Amartia – Amartia

ENTRETIEN : AMARTIA

 

Origine : France
Style : rock progressif
Formé en : 1999
Composition actuelle :
Britta Herzog – chant
Vincent Vercaigne – guitare, choeurs
Cyril Carrette – claviers
Nicolas Dubois – batterie
Manu Berdin – basse

Avec leur troisième album studio intitulé Delicately, les Français d’Amartia affirment dorénavant une identité sensible et délicate, en mêlant inspirations rock et subtilités atmosphériques et progressives. Après plusieurs changements de personnel, le groupe est plus que jamais prêt à s’imposer avec subtilité comme une des nouvelles références musicales hexagonales. Avec simplicité, humilité et humour, quatre des membres ont répondu à nos questions. Place aux présentations.

Progressia : Avec tout le recul qui s’impose, quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre album sorti en début d’année ?
Vincent Vercaigne
: C’est un album très important pour Amartia puisqu’il a renforcé l’unité du groupe suite à l’arrivée de Britta au chant. J’en suis personnellement très fier, que ce soit pour les compositions, la production ou l’« artwork » ! J’espère que le suivant sera encore meilleur.
Nicolas Dubois : Nous avons franchi un cap avec Delicately, tant du point de vue musical qu’humain. Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble qui ont fortifié les liens qui nous unissent.

Quels souvenirs marquants gardez-vous de sa réalisation, du travail de composition à sa sortie en passant par son enregistrement ?
Vincent
: Il a été très rapide à réaliser et à enregistrer car nous ne sommes pas du genre à produire plusieurs démos avant l’enregistrement final. Nous restons spontanés quant à la réalisation d’un album. C’est le premier album d’Amartia qui a été écrit en majeure partie dans notre salle de répétition. Des titres comme « Hightech Human », « Not a Detail » ou « Your Attention » sont issus d’un effort de groupe. Nous n’avons pas rencontré de problèmes majeurs, excepté lors de l’enregistrement des parties rythmiques où quelques petits problèmes sont apparus suite à des soucis techniques de matériel.
Nicolas : Je garde un souvenir particulier de l’enregistrement de la basse et de la batterie. Lorsque les réglages des micros et des instruments furent terminés, au premier coup de caisse claire, une unité de la table de mixage a explosé ! (rires) La totalité de l’album a été enregistré en deux jours et demi… assez chaud quand même ! (rires)
Britta Herzog : Contrairement à l’album précédent, j’ai composé la majorité des lignes de chant de Delicately, ce qui m’a naturellement mis beaucoup plus à l’aise vocalement parlant. La composition d’un album me rappelle toujours un peu ma période scolaire au regard de la gestion du temps. Je suis généralement à la bourre et je ne travaille bien que sous la pression, même si j’ai horreur du stress que cela engendre en moi, je suis généralement contente après avoir accompli ce que j’avais prévu de faire.
Cyril Carrette : Quand on pense qu’à l’époque – pas si lointaine – de l’album Marionette, l’échange de fichier par Internet se faisait beaucoup moins facilement. Nous avons ainsi pu procéder de la sorte cette fois-ci pour finaliser certains éléments. C’est un outil pratique et flexible pour les retouches ou autres bricoles à ajouter. Rien ne vaut cependant un réel échange en groupe.

Aviez-vous une image précise du résultat que vous souhaitiez obtenir ou l’album a-t-il d’une manière ou d’une autre suivi son propre chemin au cours de sa réalisation ?
Vincent
: Un peu des deux car nous voulions dès le départ un album beaucoup plus direct et « live » que Marionette. Les arrangements ont ainsi fait évolué sa teneur entre le début de l’écriture des titres et le mixage final. Un titre comme « Not a Detail » avait notamment un côté un peu « léger » lors de sa conception ; le mixage de Bruno Levesque a contribué à alourdir l’ensemble. La trilogie : « Your Attention/Spring Evolution/Accuracy » a été composée rapidement malgré sa complexité, et et a été finalisée alors que le mixage était déjà en cours. Sans compter que nous avons dû recruter un nouveau bassiste un mois avant l’enregistrement des parties rythmiques. On peut donc dire que ce disque s’est construit pas à pas pour être ce qu’il est à l’heure actuelle.
Britta : Coller une image sur un projet ou une personne représentent selon moi une restriction des libertés de développement. Cela m’aurait ennuyé d’être limité dans nos créations.
Nicolas : L’album a évolué au fur et à mesure de la composition et des rencontres effectuées. Nous n’avions pas forcément une idée fixe de ce que nous voulions comme résultat final pour cet album.

