Porcupine Tree – Porcupine Tree
Origine : Grande Bretagne
Style : Rock progressif moderne
Formé en : 1987
Composition actuelle:
Steven Wilson – Chant, guitare
Richard Barbieri – Claviers
Colin Edwin – Basse
Gavin Harrison – Batterie
Dernier album : Fear Of A Blank Planet (2007)
Fidèle à Progressia, Steven Wilson a bien voulu nous octroyer une interview exclusive pour parler du dernier album en date de Porcupine Tree: Fear Of A Blank Planet. L’entretien qui suit est donc majoritairement basé sur cette discussion (la seule avec un média français non-papier) mais comprend également des extraits de la conférence de presse donnée la veille par l’artiste.
Progressia : Avec le départ de Warner et l’arrivée chez Roadrunner, est-ce que Porcupine Tree ne se sent pas comme « le dernier des Mohicans » de la scène progressive à quitter une major pour un indépendant ?
Steven Wilson (Chant, guitares): Pas vraiment, car nous sommes toujours chez Warner pour ce qui ne concerne pas la zone Europe (pour laquelle nous sommes en effet désormais chez Roadrunner). En fait, nous n’avions pas l’impression que ce label nous poussait en Europe, exception faite de l’Allemagne : Warner a certes fait un excellent travail de promotion aux Etats-Unis, mais pour ce qui concerne la France, la Grande Bretagne, cela n’était pas le cas. Et, en même temps, c’est comme si malgré notre départ, nous revenions chez Warner, puisque Roadrunner est détenu par Warner [NDJ :En décembre 2006, Warner a acquis 73.5% de la maison mère néerlandaise du Groupe Roadrunner Records]. C’est vraiment un gros label : il a en effet signé le groupe qui vend le plus d’albums aux Etats-Unis, point final: Nickelback. Ne me demandez pas pourquoi, mais c’est ainsi. Et, en un certain sens, ils sont dans une meilleure position que certaines majors comme Warner; cette dernière ne va pas très bien financièrement depuis quelque temps, au contraire de Roadrunner qui est dans une situation plus favorable. Nous n’avons donc pas l’impression de quitter une major pour une maison de disques indépendante, mais plutôt un label en difficulté pour une maison en pleine croissance, et qui croit en nous.
Tu as majoritairement composé le nouveau Porcupine Tree, Fear Of A Blank Planet à Tel Aviv. Etait-ce durant les sessions d’enregistrement du deuxième Blackfield, et en quoi ce nouveau lieu a-t-il influencé ton écriture ?
Nous enregistrions II de Blackfield durant l’après-midi, et je composais pour Porcupine Tree le jour, dès le lever du lit en me mettant devant l’ordinateur. Vers 3 ou 4 heures de l’après-midi, j’allais ensuite enregistrer les parties de Blackfield. Ce fut une période très prolifique. Je me suis senti très inspiré, et la musique m’est venue très naturellement, ce qui ne m’arrive jamais en règle générale. C’est, au contraire, une expérience éprouvante, mais il y a quelque chose à Tel Aviv qui me permet de composer plus facilement, et qui a aussi eu un impact sur ce que j’écris.
Y a-t-il des morceaux inédits tirés des sessions pour ce dernier album ?
Oui, tout à fait, comme à chaque fois d’ailleurs. Lors de l’enregistrement de nos précédents disques, il y a eu par exemple un mini-album, Staircase Infinities, sorti après Up The Downstairs ou encore Metanoiaaprès Signify, sans compter tous les titres sortis comme des « b-sides » lors de In Abstentia ouDeadwing. Je fais partie de ces compositeurs qui écrivent toujours « trop » de musique et sélectionnent ensuite les morceaux qui composeront l’album le plus fort possible. Ce qui ne veut pas dire que ceux qui ne sont pas retenus sont moins bons, juste qu’ils ne rentrent pas dans le concept global de l’album du moment. Et donc, cette fois encore, nous avons beaucoup de musique de côté à la suite deFear Of A Blank Planet, 4 morceaux pour une durée totale d’environ 30 minutes. Nous envisageons de les sortir sur un EP au début de la prochaine tournée, vers octobre donc.
Nous connaissons ta théorie selon laquelle les albums des années 70 étaient en partie meilleurs car ils étaient plus courts. Ce nouvel album est également plus concis que les derniers disques du groupe: était-ce volontaire ?
