INTERVIEW : ANDROMEDA
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Origine : Suède Style : Metal progressif Formé en : 1999 Line-up : David Fremberg – chant Johan Reinholdz – guitare Martin Hedin – claviers Thomas Lejon – batterie Jakob Tanentsapf – basse Dernier album : II=I (2003) |
Après le succès de Extension Of The Wish, les Suédois d’Andromeda remettent le couvert avec leur nouvel album, II=I. Il y a fort à parier que le groupe fera un grand pas en avant vers la reconnaissance avec ce nouveau disque, sur lequel Johan Reinholdz a bien voulu lever le voile.
Progressia : Avant de parler plus en détail de II=I, peux-tu revenir sur la période qui a suivi la sortie d’Extension Of The Wish? Johan Reinholdz : Je dresse de cette période un bilan plus que positif. A ma grande surprise, tant de bonnes réponses nous ont prouvé que les gens étaient très réceptifs. Au sujet des concerts, nous avons pu jouer en dehors de la Suède et même si nous restons pour le moment au stade des petits clubs, c’est plus agréable de jouer dans d’autres pays, les gens sont plus enthousiastes.
Qu’as-tu pensé des concerts qu’Andromeda a donné en France avec Evergrey ? C’était vraiment fantastique, le public français est génial et nous aimerions revenir vous voir. Nous avons passé un bon moment chez vous avec les gars d’Evergrey. L’ambiance était très bonne, d’autant plus que Thomas (Lejon – batterie) a joué par le passé avec Michael Håkansson (bassiste d’Evergrey) au sein d’Embraced. Cela a donc contribué à rendre l’ambiance encore meilleure.
Peu après la tournée, votre bassiste Gert Daun vous a quitté. Que s’est-il passé? Gert n’avait plus le temps de jouer live et de répéter. Il lui arrivait de ne pas se présenter en répétitions et n’avait plus le temps nécessaire pour apprendre les nouveaux morceaux que nous écrivions. De plus, il est plus âgé que les autres membres du groupe, il a une famille et pour couronner le tout, il a un travail qui lui prend pas mal de son temps. La séparation s’est faite de manière naturelle, sans aucun ressentiment. Il ne pouvait plus continuer c’est tout. Que veux-tu… C’est la vie (en français dans le texte).
Il semblerait que vous ayez eu des difficultés à trouver un remplaçant… Effectivement ce fut un vrai cauchemar. Nous avons essayé quelques bassistes mais aucun ne nous convenait. Finalement, nous avons trouvé Jakob Tanentsapf, qui a rejoint le groupe, il y a maintenant trois mois. Il a vingt ans, et son jeu est beaucoup plus technique que celui de Gert, qui était plus rythmique. Il a appris les chansons très rapidement, ce qui a grandement facilité son intégration.
Parlons maintenant de II=I et commençons avec une question d’une originalité flagrante : pourquoi ce titre ? C’est aussi le titre d’une des chansons de l’album, qui est liée aux trois derniers titres que nous appelons « Parasite Suite ». Ces chansons forment un mini concept tant musical que textuel. Les paroles traitent de la schizophrénie, mais comme elles ont été écrites par Martin Hedin, je ne peux t’en donner une description plus précise. La schizophrénie est également abordée dans « Reaching Deep Within » ainsi que dans « II=I », qui évoque la coexistence de deux esprits dans le même cerveau.
La schizophrénie avait déjà été évoquée à travers le titre « In The Deepest Of Waters », sur Extension Of The Wish. Est-ce un thème qui vous est particulièrement proche ? Non. David a écrit les paroles de « Reaching Deep Within », j’ai écrit les paroles de « In The Deepest Of Waters » sur Extension Of The Wish et Martin a écrit les paroles de « Parasite Suite ». C’est donc avant tout plus le fruit du hasard qu’une obsession. Ceci dit, le sujet reste intéressant.
Quels sont les thèmes évoqués dans les paroles de II=I ? Certains textes évoquent des sujets très personnels, notamment ceux de « Mirages » et « II=I », écrits par Martin et dont je ne peux pas réellement parler. David a écrit le texte de « Castaway », et je crois qu’il y raconte l’histoire d’un homme qui vient de mourir et qui se rend compte qu’il était amoureux de la vie. Je crois que « Encyclopedia » parle de la connaissance après la mort.
