Mikael Åkerfeld a tout mis en œuvre pour présenter cette nouvelle version 2008 du groupe sous son meilleur aspect. Ce second titre propose d’emblée un tempolourd baignant dans une ambiance sombre, où virevolte la frêle libellule au sein de ténèbres sans fin. L’envol vers la clarté apparaît soudainement lorsque le piano de Per Wiberg enflamme l’écoute accompagnée de rythmiques syncopées, qui confirment bel et bien ce sentiment qu’Opeth est bien plus progressif que de coutume. Le mystère Fredrik Åkesson se désépaissit par des soli d’un calibre endiablée qui soumet un apport technique rayonnant avec brio. A mi-chemin, des ambiances atmosphériques relayent une séquence brutale et se rappellent à notre bon souvenir de l’époqueBlackwater Park. Un apéritif gargantuesque en somme qui sème l’apocalypse à lui-seul avec un final en apothéose bourré de finesse et de mélodie. Opeth a définitivement pondu un titre amené à devenir un nouveau classique sur scène.

The Lotus Eater (8’49)

Si le précédent album Ghost Reveries renforçait les structures instrumentales avec une grande dextérité, Watershed se place dans l’innovation stylisée et dans une démarche d’évolution nettement affirmée. Un seul exemple mettra tout le monde d’accord avec cette séquence d’anthologie où blast beats se conjuguent avec le chant clair de Mikael Åkerfeldt, avec le spectre d’un Devin Townsend en suspens. Opeth continue de faire la part belle aux mixtures bouillonnantes dans le chaudron, avec un remarquable passage folk en milieu de morceau nostalgique à souhait, où quelques passages lumineux viennent chasser la grisaille d’un jour de pluie. Le coup d’estoque intervient lors d’une nouvelle séquence imprévue sur laquelle le groupe s’aventure avec emphase sur un funk progressif au groove imparable. Monstrueux ! Hé oui, vous avez bien lu ! Opeth joue désormais la carte de l’Audace avec un grand « A ». Ajouter à cela un lyrisme gothique au sens littéraire du terme et vous aurez une pièce d’une grande sensibilité. L’écoute fluide fera d’ailleurs passer ce titre comme une lettre à la poste. Un autre hit scénique !

Burden (7’42)

Opeth affirme ses influences en maniant habilement l’art de la reconnaissance envers ses pairs. Ce quatrième titre explore une galerie de portraits dont la restauration suédoise en fait briller les ornements. Le mellotron omniprésent, devenu une véritable griffe depuis l’arrivée de Per Wiberg, fait écho aux souvenirs de Pink Floyd et Genesis, conférant une couleur unique sous le voile brumeux omniprésent. En proie à un plaisir de tous les instants, le groupe parvient à niveler vers le haut la qualité de sa musique, comme l’illustre le somptueux solo d’orgue qui rappelle le grand Deep Purple. Les lignes vocales ne sont pas épargnées puisqu’à notre grand étonnement, on se met à penser (toutes proportions gardées) à Michel Berger ou Daniel Balavoine lors des refrains ! La mécanique si particulière de ce morceau se démarque également par une légère dissonance sur sa fin où la musique contemporaine pointe le bout de son nez. Imparable !

Porcelain Heart (8’01)

Opeth insiste sur la force hydraulique de sa musique en employant un côté « stoner » lourd et franc pour débuter ce morceau, qui symbolise peut-être la fragilité de cet album. Petite ombre au tableau, cette entrée en matière s’avère laborieuse et risque de rebuter certains auditeurs ou faire sauter l’applaudimètre, c’est selon. Il persiste pourtant une impression de déjà-entendu. Opeth brouille finalement les pistes et on ne peut que constater l’important travail d’orfèvre sur les voix et ce coté folk affirmé qui sévit sur une bonne majorité des titres. Rusé comme des renards, les musiciens nous tendent le piège et la surprise est de taille : la présence de bois qui confèrent une mélancolie d’une dorure nervalienne. A retenir un intéressant thème à la guitare qui s’applique à jouer un motif ternaire en boucle sur une structure instrumentale en binaire. Opeth ou l’art d’inverser la vapeur.