Lorsque le groupe fut fondé, quelle était la direction que vous souhaitiez emprunter ? Saviez-vous déjà quel chemin emprunter ? Le choix d’un chant en majorité féminin faisait-il parti des « exigences » et désirs de départ ?
Vincent
: Absolument ! J’ai fondé Amartia suite à plusieurs déceptions musicales qui appartiennent désormais au passé. Je me suis retrouvé à jouer avec de très bons musiciens certes, mais qui possédait une vision sur la façon de promouvoir un groupe qui n’était résolument pas la mienne. Ces personnes voulaient le beurre et l’argent du beurre sans réellement avoir la tête sur les épaules. (rires) J’ai donc commencé, il y a maintenant plus de dix ans, à composer des titres aux influences progressives, voire gothiques par moment, avec une vision très claire sur la façon dont je voulais promouvoir le groupe. Amartia a suivi son chemin pour arriver aujourd’hui à ce troisième album.

Comment décririez-vous l’alchimie entre les membres actuels du groupe ?
Vincent
: Sereine et complémentaire, notamment grâce aux concerts qui ont suivi la sortie de Marionette. Nous avons appris à mieux nous connaître musicalement et humainement, un avantage certain qui a facilité l’écriture de Delicately. Les changements de line-up qui ont bouleversé Amartia après l’album Maïeutics s’avéraient être une nécessité et le groupe n’en serait pas là aujourd’hui. Je tiens à préciser que le groupe et plus ou moins stable depuis Marionette, à part quelques changements de bassiste de temps en temps, ce qui est plus ou moins normal chez Amartia. (rires)
Britta : Nous sommes tous très différents et nous nous respectons C’est la base de toute alchimie intéressante.
Cyril : Nous avons la musique en commun et c’est déjà pas mal.
Nicolas : Je pense que le groupe n’a jamais aussi bien sonné qu’aujourd’hui. Nous avons fait beaucoup de concerts et de kilomètres ensemble lors du Delicately Tour. Cette entente se ressent à l’écoute de notre musique.

Avez-vous le sentiment que d’être un groupe français a influencé la réponse reçue par Amartia,que ce soit positif ou négatif ?
Vincent
: Je ne pense pas. Je ne crois pas que le fait d’être Français représente un avantage ou un handicap, à partir du moment où la musique est bonne et que les gens l’apprécient. C’est surtout une question d’élargir ou non la promotion en fonction de tes moyens ! Ce n’est pas toujours évident d’avoir accès à tous les médias. Les choses changent aujourd’hui toutefois grâce à des outils comme les sites communautaires. Les gens découvrent davantage les groupes via ces portails.
Cyril : J’ai le sentiment que la majorité du public français n’est pas assez curieuse, c’est certainement une question d’éducation ! [NdlR : certainement !] J’ai l’impression, mais je me trompe peut-être, que la situation n’est pas la même dans d’autres pays, notamment chez nos voisins belges par exemple. Pour peu que les gens s’intéressent à notre musique, les réactions sont plutôt positives et ça n’a certainement rien à voir avec le fait d’être Français, enfin je l’espère.

En parlant des critiques, lisez-vous et vous intéressez-vous à ce qu’on peut dire de vous sur Internet par exemple ?
Vincent
: Nous accordons beaucoup d’intérêt à ce que peuvent écrire la presse à notre sujet, mais nous savons également prendre du recul ! À l’époque de Marionette, une « certaine presse » n’a pas apprécié l’album car il ne correspondait pas aux clichés du metal. Le problème, c’est qu’actuellement n’importe qui peut écrire une chronique et la diffuser sur le net ! Sans aucune prétention, je pense que Delicately a remis certaines choses à leur place depuis.
Britta : Les remarques à propos de notre travail peuvent toujours aider à nous remettre en question et nous faire avancer d’une manière ou d’une autre. Constater que notre musique plaît reste très réconfortant.

Quelles sont les plus grandes difficultés rencontrées à la création d’un groupe ? Trouver les bons musiciens ? Réussir à traduire ses idées en musique ?
Vincent
: Dans le cas d’Amartia, la difficulté a été de retrouver la motivation suite à la crise relatée à l’époque de Maïeutics. Si Cyril n’avait pas été présent, je crois que j’aurais certainement abandonné le groupe. Depuis l’arrivée de Britta et Nico, aucune difficulté ne s’est présentée, au contraire ! A l’heure actuelle, le gros problème est de pouvoir franchir une étape supplémentaire. Le souci est également le même pour des groupes d’un autre niveau, comme The Gathering ou My Dying Bride, par exemple : l’évolution « commerciale » est plus difficile à obtenir qu’il y a dix ou vingt ans. Il existe trop de groupes sur le marché actuellement et le public possède beaucoup moins de repères.
Cyril : Constituer une équipe, et pas seulement de musiciens, qui va dans une même direction et qui respecte chacun de ses membres n’est pas chose aisée.
Nicolas : Trouver les bons musiciens qui vont te permettre de retranscrire ce que tu as en tête… C’est la base afin de pouvoir ensuite développer ton projet correctement.

