– Un coup de Phil, c’est si facile !
La sortie cet automne de Going Back, dernier album de Phil Collins constitué exclusivement de reprises issues du prestigieux catalogue américain Tamla Motown, est l’occasion de revenir sur la carrière critiquée (et critiquable) de l’ancien batteur, puis chanteur, de l’un des plus grands groupes de rock progressif de tous les temps : Genesis.
Quand Peter Gabriel quitte brutalement la formation après la tournée suivant le double album conceptuel The Lamb Lies Down on Broadway en 1975, tout le monde semble bien heureux de pouvoir compter sur le batteur pour assurer également le chant, exercice qu’il assumait déjà avec brio, notamment sur les harmonies vocales. Si A Trick of the Tail et Wind and Wuthering, les deux premières productions qui résultent de ce changement s’offrent comme de véritables plats de gourmet et rassurent l’armada de fans inquiets, Phil Collins entrevoit déjà la possibilité d’entamer une carrière en solo, en parallèle de celle avec Genesis.
Initiée en 1981 avec l’excellent Face Value (et son hit « In the Air Tonight »), son escapade en solitaire l’amène à se rapprocher d’eaux plus « commerciales », repoussant ainsi la frange la plus mélomane de son public et charriant à gros filets les poissons amoureux de bluettes et autres amateurs de musiques de films de Walt Disney. Le musicien ne cesse alors de publier des disques en quantité industrielle et surproduits, comportant leur lot de fautes de goût. Bilan: pas affligeant mais loin d’être transcendant. Le chanteur se contente d’une soupe FM du plus mauvais effet, nettement plus proche des produits estampillés « Elton John » que des investigations saluées de son ex-comparse Peter Gabriel.
Comme le disait avec beaucoup d’à-propos le premier producteur de Genesis, Jonathan King : « J’aimerais entendre Phil Collins produire des disques plus artistiques et moins commerciaux, et Peter Gabriel des disques plus commerciaux et moins artistiques ». Si l’on excepte les redondances de citation, on ne peut que soulever la pertinence d’un tel aphorisme.
En 2010, Phil Collins publie son album-hommage baptisé Going Back, quelques mois seulement à peine après celui de son ex-collègue de Genesis, qu’il intitule Scratch My Back… de quoi faire naître les plus grandes suspicions. Les deux sexagénaires avouent d’ailleurs tacitement être en panne d’inspiration et se contentent donc de proposer des relectures de morceaux écrits par d’autres, à l’instar de certains grands maîtres qui s’y sont déjà risqués (David Bowie, Bryan Ferry, etc.).
Pour rendre le débat encore plus tendu, le batteur se permet en outre le luxe de réinterpréter une petite vingtaine de tubes des années soixante, avec une maestria confondante certes, mais surtout au mimétisme méticuleux. D’ailleurs, il ne s’en cache pas dans les notes du livret de la pochette : puisque ces titres sont parfaits, nul besoin d’en modifier quoi que ce soit. Le raisonnement semble mature et pétri d’humilité.
Il est vrai que si l’auteur de l’affreux Dance Into the Light s’était permis de réarranger des pépites comme « Papa Was a Rolling Stone » ou « Take Me in Your Arms », il y aurait véritablement eu de quoi brandir les étendards et monter sur les barricades. Or il faut bien admettre que cette collection de perles pop s’avère incroyablement rafraîchissante et parfaitement orchestrée, et pour cause : sur la plupart des pièces magistrales que constitue ce Graal des sixties, jouent les musiciens originaux de l’époque, même si le maître de cérémonie se garde le droit, bien entendu, de siéger derrière sa batterie.
Le musicien que l’on disait bien malade (il a tout de même dû attacher les baguettes à ses doigts, devenus insensibles, afin de pouvoir exécuter ses parties), pratiquement sourd, vocalement souffreteux (on se souvient de sa prestation dérangeante dans le grand rassemblement de Genesis de 2007 où les tonalités avaient dues être passablement revues à la baisse afin de lui laisser la possibilité d’atteindre les plus hautes notes) parvient, malgré tout, à tirer remarquablement son épingle du jeu en proposant ce qui pourrait bien être son meilleur album depuis son deuxième tir en solo avec Hello I Must Be Going en 1982.
La boucle semble bouclée, car celui qui a toujours été accusé de vouloir transformer Genesis, un original groupe progressif britannique en machine à tubes américaine, propose aujourd’hui son disque le plus personnel (musicalement parlant). En revanche, et cela relève d’un paradoxe étrangement inexplicable, toutes ces touches « cuivrées » que le Britannique incluait chez Genesis dans les séquences musicales développées par Tony Banks (« Paperlate », « No Reply at All ») apparaissent ici, dans ce contexte totalement non progressif, dans toute leur splendeur vivifiante.
Phil Collins tombe la veste, se fait vieux, et publie Going Back pour se faire plaisir. A l’instar d’un Robert Plant depuis quelques années désormais, il s’agit de renouer avec ses premières amours musicales : le véritable rhythm ‘n’ blues. Même si la seule raison valable pour en parler ici reste son appartenance et sa contribution au monde progressif, ce projet simple, facile et agréable, reste à saluer.