Y a t-il des références particulières concernant ce titre ? Je ne sais pas vraiment à qui Martin fait allusion dans cette chanson, peut-être Van Gogh (rires). C’est lui qui a écrit ces paroles, donc il te répondrait mieux que moi.
D’après ce que tu viens de me dire, il semblerait que cet album soit le résultat d’un travail plus collectif, qu’Extension Of The Wish que tu avais entièrement composé. Quelle a été la contribution de David et Thomas ? Voulais-tu que chacun s’implique dans la composition ? Absolument. C’est un travail de groupe. Martin et moi-même avons écrit presque toute la musique, mais David et Thomas ont également apporté quelques idées. Concernant les textes, Martin en a écrit six et David deux.
Est-ce que cette manière de procéder vous convient ? L’alchimie semble bien fonctionner entre Martin et toi ? Nous sommes un peu comme Lennon et Mac Cartney (rires) ! Plus sérieusement, les choses fonctionnent très bien de cette manière. Nos approches respectives de la composition sont vraiment différentes, mais nous sommes complémentaires. Ceci dit, il a presque écrit les trois derniers titres de l’album à lui tout seul. De mon coté, j’ai écrit « II=I », « Castaway » et « Morphing Into Nothing ».
Pour beaucoup, Andromeda était considéré comme ton projet. Est-ce toujours le cas ? Au début, ça ne me gênait pas, parce qu’il s’agissait vraiment de mon projet, j’en avais le contrôle total. Mais quand nous avons répété les chansons qui allaient figurer sur Extension Of The Wish, l’ambiance était véritablement bonne, et tout le monde s’impliquait à fond. Il était donc évident qu’Andromeda deviendrait un groupe à part entière. Même si j’avais tout écrit pour ce disque, l’alchimie qui était entre nous a fait en sorte que nous travaillions tous ensemble.
Comment qualifierais-tu ce nouvel album par rapport à son prédécesseur ? Je reste encore très satisfait de Extension Of The Wish, je l’écoute de temps en temps. Mais je pense que II=I est bien meilleur. Je dirais qu’il est plus varié, avec plus de feeling, jouant sur les ambiances. Tout y est meilleur : la production, le chant, les arrangements, etc. Il était très important pour nous d’aller plus loin encore, et de développer nos idées. Je crois que nous y sommes parvenus. Nous ne tenions pas a refaire deux fois le même disque.
En dépit de la longue durée de certains morceaux, votre nouvel album contient de nombreux passages très accrocheurs. Comment l’expliques-tu ? Je ne l’explique pas (rires). Même si nos compositions sont assez tordues et alambiquées nous n’oublions pas les mélodies et leur coté accrocheur pour autant.
Beaucoup ont tendance à penser que II=I est encore plus barré que pouvait l’être Extension Of The Wish. Ne crains-tu pas que l’auditeur soit un peu perdu ? Tu sais, je pense que les albums qui peuvent déconcerter l’auditeur à la première écoute sont souvent ceux que tu écoutes le plus par la suite et ce, sans te lasser, parce que tu y découvres de nouvelles choses à chaque fois. Ainsi je tends à croire que les albums les plus directs sont ceux qui lassent le plus rapidement.
Le niveau technique de ce nouvel album est assez impressionnant. Pourquoi avez-vous mis l’emphase sur ce point ? Sincèrement, je ne sais pas, ce n’était pas calculé. C’est arrivé dans l’ordre normal des choses, naturellement. Ceci dit, au vu de ce que nous avons récemment écrit, je pense que notre prochain album sera un peu plus direct. Nous ne voulons pas passer pour des tordus capables de n’écrire que des morceaux d’hallucinés.
Tu viens de parler de nouveaux morceaux. Penses-tu à l’avenir prendre une direction artistique différente de celle que vous avez déjà empruntée (titres plus concis, etc.) ? Y vois-tu une quelconque forme de challenge ? Je n’ai aucune idée concernant la durée des chansons. Je ne crois pas au dicton qui dit qu’un titre de huit minutes doit être plus barré qu’un titre de quatre minutes. Mais effectivement, essayer d’écrire des chansons plus courtes peut s’avérer être un exercice de style intéressant, même s’il y aura à coup sur des chansons plus épiques.