Tout à fait. J’essaie toujours de trouver une structure d’album qui fonctionne comme un cycle de 40 ou 50 minutes, et j’échoue le plus souvent. Mais cette fois-ci, cela a fonctionné; c’est sans doute dû à l’intensité des sujets abordés, au concept général, de sorte que le disque fonctionne sur une durée de 50 minutes. C’est à ce jour celui qui a été le mieux reçu par la presse, donc je suppose que nous avons bien fait de nous en tenir à cette durée, compte tenu de la gravité du thème.
Parle-nous de l’excellent « Way Out Of Here », sur lequel joue Robert Fripp.
Le morceau n’est pas structuré autour des soundscapes de Robert, arrivant sur la fin du titre. Tout était composé et enregistré avant qu’il n’ajoute sa contribution. En fait, son intervention remplace une section de claviers qui était placée sur la fin du morceau. Fripp a eu beaucoup plus d’influence sur « Nil Recurring », le titre principal du futur EP, sur lequel il joue des solos de guitares qui sont particulièrement mis en avant.
On note également la présence d’Alex Lifeson de Rush sur « Anesthetize ». Est-ce à dire que tu commences enfin à accepter l’étiquette « progressive »?
Là encore le titre n’a pas été beaucoup modifié par rapport à ce que vous avez pu entendre l’an dernier lors de notre tournée européenne. Concernant la question de l’étiquette progressive, c’est très compliqué. Tel que je le vois, cette étiquette n’a pas plus de sens que n’importe quelle autre accolée à une musique. Au sujet de Porcupine Tree, je les ai toutes entendues : psychédélique, space rock, art rock, metal progressif, rock progressif… . Et je ne sais toujours pas laquelle est la plus pertinente. Outre le rock progressif, j’ai toujours apprécié les Cardiacs, ou encore Neil Young et bien d’autres artistes différents; ils ont tous eu une influence sur moi. Mon vrai problème avec l’étiquette « rock progressif » est que, pendant des années, elle impliquait des connections avec des groupes pour lesquels je ne ressentais aucune sorte de lien. Je ne citerai pas de noms car vous les connaissez aussi bien que moi!(rires) Au départ, ce genre était en réalité très large, et incluait des artistes très variés, d’ELP à King Crimson, Magma, Pink Floyd, Jethro Tull : des groupes inspirés par le jazz (King Crimson), le classique (Jethro Thull), le blues (Pink Floyd), ou même John Coltrane, comme Magma. Mais durant les années 80 puis 90, on a assisté à un rétrécissement du genre, qui était comme ça [NDJ : il ouvre grand les bras] et qui est devenu comme ça [il les referme] ; désolé pour la retranscription! (rires). Le progressif est soudain devenu un segment très étroit de la musique à cette époque, et je détestais l’idée d’être réduit à cela. Je trouvais nos influences très larges, et nous considérais comme éclectiques. Mais, depuis quelques années, j’ai le plaisir de constater que le genre s’ouvre à nouveau, et qu’il y a désormais des groupes tels que Sigur Ros, The Mars Volta, Tool, Opeth, Flaming Lips, Godspeed You Black Emperor !, Oceansize, Pure Reason Revolution NDJ : [il énumère la liste des chouchous de notre site ou quoi ??!!]. Des groupes que l’on appelle progressifs. Si c’est cela être progressif aujourd’hui, alors je suis heureux de faire partie du genre, car ce mouvement me semble beaucoup plus ouvert, créatif et contemporain que ce qu’il a été par le passé. De plus, la presse commence à utiliser cet adjectif d’une manière plus positive, alors que pendant des années, cela était un terme péjoratif : « un groupe qui sonne comme Genesis en 1972 », ou des remarques du genre. On assiste donc aujourd’hui à un retour au vrai sens du terme progressif: être ambitieux, rechercher quelque chose de plus épique peut être et qui s’insère dans un album, trouver de nouvelles atmosphères, mélanger des musiques qui ne devraient normalement pas être associées. Par exemple, Mastodon mélange le death metal avec du progressif, Isis le post rock avec le progressif, ou enfin The Mars Volta combine tous les genres, allant jusqu’à y englober la musique latine: ce sont de nouveaux hybrides musicaux. Voilà l’essence du progressif, et ce que nous avons recherché depuis nos débuts. Par exemple, sur Voyage 34, nous avions essayé de combiner la musique trance, très populaire à l’époque, avec du space rock ou du rock progressif. Nous assistons donc bien à un retour à la vraie définition du genre progressif.
Qu’en est-il de ton travail sur les arrangements des instruments à cordes, particulièrement mis en avant sur ce disque? Ton travail avec Blackfield en la matière t’a-t-il aidé à progresser sur ce point ?