Hessian Peel (11’26)

Il faudra bien plus d’une bonne paire d’oreilles et d’une mémoire séquentielle pour engloutir la pièce-maîtresse de Watershed. Pour preuve, Opeth s’évertue à semer l’auditeur dans les détours d’un labyrinthe de jardin anglais. S’armer de bougies dans ce dédale truffé de bougies, de lustres et autres miroirs s’avère nécessaire. Si le titre débute par un blues à donner des palpitations de plaisir, l’attrait folk ressurgit non sans omettre des dissonances bienvenues. Adressant une ode enamourée de nouveau à Pink Floyd avec un trait au pinceau d’une finesse rappelant « Shine on You Crazy Diamond », on peut également observer un surprenant coté médiéval en filigrane. Un titre qui synthétise a fortiori ce nouvel album, avec cette intimité initiée par un piano se fondant vers le côté ténébreux et pugnace du groupe, tiraillé par les rugissements de Mikael Åkerfeldt. « Hessian Peel » incarne subtilement l’aspect « grand macabre » d’Opeth pour notre plus grand plaisir. A noter des aspects toujours plus affirmés de consonances contemporaines et expérimentales.

Hex Omega (6’59)

Toutes les bonnes choses ont une fin. Doté d’une montée en puissance enivrante qui n’est pas sans rappeler Porcupine Tree et le Dream Theater période Falling into Infinity. Les claviers possèdent un phrasé teinté de jazz soutenu par un mellotron. A noter également un léger ondoiement oriental qui entérine définitivement l’idée qu’Opeth a su proposer avec talent une kyrielle de nouveaux éléments bienvenus. Un titre qui clôt de fort belle manière cette énième production dont on peut affirmer une chose : empreint d’un onirisme constant, la poésie qui émane de cet album n’en est plus que fine et enchanteresse. Et bien que le départ de Martin Lopez ait pu effrayer nombre de fans, Axe remplit son rôle avec merveille dans son approche plus lourde et franche de la batterie et néanmoins tout aussi convaincante de subtilité et de virtuosité.

Conclusion

Watershed est-il a priori le meilleur album d’Opeth ? Avec Jens Bogren aux manettes, la production sert avec justesse un mixage profond, rond et massif. D’une limpidité exemplaire, on prend un malin plaisir à se laisser guider dans ce brouillard fiévreux bourré de charme. Accumulant les surprises, cette cuvée propose son lot de réjouissances inattendues : un Opeth vitaminé, de la guitare au shredparcimonieux et efficace, un disque d’une grande intelligence qui mêle habilement les influences jusque-là timides et le savoir-faire magistral d’un Mikael Åkerfeldt ciselant avec soin, et fort d’une expérience solide, une musique sans limites. Toutefois, Opeth est à l’image d’un restaurant français, il faut prendre le temps pour en déguster toutes les subtilités. Cette première écoute a suffi à confirmer tout le talent et la popularité dont jouit le groupe depuis ces débuts. Ces sept titres pourraient bien, toutes proportions gardées, conférer irrémédiablement un statut unique à ce nouvel album, qui pourraient bien se placer comme leur meilleur, au moins depuis Blackwater Park. Rendez-vous dans deux mois pour affirmer ces propos.

Origine : Suède
Style : metal onirique ****
Formé en : 1990
Composition :
Mikael Åkerfeldt – chant & guitare
Fredrik Åkesson – guitare
Martin Mendez – basse
Per Wiberg – claviers
Martin « Axe » Axenrot – batterie
Nouvel album : Watershed (2008)

Attendu avec frénésie et la bave aux lèvres, Progressia a pu jeter une oreille attentive sur Watershed, neuvième album des Suédois, qui présente ses deux nouvelles recrues : Martin « Axe » Axenrot et Fredrik Åkesson. A deux mois de sa sortie, nous dévoilons à notre lectorat nos impressions sur le futur fait d’armes d’Opeth. Attention toutefois aux nombreuses révélations musicales, un mélomane averti en vaut deux !

