ENTRETIEN : PDG | |
Origine :Canada Style : jazz-fusion progressive Formé en : 2006 Line-up : Maryse Pepin – piano, claviers « Big Bass » Pat Duquette – basse, voix Daniel Giguère – batterie, percussions Dernier album : Less Is More / Trop C’Comme Pas Assez (2006) | Auteur récemment d’un premier album hétéroclite aux influences multiples (cf. notre chronique), le trio canadien a bien voulu conter à Progressia sa genèse et celle de Less Is More / Trop C’Comme Pas Assez. Biographie d’une jeune formation enthousiaste qui fait de la musique pour la musique.
Progressia : Bonjour ! Pour commencer, que diriez-vous d’une petite présentation pour nos lecteurs qui ne connaissent pas (encore) les trois têtes pensantes de PDG ? PDG : Le groupe a été formé il y a environ un an et notre premier album est sorti en décembre 2006. Nous habitons tous les trois dans les environs de Montréal et notre but est de faire la musique pour la musique sans aucune contrainte. Il est primordial pour nous de pouvoir faire tout ce qui nous plaît musicalement parlant dans ce projet puisque c’est notre façon de vivre pleinement.
La musique est-elle votre activité principale ou exercez-vous par ailleurs des métiers …respectables ? La musique n’est pas notre activité principale. Daniel travaille en informatique pour une entreprise faisant des logiciels pour le transport en commun. Maryse œuvre dans le milieu des produits naturels pharmaceutiques en travaillant dans un laboratoire de chimie. Patrick travaille dans différents milieux, gagnant partiellement sa vie grâce à la musique en faisant fréquemment des spectacles, en apportant sa voix à des annonces télévisées et en tant que DJ.
Quel est votre parcours musical, quelles sont vos influences majeures ? Le parcours musical varie beaucoup d’un membre à l’autre. Patrick a débuté comme chanteur dans des groupes rock et métal et joue de la basse depuis une dizaine d’années. Il a toujours fait beaucoup de spectacles avec ses différents groupes et il est DJ depuis environ 18 ans. D’un autre côté, Maryse a suivi des cours de piano assez jeune et a joué dans trois groupes une fois adulte. C’est seulement à ce moment qu’elle a commencé à composer et, du côté de la scène, elle a fait peu de spectacles. Daniel joue de la batterie depuis l’âge de 16 ans dans des groupes rock et métal et suit toujours des cours de batterie/percussions afin d’approfondir ses connaissances. Il a plusieurs spectacles à son actif et, bien qu’il soit batteur, il n’hésite pas à composer des airs au clavier. Au départ, les groupes de rock et de métal progressif nous ont tous beaucoup influencés. Par contre, alors que Patrick puise beaucoup de ses influences dans le hip-hop, Maryse et Daniel sont plus particulièrement influencés par le jazz-latin.
D’après votre biographie, vous jouiez tous trois dans Ciel-Ether, un groupe de metal prog. Pourquoi le groupe s’est-il dissout ? PDG évolue dans un registre musical très différent. La raison de ce virage à – presque – 180° ? Le groupe s’est dissout à cause de la divergence dans les intérêts musicaux de chacun. Quant à la raison concernant le changement de style par rapport à Ciel Éther, il va de soi que le choix de ne pas avoir de guitare et de voix dans le groupe fait en sorte que notre son est différent. Notre style musical s’est donc construit de façon tout à fait naturelle, chacun apportant sa contribution aux pièces selon ses goûts et l’inspiration du moment.
Une question qui va sans doute devenir un classique : avoir choisi vos initiales comme nom de groupe, est-ce un manque flagrant d’inspiration 🙂 ou « PDG » comporte-t-il un double (triple ? quadruple ?) sens ? Et qu’en est-il du nom de votre album, « Less Is More/Trop C’ Comme Pas Assez » ? Ce n’est pas par manque d’inspiration que le groupe s’appelle PDG mais plutôt par désir de simplicité. En plus de représenter les trois premières lettres de nos noms, on avait aimé l’idée au départ puisque c’est un acronyme de Président Directeur Général et que l’on voulait un concept qui reflétait les trois têtes pensantes du groupe tout en représentant une seule entité. D’autres significations amusantes sont ensuite venues renforcer ce choix comme, par exemple, « Pas De Guitare » (rires). Pour ce qui est du nom de l’album, ce sont simplement deux petites phrases qu’on se dit souvent pendant nos pratiques. La première, « Less Is More », signifie musicalement que ce n’est pas nécessaire d’en faire beaucoup pour que ce soit bon. L’autre partie, « Trop C’comme Pas Assez », pourrait être interprétée de différentes manières. C’est simplement une expression québécoise qui, pour nous, signifie la recherche de l’équilibre.
Montréal est à l’évidence une ville assez dynamique en matière de prog (par exemple, le tout récent Festival Des Musiques Progressives De Montreal qui a vu sa première édition avoir lieu en 2006). Vu d’ici, le Canada semble être une fourmilière de jeunes talents dans ce style de musique. Qu’en est-il réellement ? Y a-t-il un public pour les musiques progressives au Canada ? On connaît en effet plusieurs groupes progressifs provenant du Canada comme Unexpect, Miriodor et Heaven’s Cry. Néanmoins, c’est parce nous sommes intéressés par ce genre de musique que nous les découvrons puisqu’ils sont généralement méconnus du grand public. À notre avis, il y a définitivement un public pour ce genre de musique au Canada.