Peut être, même si pour Blackfield, c’est Aviv [Geffen] qui se charge de ces arrangements, il est très doué pour cela. Mais c’est vrai que l’on a eu recours à Dave Stewart, que vous connaissez sans doute pour ses accointances progressives, un musicien très expérimenté en la matière. Peut être que, tout simplement, les arrangements sur cet album sont meilleurs, supérieurs à ceux que nous avions réalisés dans le passé. L’idée forte sur ce thème concernait le dernier morceau de l’album, « Sleep Together », avec un rythme à la basse plus lent que celui des instruments à cordes, une idée qui m’est sûrement venue de morceaux comme « Kashmir »ou certains titres de Radiohead. C’est quelque chose que j’ai toujours apprécié.
Quelle est la partie la plus difficile de ton travail en tant que producteur ? Est-il difficile de décider à quel moment un morceau est terminé ?
C’est effectivement le plus difficile. Mon problème est que je suis également compositeur : lorsqu’on cumule ainsi les rôles, il arrive un moment où l’on a écouté un titre tant de fois qu’il est difficile de maintenir l’émotion que l’on a ressenti lorsqu’on l’a composé. Après avoir passé un an en studio et avoir peut-être écouté ce titre dix mille fois, il faut parvenir à maintenir l’âme du morceau, alors que l’on est accaparé par des problèmes purement techniques : « La caisse claire est-elle assez forte ? Y a-t-il assez d’aiguës sur la voix ? ». Un compositeur/producteur peut facilement perdre ce fil.
Pour la première fois, l’ensemble du groupe est crédité pour la production de l’album…
Ce n’était pas prévu mais c’est ainsi que ça s’est passé. Tout le monde s’est impliqué, et plus particulièrement Gavin, notre batteur. Aujourd’hui la plupart des groupes ont leur propre home-studio, et c’est également notre cas. Chaque musicien peut emporter des fichiers pour travailler chez lui et revenir avec de nouveaux éléments. Il n’aurait donc pas été honnête que je sois crédité pour des pistes que Richard a enregistrées chez lui ! C’est une évolution dans la manière de réaliser des disques. Grâce à ces nouvelles possibilités, l’enregistrement a été simplifié. Nous avons aussi été aidés par la trentaine de concerts que nous avons donnés avant d’entrer en studio, et durant laquelle nous avons joué la quasi-totalité de l’album. En studio, on peut prendre beaucoup de temps à écrire et affiner les soli de guitare, les fills de batterie, les petits détails… Cette fois-ci, nous avons fait cette partie du travail durant la tournée. Nous étions donc prêts à enregistrer des morceaux finalisés, plutôt que de continuer à les développer en studio.
Si nous te disions que Fear Of A Blank Planet nous semble être une version plus aboutie et mieux synthétisée deDeadwing, car il ressemble moins à un patchwork de styles que son prédécesseur, serais-tu d’accord ?
Je vois chaque album comme une évolution du précédent, il est donc difficile de répondre à ta question. Ce que je peux dire, c’est que je suis très fier de Deadwing, et qu’il contient le titre le plus fort du groupe, plébiscité par les fans, « Arriving Somewhere But Not Here ». C’est en tout cas le morceau de longue durée que j’ai, à mon avis, le plus réussi de ma carrière. Et je crois que Fear Of A Blank Planet a grandi à partir de ce titre, de cette approche, qui consiste à plus se concentrer sur la façon de développer un thème, en se focalisant moins sur chaque titre. Mais il y a aussi de nouvelles ambiances sur ce disque : un morceau comme « Sleep Together » ne ressemble à rien de ce que nous avions composé auparavant, comme du Nine Inch Nails produit par Massive Attack. Ca a bien réussi. Pour revenir à ta question, je n’ai pas le recul suffisant pour dire si ce nouvel album est une consolidation des deux précédents. Je n’en suis pas sûr car il y a aussi des choses tout à fait originales. En tout cas, je ne sais pas vers quelle direction se dirige le groupe à partir de ce disque.
