ENTRETIEN : AUCAN

 

Origine : Italie
Style : math rock
Formé en : 2005
Composition :
Dario Dassenno – batterie
Francesco D’Abbraccio – synthétiseurs, guitare
Giovanni Ferliga – synthétiseurs, guitare
Dernier album : Aucan (2008)

En 2008, avec leur premier album éponyme profondément original et esthétique, ces Italiens en ont séduit plus d’un. En quelques réponses brèves mais explicites, les détails se révèlent quant à leurs secrets de fabrication et la place du rock underground dans leur pays d’origine.

Progressia : Vous êtes parvenus d’emblée à conférer à ce premier album une originalité pas piquée des hannetons. Est-ce le fruit d’un labeur de longue haleine ?
Aucan
: Tout a réellement débuté lorsque le groupe a dû se séparer pendant un temps. Nous avons néanmoins poursuivi l’écriture ensemble indirectement en ajoutant nos idées sur une page web privée. Avant de se lancer dans les concerts, nous nous sommes retrouvés et avons enregistré comme des fous pour produire une démo. Nous avons ensuite travaillé pendant plus d’un an sur le son, les visuels et tout le matériel collecté.

Était-ce une volonté délibérée de laisser une telle place à la production, très réussie au demeurant, qui participe finalement autant que votre style à la qualité de l’album ?
De la démo à l’album, nous avons procédé étape par étape. Nous avons ainsi pu travailler à la fois sur les compositions et le son. Avoir un ingénieur du son dans le groupe améliore les choses mais les complique également. Nous avons pu passer pas mal de temps seuls en studio. Beaucoup de choses y ont été créées même si tout avait été néanmoins planifié à l’avance.

Il est indéniable que vous aimez travailler les ambiances par le biais du lyrisme, de l’étrangeté et de la profondeur qui se dégagent de cette première mouture…
Les ambiances sont davantage présentes sur scène. D’une manière ou d’une autre, nous avions besoin de nous libérer des structures pour nous concentrer sur l’aspect plus instinctif de la musique. Certaines parties changent néanmoins en fonction du public et de l’humeur du moment.

Comment êtes-vous parvenus à créer ce son aux claviers si particulier ?
On a pris au hasard des sons préprogrammés sur nos synthétiseurs ! (rires)

Comment voyez-vous l’avenir de votre musique ?
Impossible de savoir aujourd’hui ce que sera demain. Nous sommes vraiment mordus de sons électroniques. En revanche, ce serait cool d’enregistrer sans amplis, sans micros et sans ordinateur. Pour le prochain album [NdlR : prévu vraisemblablement à l’automne 2010], nous avons pensé par exemple à publier un disque vinyle, un DVD avec des prises vidéos digitales et une pochette faite main. bref, on a plein d’idées. Notre label Africantape prévoit déjà une tournée au Japon, une en Europe au printemps-été 2010 et une dernière aux Etats-Unis.

Quelles sont vos influences majeures ?
Nous sommes passionnés par le travail sur le son, les appareils électroniques, les boucles sonores, et ce qui se rapproche d’un enregistrement fait à la maison. On aime les nouvelles tendances comme les vieux standards, on aime le mélange. C’est un plaisir d’écouter de la nouvelle musique et de redécouvrir de vieux enregistrements qui sonnent encore très modernes. C’est un peu comme si Brian Eno utilisait des machines de Turing pour jouer chez toi avec Jamie Vex’d pendant une rave party metal. [NdlR : C’est une idée !]

Vous avez rencontré un excellent accueil critique en France et en Italie…
On reçoit toujours beaucoup d’invitations pour des concerts, en Italie comme hors de nos frontières et ça nous fait très plaisir. Pour se faire un nom, on tente d’impressionner les gens en s’amusant et en essayant d’offir le meilleur de manière intense, même si fracasser nos amplis serait plus simple ! (rires)

La scène italienne est-elle vraiment ouverte à ce genre de musique ?
Difficile de parler d’une scène, car en Italie, nous sommes plus des rats de laboratoire coincés dans une salle de répétition que des rockers indés ! Tout se joue selon des ingrédients aléatoires, du public et par dessus tout de la structure et la logistique inhérentes aux lieux dans lesquels nous nous produisons.

Est-il difficile de produire un disque en Italie actuellement ?
Bien sûr ! Il existe tellement de groupes, de labels et de concerts pour si peu d’argent !

Pouvez-vous nous citer des groupes italiens dont vous vous sentez proche ?
Zu pour leur attitude « système D » et leur détermination sur scène à mettre une grosse baffe au public : on a beaucoup appris en jouant à leurs côtés pendant nos premiers concerts. On se sent proches de tous nos amis qui font de l’excellente musique comme A Flower Kollapsed, Flames on Anatolia, Lucertulas, Putiferio, Ottaven et beaucoup d’autres.

Comment s’est passée votre tournée européenne ?
Elle a changé nos vies en tant que musiciens et individus. Le groupe en est sorti plus fort. C’est vraiment formidable de sentir que tu guides les gens à travers tes émotions les plus enfouies, en leur envoyant un peu de magie et en transmettant jour après jour ton énergie… Pendant vingt représentations consécutives, nous avons eu l’opportunité de proposer notre son à des endroits aussi éloignés les uns des autres tels que Londres, Berlin, Paris, Copenhague ou Genève. C’était formidable !

Quel est selon vous votre public de prédilection ?
Parfois, quand le volume descend pendant nos concerts, c’est génial de constater ce silence autour de nous comme c’est arrivé en Suisse. En revanche, un public excité et incontrôlable, merci Manchester, fait également ressortir le meilleur de notre facette la plus sombre !

Quelle place donnez-vous aux webzines ?
On aime vraiment les webzines. Ils sont généralement bien plus indépendants que les magazines et rendent vraiment l’interactivité avec le lecteur possible. Et puis c’est gratuit ! [NdlR : bé oui Progressia s’inscrit dans le futur !]

Propos recueillis par Christophe Manhès
avec l’aide de Brendan Rogel

site web : Aucan

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