Coil (3’11)

Les festivités s’ouvre sur cette magnifique introduction d’un clair-obscur saisissant. Opeth prend d’emblée à contre-pied les auditeurs avec le morceau le plus court de l’album mais ô combien riche en textures épurées. La guitare acoustique, la voix de Mickael Åkerfeldt et la présence de Nathalie Lorichs (célèbre chanteuse suédoise) balisent cette nouvelle offrande en dévoilant un aperçu du plat de résistance. Watershed ou la rencontre d’Opeth et de la musique folk et progressive dans sa plus pure combinaison harmonique. Le meilleur reste semble-t-il à venir…

Heir Apparent (8’51)

Rentrer dans le vif du sujet chez Opeth relève du pléonasme ! Après la mise en abîme pourvue d’une délicate attention avec « Coil », Opeth nous plonge dans les limbes de l’esprit de son géniteur. Mikael Åkerfeld a tout mis en œuvre pour présenter cette nouvelle version 2008 du groupe sous son meilleur aspect. Ce second titre propose d’emblée un tempolourd baignant dans une ambiance sombre, où virevolte la frêle libellule au sein de ténèbres sans fin. L’envol vers la clarté apparaît soudainement lorsque le piano de Per Wiberg enflamme l’écoute accompagnée de rythmiques syncopées, qui confirment bel et bien ce sentiment qu’Opeth est bien plus progressif que de coutume. Le mystère Fredrik Åkesson se désépaissit par des soli d’un calibre endiablée qui soumet un apport technique rayonnant avec brio. A mi-chemin, des ambiances atmosphériques relayent une séquence brutale et se rappellent à notre bon souvenir de l’époqueBlackwater Park. Un apéritif gargantuesque en somme qui sème l’apocalypse à lui-seul avec un final en apothéose bourré de finesse et de mélodie. Opeth a définitivement pondu un titre amené à devenir un nouveau classique sur scène.

The Lotus Eater (8’49)

Si le précédent album Ghost Reveries renforçait les structures instrumentales avec une grande dextérité, Watershed se place dans l’innovation stylisée et dans une démarche d’évolution nettement affirmée. Un seul exemple mettra tout le monde d’accord avec cette séquence d’anthologie où blast beats se conjuguent avec le chant clair de Mikael Åkerfeldt, avec le spectre d’un Devin Townsend en suspens. Opeth continue de faire la part belle aux mixtures bouillonnantes dans le chaudron, avec un remarquable passage folk en milieu de morceau nostalgique à souhait, où quelques passages lumineux viennent chasser la grisaille d’un jour de pluie. Le coup d’estoque intervient lors d’une nouvelle séquence imprévue sur laquelle le groupe s’aventure avec emphase sur un funk progressif au groove imparable. Monstrueux ! Hé oui, vous avez bien lu ! Opeth joue désormais la carte de l’Audace avec un grand « A ». Ajouter à cela un lyrisme gothique au sens littéraire du terme et vous aurez une pièce d’une grande sensibilité. L’écoute fluide fera d’ailleurs passer ce titre comme une lettre à la poste. Un autre hit scénique !

Burden (7’42)

Opeth affirme ses influences en maniant habilement l’art de la reconnaissance envers ses pairs. Ce quatrième titre explore une galerie de portraits dont la restauration suédoise en fait briller les ornements. Le mellotron omniprésent, devenu une véritable griffe depuis l’arrivée de Per Wiberg, fait écho aux souvenirs de Pink Floyd et Genesis, conférant une couleur unique sous le voile brumeux omniprésent. En proie à un plaisir de tous les instants, le groupe parvient à niveler vers le haut la qualité de sa musique, comme l’illustre le somptueux solo d’orgue qui rappelle le grand Deep Purple. Les lignes vocales ne sont pas épargnées puisqu’à notre grand étonnement, on se met à penser (toutes proportions gardées) à Michel Berger ou Daniel Balavoine lors des refrains ! La mécanique si particulière de ce morceau se démarque également par une légère dissonance sur sa fin où la musique contemporaine pointe le bout de son nez. Imparable !