Venons-en aux paroles et au concept. Le titre du disque lui-même est une vision très précise et sombre du futur…
Du présent ! Cet album n’a pas la prétention d’être ma vision du vingt et unième siècle, mais ce que je vois m’influence. Je parle de la manière dont la télévision, ou Internet influencent la nouvelle génération, cette « génération du téléchargement » nourrie depuis son enfance à MTV, à la X-Box… Toutes ces choses m’influencent aussi, je suis par exemple un esclave de mon ordinateur portable, de mon téléphone. Ce que j’ai essayé de faire avec ce disque, c’est de retourner le miroir vers moi-même et de me dire : « Voici où nous en sommes aujourd’hui; qu’allons-nous devenir, comment le présent va-t-il influencer la génération future, est-ce que cela ne va pas lui faire perdre sa curiosité, sa passion pour le monde, et sa motivation pour faire quelque chose de sa vie? ». C’est en ce sens que l’album illustre l’aliénation moderne, comme Dark Side of the Moon parlait de l’impact des nouvelles technologies sur l’être humain dans les années 70, ou encore OK Computer, qui est l’album phare des années 90 et qui parle de l’aliénation au temps des ordinateurs. Je ne compare pas notre disque à ces chefs d’œuvres, mais ma démarche consiste également à retranscrire ce sentiment tiré de l’ère numérique dans laquelle nous vivons, d’un monde fait de médicaments sur prescription, de TV réalité et de Big Brother. Tout cela me dérange et je ne crois pas être trop pessimiste. Il est certain que le monde dans lequel nous vivons a un impact sur le niveau général de l’intellect, sur notre façon de voire les choses. Les films d’artistes comme Larry Clark résument bien cet état de fait, illustrant cette génération « neutre », « blanche » [NdJ : « blank »].
Le titre du disque est-il une référence à l’album Fear Of A Black Planet de Public Enemy et si oui, quelle en est la raison ?
Public Enemy, De La Soul, A Tribe Called Quest et toute la première vague hip hop ont eu un impact important sur ma génération. Fear Of A Black Planet est un album essentiel : la plupart de mes amis possédaient ce disque, et moi aussi. Les textes de ce disque offrent un point de vue sérieux sur le racisme, un problème dont on parlait beaucoup à l’époque : je me souviens du Live Aid, du concert pour Nelson Mandela, ou encore des nombreux concerts Rock Against Racism qui étaient organisés à Londres… C’était un problème primordial aux yeux des jeunes.
Mais depuis, la culture hip-hop est devenue quelque chose d’affreux à mes yeux, j’ai l’impression qu’elle est devenue tout ce qu’elle était censée ne pas être. Dans les années 80 le hip-hop était expérimental, contestataire, dangereux et traitait de sujets importants ; désormais c’est un style banal et mainstream. Il y a des exceptions bien sûr, je ne connais pas bien la scène actuelle et je suis sûr qu’il y a des artistes underground excellents. Mais je parle ici des grands noms : on ne voit plus d’artistes hip-hop grand public comme Public Enemy, qui parlent aux jeunes de sujets importants.
Aujourd’hui, il me semble que les jeunes sont confrontés à de tous nouveaux problèmes liés au nouvelles technologies. D’un côté, le titre de l’album est bien une référence humoristique à celui de Public Enemy, mais de l’autre je suis réellement inquiet que cette génération devienne plus « neutre », c’est-à-dire plus passive, moins curieuse et passionnée.
Est-ce que cette « génération X » est perdue ?
Non. Je crois juste qu’il y a un danger à pouvoir avoir ce que l’on veut trop facilement. Il suffit de voir ce qu’il s’est passé à Colombine, en Virginie : il existe un culte de la personnalité célébré comme jamais auparavant. Le fait que Paris Hilton soit une icône pour les jeunes a quelque chose de perturbant. Pour revenir aux événements des Etats-Unis, le fait que des jeunes envoient des films vidéos de leurs actes aux chaînes de télévision montre bien ce besoin de dire: « regardez-moi, vous m’avez ignoré pendant 23 ans, en faisant comme si je n’existais pas. Maintenant, vous allez me regarder, et je serai une star ». C’est bien le résultat d’une génération gavée d’Internet et de télévision. Grâce à Internet, nous sommes tous au courant de tout ce qui se passe dans le monde, tout le temps. J’ai grandi dans les années 80 et je ne savais pas vraiment ce qui se passait au Moyen-Orient ou aux Etats-Unis. Je n’avais pas 200 chaînes, avec CNN et MTV, je ne pouvais pas voir des jeunes adolescents américains s’entretuer. Mais bon, je pourrais continuer pendant des heures, arrêtons nous là! (rires)
Alors, changeons de sujet ! Qu’en est-il de la sortie en 5.1 de Lightbulb Sun ?
Ca ne sera pas pour cette année, mais pour l’an prochain. Je dois prendre le temps de faire ce surround mix.
Quelques mots sur Pure Reason Revolution ?
