Kruger – Attention, ça griffe !
Vingt février, vingt heures quarante-cinq, montée dans le backstage de l’Amalgame, la salle de concert rock d’Yverdon. Comme le récitait Gainsbourg, il y a trente-quatre ans : « J’avance dans le block / Out et mon kodak / Impressionne sur les plaques / Sensibles de mon cerveau une vision de claque ». Eh oui, Danek, le chanteur d’Yverdoom, masse le bas du dos d’un Reno à l’agonie. On apprendra plus tard que celui-ci souffre d’un lumbago bien hargneux. Margo et Raph, très disponibles, se mettent en quatre pour répondre à nos questions.
Progressia : Votre dernier album ressemble beaucoup au précédent, Redemption Through Looseness sorti en 2007, tant au niveau du son que des compositions. Qu’en pensez-vous ?
Margo et Raph : Ah non !
Margo : Notre façon de composer a été différente dans la mesure où Yan, notre ancien guitariste, s’était fortement impliqué dans le disque précédent, alors que pour le nouveau, Jak et Blaise ont été fortement sollicités. Ils ont apporté des idées nouvelles en termes de riffs et de texture sonore.
Raph : Je suis assez d’accord pour dire qu’il y a moins de différences entre les deux derniers albums qu’entre Redemption… et Cattle Truck (2004) concernant l’écriture. En revanche, nous avons eu des problèmes techniques lors de l’enregistrement de Redemption…. Kurt Ballou a quasiment dû reconstruire à Boston le son des guitares pour qu’elles aient un rendu convenable. Résultat : c’est la batterie qui en a pâti.
Les guitares sonnent nettement mieux sur ce nouvel album, avec une basse bien mieux mise en valeur par le mix.
Raph : Absolument ! Il s’agit de notre vrai son, boosté par Kurt qui a pu utiliser toutes nos prises d’origine pour les mixer au mieux. Vu de l’intérieur, cela a un impact conséquent sur notre façon de percevoir les deux albums.
Margo : C’est l’album dont je suis le plus satisfait sur le plan du rendu des guitares. On entend précisément chaque strate sonore. L’album précédent possède un son très abrasif, alors que certains arrangements ne sont pas assez mis en valeur en comparaison de For Death, Glory and the End of the World.
Le titre pompeux de l’album a-t-il une signification particulière, en relation avec la pochette, peut-être ?
Raph : (rires) Le titre de l’album est une boutade de Reno qui aime bien jouer avec les clichés inhérents au metal. Ça pourrait être un titre d’un album d’Hammerfall ou de Manowar ! C’est de l’humour « krugerien » avec une bonne couche de second degré pour ce titre hyper metal grandiloquent. Pour la pochette, nous souhaitions encore l’illustrer par une peinture. J’ai découvert un peintre polonais qui m’a fortement impressionné, Zdzislaw Beksinski, assassiné en 2005, un peu dans la veine de H.R. Giger. Nous avons essayé d’avoir les droits sans y parvenir. Jak s’en est alors rapproché pour notre édition limitée, avec cette reprise d’une peinture de Jérôme Bosch.
A quoi ressemble l’édition limitée ?
Raph : C’est un digipak qui s’ouvre par le milieu avec une deuxième couche qui se déplie également. Elle est vraiment cool avec cette peinture de Jérôme Bosch. Je ne sais pas à quoi va ressembler l’édition normale, je ne l’ai pas encore vue !
Les thèmes des morceaux s’inspirent-il toujours des Etats-Unis d’Amérique ? Une ville brûle-t-elle encore cette fois-ci ?
Raph : Oui, Reno s’inspire quasi exclusivement des Etats-Unis ! Il y a des histoires de cowboys et d’indiens, de vielles bourgades où des touristes finissent au cimetière, et une sorte de parabole débile au deuxième degré sur le retour des Huns. Nous ne sommes pas toujours bien compris. (rires)
Comment s’est déroulée la collaboration avec Jo Duplantier de Gojira ?
Margo : nous avons joué quelques dates avec eux et il s’est avéré que ces mecs sont des crèmes ; très sympas, accessibles et sur scène, c’est toujours la classe. Ensuite, nous nous sommes retrouvés sur le même label et en avons profité pour demander une participation à Jo qui était partant. Tout s’est fait à distance, Gojira étant en tournée au moment où nous enregistrions.
