Venturia – Venturia

ENTRETIEN : VENTURIA

 

Origine : France
Style : Metal progressif
Formé en : 2000
Composition :
Mark Ferreira – Chant
Lydie Robin – Chant
Charly Sahona – Guitares
Kevin Codfert – Claviers
Thomas James – Basse
Diego Rapacchietti – Batterie
Dernier album : The New Kingdom (2006)

Avec The New Kingdom , le metal progressif français n’a plus à rougir. Tous les ingrédients sont là : technique, mélodie, rythmique et riffs implacables, le tout avec une touche d’originalité : un chant masculin et féminin. Entretien avec Charly Sahona, fondateur et guitariste virtuose de Venturia.

Progressia : Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter ?
Charly Sahona :
Je suis Charly Sahona, guitariste du groupe Venturia. Nous venons de sortir un album, The New Kingdom , distribué par Lion Music dans le monde entier et en France par Acropole Records.

Parlons de votre parcours. Quand et dans quelles circonstances avez-vous commencé la guitare ?
J’ai commencé la musique très jeune. Mon père étant pianiste, j’ai tout de suite été bercé dans le milieu de la musique. J’ai suivi des cours au conservatoire dès l’âge de cinq ans et ce pendant dix ans. Ce n’est qu’à quinze ans que j’ai « flashé » sur cet instrument qu’est la guitare électrique. Depuis j’ai énormément travaillé et je me suis intéressé à tout ce qui entourait cet instrument. Enfin, j’ai décidé de devenir professionnel et de monter mon projet : Venturia.

Justement, pouvez-vous nous parler de ce groupe, nous dire comment ce projet est né et comment vous avez rencontré les musiciens qui le composent ?
C’est un projet que j’ai en tête depuis très longtemps. Après mes études de classique et de psychologie – qui n’ont rien à voir (rires) – j’ai découvert différents styles musicaux et j’ai vite eu envie de former mon propre groupe de prog, puisque c’était le style qui me plaisait. J’ai commencé par faire quelques démos puis j’ai rencontré Diego Rapacchietti, qui était à l’époque le batteur du groupe Zero avec Angi Schiliro. Ils ont fait une tournée française (NdR : Zero est un groupe suisse), je suis allé les voir et j’ai trouvé le batteur extraordinaire. Quelques mois après, j’ai appris qu’il s’était installé à Montpellier, la ville dans laquelle j’habite, et je lui ai demandé si cela l’intéressait de jouer sur mes titres. Il a tout de suite « flashé », tout comme moi j’ai « flashé » sur lui humainement et musicalement. Nous avons enregistré une première démo, un peu rapidement malheureusement. Nous avons demandé à d’autres connaissances, des musiciens de studio, de jouer pour nous, mais nous sommes allés un peu trop vite et le résultat ne nous a pas satisfait. Nous avions eu quelques contacts pour distribuer l’album mais nous avons refusé car nous pensions pouvoir mieux faire, notamment au niveau des arrangements. Puis nous avons recruté Thomas, notre bassiste, qui donnait des cours dans la même école de musique que moi. Avec lui, nous avons travaillé d’autres arrangements. Nous avons également collaboré avec un chanteur qui malheureusement a décidé de quitter le groupe. Il y a à peu près un an, nous avons pensé à cette formule à deux chanteurs, une voix féminine et une voix masculine. La chanteuse s’appelle Lydie Robin. C’est une fille extraordinaire avec qui je bosse depuis plusieurs années. Nous avons fait des sessions studios ensemble et nous avons fait partie d’un groupe de reprises. Les choses se sont faites petit à petit, jusqu’au moment où nous nous sommes dit que ce serait bien qu’elle intègre le groupe. Quant à Marc, le chanteur, il nous a été présenté par Gus Monsanto, le chanteur d’Adagio, c’est le dernier à avoir rejoint le groupe. Tout le monde s’est bien entendu et le résultat est cet album qui vient de sortir.