Quand Peter Gabriel quitte brutalement la formation après la tournée suivant le double album conceptuel The Lamb Lies Down on Broadway en 1975, tout le monde semble bien heureux de pouvoir compter sur le batteur pour assurer également le chant, exercice qu’il assumait déjà avec brio, notamment sur les harmonies vocales. Si A Trick of the Tail et Wind and Wuthering, les deux premières productions qui résultent de ce changement s’offrent comme de véritables plats de gourmet et rassurent l’armada de fans inquiets, Phil Collins entrevoit déjà la possibilité d’entamer une carrière en solo, en parallèle de celle avec Genesis.
Initiée en 1981 avec l’excellent Face Value (et son hit « In the Air Tonight »), son escapade en solitaire l’amène à se rapprocher d’eaux plus « commerciales », repoussant ainsi la frange la plus mélomane de son public et charriant à gros filets les poissons amoureux de bluettes et autres amateurs de musiques de films de Walt Disney. Le musicien ne cesse alors de publier des disques en quantité industrielle et surproduits, comportant leur lot de fautes de goût. Bilan: pas affligeant mais loin d’être transcendant. Le chanteur se contente d’une soupe FM du plus mauvais effet, nettement plus proche des produits estampillés « Elton John » que des investigations saluées de son ex-comparse Peter Gabriel.
Comme le disait avec beaucoup d’à-propos le premier producteur de Genesis, Jonathan King : « J’aimerais entendre Phil Collins produire des disques plus artistiques et moins commerciaux, et Peter Gabriel des disques plus commerciaux et moins artistiques ». Si l’on excepte les redondances de citation, on ne peut que soulever la pertinence d’un tel aphorisme.
En 2010, Phil Collins publie son album-hommage baptisé Going Back, quelques mois seulement à peine après celui de son ex-collègue de Genesis, qu’il intitule Scratch My Back… de quoi faire naître les plus grandes suspicions. Les deux sexagénaires avouent d’ailleurs tacitement être en panne d’inspiration et se contentent donc de proposer des relectures de morceaux écrits par d’autres, à l’instar de certains grands maîtres qui s’y sont déjà risqués (David Bowie, Bryan Ferry, etc.).
Pour rendre le débat encore plus tendu, le batteur se permet en outre le luxe de réinterpréter une petite vingtaine de tubes des années soixante, avec une maestria confondante certes, mais surtout au mimétisme méticuleux. D’ailleurs, il ne s’en cache pas dans les notes du livret de la pochette : puisque ces titres sont parfaits, nul besoin d’en modifier quoi que ce soit. Le raisonnement semble mature et pétri d’humilité.
Il est vrai que si l’auteur de l’affreux Dance Into the Light s’était permis de réarranger des pépites comme « Papa Was a Rolling Stone » ou « Take Me in Your Arms », il y aurait véritablement eu de quoi brandir les étendards et monter sur les barricades. Or il faut bien admettre que cette collection de perles pop s’avère incroyablement rafraîchissante et parfaitement orchestrée, et pour cause : sur la plupart des pièces magistrales que constitue ce Graal des sixties, jouent les musiciens originaux de l’époque, même si le maître de cérémonie se garde le droit, bien entendu, de siéger derrière sa batterie.
Le musicien que l’on disait bien malade (il a tout de même dû attacher les baguettes à ses doigts, devenus insensibles, afin de pouvoir exécuter ses parties), pratiquement sourd, vocalement souffreteux (on se souvient de sa prestation dérangeante dans le grand rassemblement de Genesis de 2007 où les tonalités avaient dues être passablement revues à la baisse afin de lui laisser la possibilité d’atteindre les plus hautes notes) parvient, malgré tout, à tirer remarquablement son épingle du jeu en proposant ce qui pourrait bien être son meilleur album depuis son deuxième tir en solo avec Hello I Must Be Going en 1982.
La boucle semble bouclée, car celui qui a toujours été accusé de vouloir transformer Genesis, un original groupe progressif britannique en machine à tubes américaine, propose aujourd’hui son disque le plus personnel (musicalement parlant). En revanche, et cela relève d’un paradoxe étrangement inexplicable, toutes ces touches « cuivrées » que le Britannique incluait chez Genesis dans les séquences musicales développées par Tony Banks (« Paperlate », « No Reply at All ») apparaissent ici, dans ce contexte totalement non progressif, dans toute leur splendeur vivifiante.
Phil Collins tombe la veste, se fait vieux, et publie Going Back pour se faire plaisir. A l’instar d’un Robert Plant depuis quelques années désormais, il s’agit de renouer avec ses premières amours musicales : le véritable rhythm ‘n’ blues. Même si la seule raison valable pour en parler ici reste son appartenance et sa contribution au monde progressif, ce projet simple, facile et agréable, reste à saluer.