[Blaise vient se mêler à la discussion]
Blaise : C’est toujours le même problème : quand nous composons et enregistrons, ils sont en tournée et vice-versa ! (rires) On aurait aimé faire quelques dates avec Gojira et c’est malheureusement impossible dans l’immédiat. Nous devrions cependant nous retrouver lors du VNV Rock Altitude du Locle cette année.
Vous avez en outre des dates françaises prévues…
Margo : Oui, mais avec les occupations de chacun, boulot et vie de famille, on essaie de s’organiser au mieux.
Raph : Margo vient d’avoir des jumeaux et Reno aura son premier enfant sous peu ! On va essayer de monter une vraie tournée à la rentrée d’été, soit en tête d’affiche, soit en premières parties.
Quels sont les premiers retours pour For Death, Glory and the End of the World ?
Blaise : Très bons, notamment grâce aux possibilités de promotion offertes par Listenable Records. Nous n’en avons jamais eu autant ! Il y a eu une sorte de buzz, surtout avec la participation de Jo que les fans de Gojira ont relayée sur Internet.
Quid du résultat de votre concours, concernant l’origine du nom de Kruger ?
Raph : Le premier résultat est que tout le monde en cause ! On a reçu des réponses extravagantes et d’autres plus banales.
Margo : Pour l’anecdote, après dix ans d’existence du groupe, personne dans Kruger n’est convaincu par ce nom. (rires) Il nous a accompagnés pendant toutes ces années. C’est Yan, notre premier gratteux qui avait lancé le projet, on voulait alors un nom à consonance allemande. Note qu’on a pu compter beaucoup de bonnes réponses pour les interviews dans le sens où c’était à chaque fois des hommages à Gerard Kruger, l’inventeur de l’anus artificiel.
Raph : On a inventé plein de conneries, et comme on était à court d’anecdotes, on a lancé le concours. Le vainqueur sera sans doute cet Anglais qui nous a simplement conseillé de ne plus rien déclarer à ce sujet et de ne plus faire de commentaires.
Margo : Dans un milieu où tout est analysé, les paroles, l’attitude, etc., nous sommes vraiment en total décalage. En voulant casser les clichés, nous en avons créés des biens gros, comme le graphisme de notre MySpace.
On dit souvent que Kruger ressemble à tel ou tel groupe, Converge par exemple, alors que vous possédez une signature unique…
Blaise : En lisant les chroniques, on ressemble à plus ou moins tout, cela va de Katatonia à du death metal. En fait, on écrit juste la musique qu’on aime bien jouer. Le plus flatteur pour nous est lorsqu’un critique écrit que nous avons bien assimilé nos influences sans faire du copier-coller. On ne révolutionne pas la musique mais on possède un truc à nous. On fait ce qu’on peut avec le temps qu’on a, chacun ayant ses propres occupations professionnelles ou familiales. Par exemple, pour le dernier album, on a pu répéter une semaine dans un chalet que j’ai construit, ce qui a permis de lancer le processus d’écriture. Des groupes comme Gojira qui vivent de leur musique ont bien plus de temps pour composer.
Raph : Je m’en fous ! Il y a des groupes qu’on aime vraiment beaucoup comme Breach ou Neurosis et si on nous compare à eux, c’est très bien.
N’est-ce pas de la folie de sortir encore des CD actuellement ?
Raph : D’où la publication d’éditions limitées travaillées, histoire d’avoir un bel objet en plus de la musique qui l’est elle-même. C’est une forme de plaisir que de le sortir de cette façon. On aimerait bien aussi le publier en vinyle comme l’album précédent. Cela se décide un peu au coup par coup. Listenable Records, comme tous les petits labels indépendants, subit la crise de plein fouet et ne sort pas de vinyles pour des raisons économiques évidentes.
Margo : L’essentiel est de sortir l’album, peu importe le format, car nous ne comptons pas ou peu sur les ventes. Kruger vend en moyenne deux mille unités par album en Europe. Nous sommes un groupe relativement confidentiel.
Blaise : Reno avait créé son propre label du nom gag de Ronald Regan Records. Cela nous a permis de sortir les deux premiers albums, ce qui nous a beaucoup aidé, et d’organiser des concerts. Il s’est aussi occupé des éditions des albums de Knut et de Nostromo, par exemple. Notre signature chez Listenable Records nous a permis d’avoir une meilleure distribution internationale, surtout aux Etats-Unis et en France, et un plus grand nombre de retours d’amateurs, sur notre MySpace en particulier.