Les titres avaient-ils été écrits pour un seul chanteur à la base ?
Absolument ! Cela vient du fait que nous travaillons sur cet album depuis longtemps et les chansons avaient en effet été composées pour un seul chanteur. Nous avions juste envie que Lydie rajoute des couleurs au niveau des chœurs, mais plus je jouais avec elle, plus je me disais qu’avec un tel charisme, un tel talent, il était inconcevable de ne pas l’intégrer au groupe en tant que chanteuse « lead ».

D’où vient le nom du groupe ?
C’était une idée de mon frère. Je voulais un mot qui se terminait par « ia » et il m’a proposé le verbe « to venture » qui signifie en anglais « se risquer à faire quelque chose ». Nous avons pris les deux idées et le résultat nous a plu, ainsi qu’à tout le groupe. Cela fait plusieurs années que le projet porte ce nom et ça a toujours plu à tout le monde.

Qu’en est-il du titre de l’album : The New Kingdom ? Que se cache-t-il derrière ce nom ?
Pas grand-chose (rires), dans le sens où les paroles de ce titre ont été écrites par une amie à nous, Marianne. Elle nous a proposé des titres et nous avons gardé celui-là. « Le nouveau royaume », sans prétention aucune, est pour nous un nom intéressant pour un premier album.

Y a-t-il un concept ?
Non, ce n’est pas un album concept à proprement parler. Nous y abordons le thème de l’introspection, de la réflexion sur soi-même et sur les autres par rapport aux circonstances, à la vie… en tout cas dans les paroles que j’ai écrites.

Qui d’autre a écrit les paroles ?
C’est principalement moi, mais il y a aussi Marianne, notre amie, qui nous a proposé trois titres il y a quelques années et Marc le chanteur, qui a écrit les paroles de « The Unholy One . Cette chanson raconte l’histoire d’un homme qui se déguise et arrive à manipuler les médias. C’est une histoire intéressante mais il la raconterait mieux que moi.

Quel est le rôle de chacun au niveau de la composition ?
La plupart du temps j’arrive avec des idées ou des démos et je retravaille tous les arrangements avec Diego, le batteur, avec qui je m’entends très bien, tant au niveau musical que personnel. C’est quelqu’un qui foisonne d’idées et qui va avoir une certaine lucidité par rapport à ce que j’ai fait. Cela permet de retravailler ce que j’apporte et d’ajouter de nouvelles parties. De même, on refait les arrangements avec Kevin, le claviériste, ou alors on se met à « jammer » tous les deux et de là naissent d’autres idées de rythmiques ou de mélodies.

Et qu’en est-il des autres musiciens ? Ont-ils leur mot à dire ?
Bien sûr, même si ça va beaucoup plus vite d’arriver avec une démo déjà toute faite. Les musiciens avec lesquels je joue sont des gens que j’apprécie autant humainement que musicalement et grâce à leur talent, ils vont proposer de nouvelles idées et je tiens beaucoup à ça. Thomas, le bassiste, a par exemple d’excellentes idées de « grooves » et dans ce cas-là nous en parlons et nous changeons quelques parties. Quant aux chanteurs, ils ont aussi leur mot à dire même si c’est plus limité dans le sens où l’harmonie peut être parfois compliquée et très cadrée. Lydie et Marc ont proposé leurs idées et il faut vraiment être à l’écoute pour que cela soit un véritable travail de groupe. Venturia est mon projet mais tout le monde participe aux arrangements.

Ce qui implique une plus grande diversité…
Oui, exactement !