Ils sont excellents. Ils avaient déjà eu l’occasion de toucher un nouveau public en première partie de Blackfield en début d’année, et à nouveau en première partie de Porcupine Tree sur cette tournée. Je suis content de leur donner cette chance, a fortiori parce que nos deux musiques sont compatibles, je crois.
Tu as failli les produire pour leur premier album; pourquoi pas pour le second ?
Ils m’avaient contacté, parmi quelques autres, pour m’occuper de leur premier disque, et je n’avais pu pour des raisons de temps. Du coup, je leur ai recommandé Paul Northfield, qui les a finalement produits. Et s’ils réitèrent leur demande, je serai ravi de voir si c’est possible!
Au moment de la sortie de votre premier DVD, un documentaire sur le groupe, réalisé par Lasse Hoile, n’avait pas été ajouté afin de sortir plus tard, séparement. Où en êtes-vous de ce projet?
Cela repose vraiment sur Lasse. Il doit avoir quelque chose comme 400 heures de films à traiter et il faudrait probablement près d’une année rien que pour tout visionner. Je ne sais pas quand et comment il compte s’y mettre. Il lui faudra sans doute une année off pour cela, alors qu’il a travaillé sur les visuels du nouvel album, les films du concert, et maintenant le DVD de Blackfield (qui est quasiment finalisé et sortira en fin d’année), donc je ne sais pas encore…
Tu sors ces jours-ci un second album de Continuum, ton projet avec l’artiste de musique drone Dirk Serries [NdJ : tête pensante des projets vidnaObmana et Fear Falls Burning]. Le premier était très orienté ambient, alors que ce nouvel essai semble prendre une autre voie…
C’est en effet complètement différent. Certes, les atmosphères sont toujours très dramatiques, sombres, mais dans une version beaucoup plus électrique, et presque doom, avec de grosses guitares, et des sonorités très saturées, très perturbées. Il y aura toujours beaucoup de travail sur les rythmes, et le tout me rappelle des artistes comme Sunn O))) ou Boris: du metal très lent, mais marqué par notre personnalité.
Tu as également un nouvel album de Bass Communion de prévu. Sera-t-il, comme ses prédécesseurs Ghosts On Magnetic Tape et Loss, inspiré par les phénomènes paranormaux ?
Non, ce sera dans un registre différent. L’album sortira dans deux mois environ, et s’intituleraPacific Codex. Il bénéficiera d’un packaging très original, qui explique en grande partie les délais de sortie du disque, car il est achevé depuis près d’un an. Il est basé sur des enregistrements de gongs émettant des vibrations très lentes et profondes, que l’on ralentit au fur et à mesure pour renforcer les résonances. C’est à la fois très simple et très efficace; on développe cette technique sur 45 minutes. Cela donne l’impression d’être dans le creux de l’océan et de l’écouter. C’est pourquoi nous allons proposer un packaging très élaboré, avec des images de la mer, le tout dans une édition limitée à 1000 exemplaires. Il sera mixé ensurround, car cela convient particulièrement bien à ce type de musique.
Et pour ton duo No-Man, as-tu discuté avec Tim Bowness de projets futurs?
Je crois, pour être honnête, que Tim va probablement continuer ce projet avec l’aide d’autres musiciens. Je n’ai juste pas le temps, et, en réalité, je pourrais toujours m’occuper de la production, d’arrangements à la guitare. Mais l’époque où j’étais le collaborateur à plein temps de Tim sur ce projet a probablement pris fin, pour le moment au moins. Cela lui permettra aussi de faire plus de concerts, d’avoir un vrai groupe autour de lui, d’autant plus que sa voix et son approche contribuent beaucoup à ce qu’est No-Man.
Tu es en effet très occupé, à tel point que tu parlais de prendre une année off…
Oui, l’an prochain. Enfin, cela reste à confirmer. En tout cas, je ne serai pas sur l’un de mes groupes principaux. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais faire et que je repousse depuis des années, comme ce projet avec Mikael Åkerfeldt, jouer en concert avec Bass Communion, ou encore sortir un premier album solo : j’ai beaucoup de chansons qui n’ont jamais été exploitées pour mes différents projets. L’an prochain, je ne risque pas de partir en tournée pour 8 mois, comme je le fais cette année, c’est certain.
Porcupine Tree reviendra d’ailleurs en fin d’année pour la promotion du nouvel album…
Oui, entre octobre et décembre. Nous jouerons à l’Olympia en décembre, un endroit incroyable, plus trois autres dates en France.