Porcelain Heart (8’01)

Opeth insiste sur la force hydraulique de sa musique en employant un côté « stoner » lourd et franc pour débuter ce morceau, qui symbolise peut-être la fragilité de cet album. Petite ombre au tableau, cette entrée en matière s’avère laborieuse et risque de rebuter certains auditeurs ou faire sauter l’applaudimètre, c’est selon. Il persiste pourtant une impression de déjà-entendu. Opeth brouille finalement les pistes et on ne peut que constater l’important travail d’orfèvre sur les voix et ce coté folk affirmé qui sévit sur une bonne majorité des titres. Rusé comme des renards, les musiciens nous tendent le piège et la surprise est de taille : la présence de bois qui confèrent une mélancolie d’une dorure nervalienne. A retenir un intéressant thème à la guitare qui s’applique à jouer un motif ternaire en boucle sur une structure instrumentale en binaire. Opeth ou l’art d’inverser la vapeur.

Hessian Peel (11’26)

Il faudra bien plus d’une bonne paire d’oreilles et d’une mémoire séquentielle pour engloutir la pièce-maîtresse de Watershed. Pour preuve, Opeth s’évertue à semer l’auditeur dans les détours d’un labyrinthe de jardin anglais. S’armer de bougies dans ce dédale truffé de bougies, de lustres et autres miroirs s’avère nécessaire. Si le titre débute par un blues à donner des palpitations de plaisir, l’attrait folk ressurgit non sans omettre des dissonances bienvenues. Adressant une ode enamourée de nouveau à Pink Floyd avec un trait au pinceau d’une finesse rappelant « Shine on You Crazy Diamond », on peut également observer un surprenant coté médiéval en filigrane. Un titre qui synthétise a fortiori ce nouvel album, avec cette intimité initiée par un piano se fondant vers le côté ténébreux et pugnace du groupe, tiraillé par les rugissements de Mikael Åkerfeldt. « Hessian Peel » incarne subtilement l’aspect « grand macabre » d’Opeth pour notre plus grand plaisir. A noter des aspects toujours plus affirmés de consonances contemporaines et expérimentales.

Hex Omega (6’59)

Toutes les bonnes choses ont une fin. Doté d’une montée en puissance enivrante qui n’est pas sans rappeler Porcupine Tree et le Dream Theater période Falling into Infinity. Les claviers possèdent un phrasé teinté de jazz soutenu par un mellotron. A noter également un léger ondoiement oriental qui entérine définitivement l’idée qu’Opeth a su proposer avec talent une kyrielle de nouveaux éléments bienvenus. Un titre qui clôt de fort belle manière cette énième production dont on peut affirmer une chose : empreint d’un onirisme constant, la poésie qui émane de cet album n’en est plus que fine et enchanteresse. Et bien que le départ de Martin Lopez ait pu effrayer nombre de fans, Axe remplit son rôle avec merveille dans son approche plus lourde et franche de la batterie et néanmoins tout aussi convaincante de subtilité et de virtuosité.

Conclusion

Watershed est-il a priori le meilleur album d’Opeth ? Avec Jens Bogren aux manettes, la production sert avec justesse un mixage profond, rond et massif. D’une limpidité exemplaire, on prend un malin plaisir à se laisser guider dans ce brouillard fiévreux bourré de charme. Accumulant les surprises, cette cuvée propose son lot de réjouissances inattendues : un Opeth vitaminé, de la guitare au shredparcimonieux et efficace, un disque d’une grande intelligence qui mêle habilement les influences jusque-là timides et le savoir-faire magistral d’un Mikael Åkerfeldt ciselant avec soin, et fort d’une expérience solide, une musique sans limites. Toutefois, Opeth est à l’image d’un restaurant français, il faut prendre le temps pour en déguster toutes les subtilités. Cette première écoute a suffi à confirmer tout le talent et la popularité dont jouit le groupe depuis ces débuts. Ces sept titres pourraient bien, toutes proportions gardées, conférer irrémédiablement un statut unique à ce nouvel album, qui pourraient bien se placer comme leur meilleur, au moins depuis Blackwater Park. Rendez-vous dans deux mois pour affirmer ces propos.