Le travail autour de vos visuels et des paroles est assez poussé. Quelle est l’importance du contexte autour d’Amartia ?
Britta
: Nous sommes très bien entourés, notamment par des personnes, que nous ne remercierons jamais assez, que sont Alexandra Dekimpe (pochette) et Laurent Depla (photos) pour leur investissement. J’accorde beaucoup d’importance aux textes car je dois après tout les interpréter. J’écris selon mes sentiments et j’en arrive toujours au moment où les paroles n’ont plus besoin de moi… c’est que le texte touche à sa fin.

Quels sont les sentiments et émotions qui vous influencent lors de l’écriture des morceaux ? Quelle ambiance cherchez-vous à dégager par votre travail ?
Britta
: L’écriture représente selon moi une chance de pouvoir exprimer ce que je ressens ou ce que j’ai pu vivre lors de circonstances particulières. Elle m’aide également à canaliser des situations vécues et à les rendre moins mystiques. Quant à l’ambiance, je ne la calcule pas, elle vient naturellement et se précise lors de mon travail qui vise à trouver une certaine justesse, voire une harmonie entre les paroles et moi.
Vincent : Comme je l’expliquais auparavant, nous écrivons de manière très spontanée, sans réfléchir a l’avance à la manière dont le titre doit sonner au final. Nos influences peuvent être également un lieu, une personne ou un moment vécu. Ce n’est pas exclusivement musical.

Pensez-vous que votre musique revêt une tout autre dimension en concert ? Que ressentez-vous personnellement lorsque vous êtes sur scène ?
Britta
: Il est important de venir nous voir en concert pour mieux comprendre qui nous sommes. La scène est un pur bonheur qui équivaut à la récompense finale après un gros travail en amont.
Nicolas : C’est le paradis, tu te retrouves sur scène avec les musiciens avec qui tu prends le plus de plaisir à jouer, c’est génial ! Aujourd’hui, pour défendre ta musique, il est très important de faire des concerts. Nous faisons évoluer les titres en live pour les rendre encore plus efficaces et ainsi proposer autre chose qu’une copie conforme de l’album.

Depuis les débuts d’Amartia, comment décririez-vous l’évolution du groupe jusqu’à Delicately, et pour le prochain album, si celui-ci est déjà en cours d’écriture ?
Vincent
: Lorsque j’ai commencé à composer les titres qui allaient devenir l’album Maïeutics, je ne croyais pas arriver à ce que nous sommes aujourd’hui. Certains webzines nous ont classé numéro un et nous devenons une référence dans le rock progressif français ! Je suis très fier de ce que le groupe est devenu.
Cyril : Le groupe s’est affirmé et aguerri, dans la conception des titres, puis plus récemment sur scène, même si il reste encore beaucoup de travail.
Nicolas : Le groupe existe depuis bientôt dix ans. Le bilan s’avère plutôt positif. Le but désormais est d’avancer et d’évoluer encore et encore… Nous allons nous battre pour notre musique.
Vincent : Fighting for Our Music ! Ça y est, on a le titre du prochain album les mecs ! (rires)

À quoi peut-on s’attendre dans le futur d’Amartia ?
Britta
: Après un petit temps de repos bien mérité, nous nous remettrons à composer et à faire des concerts à la rentrée en septembre.
Vincent : Nous prévoyons peut-être un album acoustique entre temps, certainement pour 2010. À suivre…
Cyril : Pas besoin de boule de cristal pour voir qu’Amartia est un groupe avec beaucoup de potentiel ! (rires) Nous irons très loin j’en suis sûr, d’ailleurs je vais appeler la N.A.S.A pour organiser un concert sur la lune l’été prochain ! Plus sérieusement, c’est notre public qui nous porte, mais jusqu’où peut-il nous porter … Mystère !
Nicolas : Nous allons encore changer de line-up, le dernier dure depuis trop longtemps. (rires)

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Britta
: Au plaisir de vous connaître !
Cyril : A bientôt à un concert ou pourquoi pas autour d’un verre.
Nicolas : Merci et à bientôt près de chez vous.
Vincent : Fighting for Our Music !

Propos recueillis par Marjorie Alias

site web : Amartia

retour au sommaire