Raph : On commence à être un groupe un peu ancien sur la scène romande, mais nous n’avons jamais fait salle comble avec des soutiens-gorges qui volaient ! (rires) Ah si ! Dernièrement, au Romandie [la mythique salle de concert de Lausanne, NdlR], nous avons affiché complet avec deux cents spectateurs ! Une superbe soirée !
Progressia : Votre dernier album ressemble beaucoup au précédent, Redemption Through Looseness sorti en 2007, tant au niveau du son que des compositions. Qu’en pensez-vous ?
Margo et Raph : Ah non !
Margo : Notre façon de composer a été différente dans la mesure où Yan, notre ancien guitariste, s’était fortement impliqué dans le disque précédent, alors que pour le nouveau, Jak et Blaise ont été fortement sollicités. Ils ont apporté des idées nouvelles en termes de riffs et de texture sonore.
Raph : Je suis assez d’accord pour dire qu’il y a moins de différences entre les deux derniers albums qu’entre Redemption… et Cattle Truck (2004) concernant l’écriture. En revanche, nous avons eu des problèmes techniques lors de l’enregistrement de Redemption…. Kurt Ballou a quasiment dû reconstruire à Boston le son des guitares pour qu’elles aient un rendu convenable. Résultat : c’est la batterie qui en a pâti.
Les guitares sonnent nettement mieux sur ce nouvel album, avec une basse bien mieux mise en valeur par le mix.
Raph : Absolument ! Il s’agit de notre vrai son, boosté par Kurt qui a pu utiliser toutes nos prises d’origine pour les mixer au mieux. Vu de l’intérieur, cela a un impact conséquent sur notre façon de percevoir les deux albums.
Margo : C’est l’album dont je suis le plus satisfait sur le plan du rendu des guitares. On entend précisément chaque strate sonore. L’album précédent possède un son très abrasif, alors que certains arrangements ne sont pas assez mis en valeur en comparaison de For Death, Glory and the End of the World.
Le titre pompeux de l’album a-t-il une signification particulière, en relation avec la pochette, peut-être ?
Raph : (rires) Le titre de l’album est une boutade de Reno qui aime bien jouer avec les clichés inhérents au metal. Ça pourrait être un titre d’un album d’Hammerfall ou de Manowar ! C’est de l’humour « krugerien » avec une bonne couche de second degré pour ce titre hyper metal grandiloquent. Pour la pochette, nous souhaitions encore l’illustrer par une peinture. J’ai découvert un peintre polonais qui m’a fortement impressionné, Zdzislaw Beksinski, assassiné en 2005, un peu dans la veine de H.R. Giger. Nous avons essayé d’avoir les droits sans y parvenir. Jak s’en est alors rapproché pour notre édition limitée, avec cette reprise d’une peinture de Jérôme Bosch.
A quoi ressemble l’édition limitée ?
Raph : C’est un digipak qui s’ouvre par le milieu avec une deuxième couche qui se déplie également. Elle est vraiment cool avec cette peinture de Jérôme Bosch. Je ne sais pas à quoi va ressembler l’édition normale, je ne l’ai pas encore vue !
Les thèmes des morceaux s’inspirent-il toujours des Etats-Unis d’Amérique ? Une ville brûle-t-elle encore cette fois-ci ?
Raph : Oui, Reno s’inspire quasi exclusivement des Etats-Unis ! Il y a des histoires de cowboys et d’indiens, de vielles bourgades où des touristes finissent au cimetière, et une sorte de parabole débile au deuxième degré sur le retour des Huns. Nous ne sommes pas toujours bien compris. (rires)
Comment s’est déroulée la collaboration avec Jo Duplantier de Gojira ?
Margo : nous avons joué quelques dates avec eux et il s’est avéré que ces mecs sont des crèmes ; très sympas, accessibles et sur scène, c’est toujours la classe. Ensuite, nous nous sommes retrouvés sur le même label et en avons profité pour demander une participation à Jo qui était partant. Tout s’est fait à distance, Gojira étant en tournée au moment où nous enregistrions.
[Blaise vient se mêler à la discussion]
Blaise : C’est toujours le même problème : quand nous composons et enregistrons, ils sont en tournée et vice-versa ! (rires) On aurait aimé faire quelques dates avec Gojira et c’est malheureusement impossible dans l’immédiat. Nous devrions cependant nous retrouver lors du VNV Rock Altitude du Locle cette année.