« Diversité  est en effet le premier mot qui vient à l’esprit à l’écoute de The New Kingdom. Le groupe est parvenu à piocher dans des styles très variés pour en faire quelque chose d’unique. Pourriez-vous nous parler de vos influences ?
Pour ma part tout a commencé par la musique classique. J’ai appris à apprécier des compositeurs tels que Bartok, Debussy, Ravel, Fauré, Prokofiev, Rachmaninov… Ensuite, je me suis tourné vers la variété à l’age de 14-15 ans et c’est comme ça que j’ai découvert la guitare. Grâce à des groupes comme Genesis ou Dire Straits, je me suis mis au prog. Très vite, j’ai découvert le metal et c’est l’énergie que ce style dégage qui m’a plu. J’ai cherché à trouver un style qui regrouperait mes influences classiques, le côté pop, le prog et j’ai découvert Dream Theater. En ce moment, je suis toujours branché metal. J’écoute Dream Theater et Magellan pour le prog, Pantera, Strapping Young Lad et Fear Factory pour le metal. Je suis aussi influencé par la musique électronique comme Massive Attack ou la pop de groupes comme Muse ou Coldplay. Dans Venturia je pense être le seul à être branché metal progressif. Lydie est très World Music, musique nord-africaine, tout comme Thomas qui aime lui aussi la musique du monde mais aussi le jazz. Diego quant à lui est très polyvalent. En fait tout le monde se retrouve dans cet univers du metal progressif sans le connaître vraiment.

Comment décririez vous la musique de Venturia ?
C’est du prog-metal avec différentes ambiances. Il y a beaucoup de sensualité, de puissance, d’énergie, de virtuosité et nous essayons de faire sonner tout ça de façon homogène de sorte à plaire au public le plus large possible. Certains apprécieront le côté mélodique du chant, d’autres aimeront le côté virtuose et progressif et d’autres seront plus attirés par le côté metal.

Sur une des bannières de votre site, on peut lire « Venturia : l’avenir du metal ». Que sera, selon vous, l’avenir du metal, l’évolution de ce genre dans les décennies à venir ?
Nous ne sommes pas à l’origine de ce slogan et ça nous met un peu la pression … L’avenir du metal ne repose absolument pas sur nous, dans le sens où nous faisons qu’apporter notre pierre à l’édifice. Ce que je trouve intéressant dans le prog, c’est que c’est une musique très ouverte et que les arrangements pourront amener le metal à évoluer. Il y a toujours des idées intéressantes à piocher dans tous les styles, même dans des choses très commerciales. Je pense qu’en étant suffisamment ouvert d’esprit et en essayant de faire la musique qu’on aime, en suivant le courant tout en restant soi-même, la musique pourrait évoluer de cette façon. Enfin, ce n’est que mon humble opinion.

Et en ce qui concerne l’avenir de Venturia ? Comment le voyez-vous ?
Je le vois vraiment très bien car enfin nous avons mis le pied à l’étrier, nous avons enfin pu concrétiser cet album sur lequel nous travaillons depuis longtemps. Nous commençons déjà à travailler sur le nouvel album et nous avons plein de projets pour lancer enfin la carrière du groupe.

Des projets de concerts ?
Il en est question mais comme tout nouveau groupe de metal, il est assez difficile de trouver des dates. Cependant, nous avons eu des propositions de la part de notre maison de disques comme de la part de notre manager et nous sommes en train d’en discuter. Nous aimerions que tout se fasse dans les meilleures conditions possibles car nous tenons vraiment à donner vie à cet album sur scène. Donc pour l’instant rien de concret, seulement des propositions.

Qu’en est-il de votre groupe de reprises avec Gus Monsanto et Frank Hermanny (Adagio).
C’est un groupe qui existe déjà depuis longtemps, puisqu’outre les sessions studio, nous gagnons également notre vie en jouant dans des groupes de reprises. Je fais partie d’une grande formation dans le sud avec d’excellents musiciens comme Frank à la basse et Gus qui nous a rejoint l’année dernière. Nous faisons une quarantaine de dates tout l’été et tout ce passe super bien, nous passons de très bons moments ensemble.

Avez-vous déjà pensé à faire un album solo ?
C’est quelque chose que j’aimerais vraiment faire, j’ai beaucoup d’idées en tête. Cependant, c’est très difficile de concrétiser un tel projet et surtout de le faire distribuer. Pour l’instant je préfère me consacrer entièrement à Venturia. Peut-être après le deuxième album…

Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ?
Merci beaucoup pour l’intérêt que vous portez à cette musique, faites-la découvrir aux gens qui sont en attente de nouveautés dans le metal !

Propos recueillis par Julien Damotte et FX

site web : http://www.venturiasite.com

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