Penses-tu qu’Andromeda a trouvé son style avec ce nouveau disque ? Pour ma part, je pense que Extension Of The Wish était original. Concernant notre style c’est difficile à dire, ce n’est pas à moi de définir notre éventuelle marque de fabrique, si toutefois il y en a une, mais je pense que cela se résumerait à un mariage réussi entre technique et feeling.
Mais ne crois-tu pas que trop de technique peut tuer le feeling ? Cela résume à une question de bon goût. Cependant je ne comprends pas pourquoi autant de gens ont cette équation en tête : morceau utlra-compliqué = zéro émotion. Je cherche à comprendre et j’aimerais bien que l’on m’explique (rires).
L’album a été produit par Martin. Était-ce prévu dès le départ ou gardes-tu un mauvais souvenir de la production de Daniel Bergstrand ? Nous tenions à produire cet album nous-mêmes. Nous avons alors dû beaucoup voyager et aller jusqu’à dormir dans le studio. Nous l’avions déjà fait pour Extension Of The Wish donc nous sommes habitués (rires), mais au moins, nous avons pu prendre tout notre temps, il n’y pas eu de stress. Nous avons enregistré dans plusieurs endroits en vérité : j’ai ainsi enregistré mes parties de guitare chez moi. Je dois dire que suis plus que satisfait du résultat final. Cet album sonne encore mieux que ce que j’avais imaginé.
Comment se fait-il que ce soit Century Media qui distribue en France II=I, alors que Extension Of The Wish avait été distribué par NTS ? NTS a trouvé l’album bon, mais ils ont pensé qu’il était trop progressif, ce qui ne correspond pas à l’image du label. Je crois qu’ils ont eu peur que l’album se ramasse et que ce soit un échec commercial.
Que peux-tu nous dire des nouveaux titres dont tu as parlé ? Tu ne sauras rien c’est top secret (rires). Je plaisante. Comme je l’ai dit, Martin et moi travaillons en binôme sur les idées de base. Ces titres n’en sont encore qu’au stade de riffs et d’idées sans structures particulières, mais ça s’annonce bien. Je me suis aussi attelé à un nouvel instrumental très rapide et court.
Questions posées par les membres du forum Y a-t-il des dates françaises prévues pour votre prochaine tournée ? Pas pour le moment, c’est encore trop tôt pour planifier des dates. Nous devons attendre la sortie de l’album et les retombées auprès du public. Mais sachez que nous adorerions revenir jouer en France.
II=I sortira le 24 mars prochain, mais est déjà disponible depuis trois mois au Japon. Quelle en est la raison ? Si une compagnie japonaise possède une licence de distribution, comme ce fut le cas pour II=I, ils doivent le sortir avant les autres pays parce que leurs albums sont bien plus chers que les albums importés. Je ne sais pas pourquoi ils procèdent de cette manière. Du coup, si II=I était sorti à la même date en Europe et au Japon, les magasins japonais n’auraient commandé que des pressages européens pour faire des économies, et la version sortie par le label japonais aurait été un fiasco.
Thomas Lejon, votre batteur, officie également au sein de A.C.T. Cela ne te pose pas de problèmes ? Non, tout se passe bien, cependant, nous avons du décliner une participation pour le Headway Festival aux Pays-Bas, parce que A.C.T est actuellement en tournée. Bien entendu, il risque d’y avoir des télescopages embêtants si les deux groupes ont des dates au même moment.
Où en es-tu avec Non Exist ? Un nouvel album est prévu cette année, qui risque d’être bien meilleur que Deus Deceptor. Même si j’aime beaucoup cet album, je pense que nombre de choses auraient pu être améliorées.
Y a-t-il quelque chose que j’aurais oublié dont tu aurais voulu parler ? Non pas que je sache, je crois qu’on a tout dit ! Merci pour l’interview et votre soutien.
Le mot de la fin ? Qu’as tu envie de dire à nos lecteurs ? Ecoutez notre nouvel album ! Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l’écouter que nous à l’enregistrer. Nous espérons également vous voir nombreux lors de nos prochains concerts en France !
Propos recueillis par Dan Tordjman
site web : http://www.andromedaonline.com
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