Vous avez en outre des dates françaises prévues…
Margo : Oui, mais avec les occupations de chacun, boulot et vie de famille, on essaie de s’organiser au mieux.
Raph : Margo vient d’avoir des jumeaux et Reno aura son premier enfant sous peu ! On va essayer de monter une vraie tournée à la rentrée d’été, soit en tête d’affiche, soit en premières parties.
Quels sont les premiers retours pour For Death, Glory and the End of the World ?
Blaise : Très bons, notamment grâce aux possibilités de promotion offertes par Listenable Records. Nous n’en avons jamais eu autant ! Il y a eu une sorte de buzz, surtout avec la participation de Jo que les fans de Gojira ont relayée sur Internet.
Quid du résultat de votre concours, concernant l’origine du nom de Kruger ?
Raph : Le premier résultat est que tout le monde en cause ! On a reçu des réponses extravagantes et d’autres plus banales.
Margo : Pour l’anecdote, après dix ans d’existence du groupe, personne dans Kruger n’est convaincu par ce nom. (rires) Il nous a accompagnés pendant toutes ces années. C’est Yan, notre premier gratteux qui avait lancé le projet, on voulait alors un nom à consonance allemande. Note qu’on a pu compter beaucoup de bonnes réponses pour les interviews dans le sens où c’était à chaque fois des hommages à Gerard Kruger, l’inventeur de l’anus artificiel.
Raph : On a inventé plein de conneries, et comme on était à court d’anecdotes, on a lancé le concours. Le vainqueur sera sans doute cet Anglais qui nous a simplement conseillé de ne plus rien déclarer à ce sujet et de ne plus faire de commentaires.
Margo : Dans un milieu où tout est analysé, les paroles, l’attitude, etc., nous sommes vraiment en total décalage. En voulant casser les clichés, nous en avons créés des biens gros, comme le graphisme de notre MySpace.
On dit souvent que Kruger ressemble à tel ou tel groupe, Converge par exemple, alors que vous possédez une signature unique…
Blaise : En lisant les chroniques, on ressemble à plus ou moins tout, cela va de Katatonia à du death metal. En fait, on écrit juste la musique qu’on aime bien jouer. Le plus flatteur pour nous est lorsqu’un critique écrit que nous avons bien assimilé nos influences sans faire du copier-coller. On ne révolutionne pas la musique mais on possède un truc à nous. On fait ce qu’on peut avec le temps qu’on a, chacun ayant ses propres occupations professionnelles ou familiales. Par exemple, pour le dernier album, on a pu répéter une semaine dans un chalet que j’ai construit, ce qui a permis de lancer le processus d’écriture. Des groupes comme Gojira qui vivent de leur musique ont bien plus de temps pour composer.
Raph : Je m’en fous ! Il y a des groupes qu’on aime vraiment beaucoup comme Breach ou Neurosis et si on nous compare à eux, c’est très bien.
N’est-ce pas de la folie de sortir encore des CD actuellement ?
Raph : D’où la publication d’éditions limitées travaillées, histoire d’avoir un bel objet en plus de la musique qui l’est elle-même. C’est une forme de plaisir que de le sortir de cette façon. On aimerait bien aussi le publier en vinyle comme l’album précédent. Cela se décide un peu au coup par coup. Listenable Records, comme tous les petits labels indépendants, subit la crise de plein fouet et ne sort pas de vinyles pour des raisons économiques évidentes.
Margo : L’essentiel est de sortir l’album, peu importe le format, car nous ne comptons pas ou peu sur les ventes. Kruger vend en moyenne deux mille unités par album en Europe. Nous sommes un groupe relativement confidentiel.
Blaise : Reno avait créé son propre label du nom gag de Ronald Regan Records. Cela nous a permis de sortir les deux premiers albums, ce qui nous a beaucoup aidé, et d’organiser des concerts. Il s’est aussi occupé des éditions des albums de Knut et de Nostromo, par exemple. Notre signature chez Listenable Records nous a permis d’avoir une meilleure distribution internationale, surtout aux Etats-Unis et en France, et un plus grand nombre de retours d’amateurs, sur notre MySpace en particulier.
Raph : On commence à être un groupe un peu ancien sur la scène romande, mais nous n’avons jamais fait salle comble avec des soutiens-gorges qui volaient ! (rires) Ah si ! Dernièrement, au Romandie [la mythique salle de concert de Lausanne, NdlR], nous avons affiché complet avec deux cents spectateurs ! Une superbe soirée !