Avez-vous démarché des labels pour produire Less Is More ou l’autoproduction est-elle un choix volontaire ? Que pensez-vous d’un label comme Unicorn Records ? L’autoproduction est un choix volontaire. La composition ayant été très rapide, nous étions prêts à enregistrer avant même de se poser sérieusement la question à savoir si nous désirions faire des démarches pour possiblement être produit. Comme le Magic Genie Studio est en réalité le sous-sol de Daniel et Maryse, il était très simple de faire l’enregistrement et le mixage à cet endroit pour confier seulement le mastering à un expert. Il est important pour nous de pouvoir être indépendant. Avec le style de musique que nous faisons, nous sommes conscients qu’il vaut mieux s’autoproduire plutôt que d’attendre l’intérêt d’une compagnie. Nous avons appris que le label Unicorn Records existait il y a quelques mois et on connaît donc peu la compagnie. Tout label qui encourage la musique progressive et respecte ses artistes est une bonne chose. C’est très positif qu’il y ait de plus en plus de labels indépendants pour qui la musique est l’essentiel. Notre CD est présentement entre leurs mains. Alors, qui sait…
Parlons un peu de votre album. La diversité de Less Is More est assez remarquable, autant musicalement qu’au niveau des ambiances. Cette diversité est-elle le reflet des influences musicales de chaque membre du groupe ? Était-ce un choix de départ que de balayer de si nombreux styles ? N’avez-vous pas peur de dérouter l’auditeur – même initié ! – en lui proposant un disque aussi dense ? La diversité de Less Is More est en effet le reflet de nos influences puisque chaque membre contribue à la création des pièces. C’est certain qu’à la base, nous aimons la musique complexe et diversifiée et que nous voulions donc mélanger plein de styles mais ce n’était pas un choix de départ en tant que tel. Disons que le tout s’est fait de façon très naturelle, au fur et à mesure que chaque membre apportait sa contribution à une pièce. D’une façon générale, nous ne nous contraignons pas de ce que les gens pourraient dire ou penser quant à notre style musical. Nous faisons réellement la musique que nous aimons sans se laisser influencer par l’opinion extérieure. C’est certain que nous tentons de nous imaginer la surprise des auditeurs face aux multiples changements mais cela ne nous fait pas peur. Bien au contraire, nous recherchons des auditeurs pouvant apprécier ce genre d’originalité. C’est la philosophie de base de PDG de faire un projet selon nos valeurs, sans se faire dicter quoi que ce soit à cause d’une mode ou des goûts populaires.
Vous décrivez Less Is More comme étant « de la musique tordue pour film d’animation ». L’humour, comme l’étrangeté, transparaît dans vos compositions comme dans le livret du CD. Cette direction musicale était-elle préméditée ou est-ce un résultat inopiné ? C’est réellement un résultat inopiné puisque nous n’avions rien prévu à l’avance. Le concepteur de la pochette avait comme seuls points de départ la musique avec le titre des pièces et l’idée d’inclure une BD dans la pochette. Pour ce qui est de la musique, c’est le reflet des personnalités et goûts de chacun qui crée l’humour et l’étrangeté des pièces.
Quels sont vos projets pour PDG ? Allez-vous conserver cette formule du trio instrumental sans guitare ou pensez-vous incorporer de nouveaux éléments, éventuellement du chant ? Nous désirons faire des spectacles sous peu mais dans un contexte s’inscrivant bien pour le type de musique que nous faisons afin de rejoindre le bon public. Bien entendu, la composition du second album étant terminée, nous envisageons de le produire au courant de l’année 2007. Étant donné que nous travaillons présentement sur la promotion de Less Is More, nous regardons en même temps la possibilité de se faire produire et/ou distribuer pour le prochain album sans toutefois s’y fier (rires). Nous désirons conserver la formule du trio sans pour autant mettre de côté la possibilité d’avoir des invités pour un album. Pour le chant, PDG ne prévoit pas avoir de chanteur qui tiendrait ce rôle. Patrick a déjà pensé à utiliser sa voix mais sans paroles, ceci demeurant pour l’instant une possibilité future.
Y a-t-il des opportunités de concerts au Canada ou ailleurs pour un groupe aussi atypique que PDG ? Nous n’avons pas fait beaucoup de démarche jusqu’à cette date en ce sens mais on y arrive. Le groupe est prêt et il suffit que nous trouvions un contexte avec des auditeurs intéressés par le progressif. Nous planifions de faire au moins un spectacle en 2007 et, s’il n’y a pas d’opportunités, nous en créeront une (rires).
Un petit mot (ou plusieurs !) pour les lecteurs de Progressia ? Continuez d’encourager la musique progressive et Progressia pour son intérêt et son dévouement envers les artistes de prog à travers le monde ! Propos recueillis par Jean-Philippe Haas site web : http://www.geniseurs.com retour au sommaire |