ENTRETIEN : THE WATCH
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Origine : Italie Style : rock rétroprogressif Formé en : 2000 Composition : Simone Rossetti – voix, flûte et tambour Cristiano Roversi – chapman, basse Marco Fabbri – batterie et percussions Giorgio Gabriel – guitares Fabio Mancini – piano, mellotron,moog Dernier album : Primitive (2007) |
Simone Rossetti, archi-fanatique de la bande de Rutherford et Cie est venu disserter sur son affection (vraiment) sans bornes pour le groupe anglais. Une discussion chaleureuse avec le meneur de la formation italienne, très timide, émouvant et les yeux qui brillent quand il s’agit de sa musique. Le mime vocal de l’archange Gabriel possède également le même timbre que l’ami Peter lorsqu’il parle. Bluffant !
Progressia : Petite présentation ? Simone Rossetti : Je suis Simone Rossetti de The Watch et nous venons d’Italie. Nous fréquentons la scène progressive depuis 2000 et….voilà !
Vous avez déjà réalisé trois albums depuis 2000. Y-a-t-il selon toi une réelle évolution entre le premier album, Ghosts et le dernier Primitive , sorti à la fin de l’année passée ? Peut-on véritablement parler d’évolution ? Nous avons essayé d’écrire de belles chansons, simples, avec un son reconnaissable. Notre préoccupation principale est de créer de superbes mélodies. Lorsqu’on parle de rock progressif, on pense souvent virtuosité, structures complexes, longs morceaux. Nous essayons simplement de composer des titres qui font mouche, ce qui n’est pas si simple !
Votre style est naturellement très proche de celui du vieux Genesis. Au tout début, on jouait évidemment des titres de Genesis. C’était idéal pour mon chant. Mon timbre de voix est très proche de celui de Peter Gabriel ou de Fish, davantage du premier par ailleurs. Nous avons commencé à parler de la possibilité de créer notre propre musique dès la fin des années quatre-vingt-dix. La formation s’appelait à l’époque The Night Watch. Après nous être rebaptisé The Watch, nous avons réellement débuté la composition.
Difficile de classer votre musique car vous n’êtes pas vraiment un tribute band puisque vous composez vos propres chansons. Vous essayez cependant de ressembler le plus possible au Genesis des débuts. Nous souhaitons sonner comme le Genesis du début. Nous adorons ce son de l’aube des années soixante-dix, le mellotron et ces atmosphères vintage. En utilisant de tels sons et arrangements, on prête le flanc à la critique car la ressemblance est effectivement troublante. Ajoutez-y ma voix… Les gens qui écoutent The Watch pour la première fois peuvent donner un avis très expéditif sous pretexte que nous essayons juste de copier le groupe anglais. A mesure qu’ils pénètrent notre univers, ils cernent mieux notre identité. D’ailleurs, tout le monde s’accorde à dire que notre démarche, si elle peut paraître sujette à caution, est naturelle et sincère.
La ressemblance vocale est tout de même sacrément frappante. Est-ce naturel ou y travailles-tu ? (rires) Evidemment que c’est naturel ! (rires) J’avoue cependant user de mimétisme lorsqu’il s’agit de jouer les morceaux de Genesis comme c’est le cas pour cette tournée. Gabriel a une manière de chanter très identifiable. Je peux changer la mienne pour lui ressembler davantage. Rien de très compliqué !
Pourquoi Yes, Pink Floyd ou encore Marillion ont-ils eu finalement moins d’importance à vos yeux ? A vrai dire, je suis celui qui a défini le concept général de ce groupe, étant le compositeur principal de The Watch. Genesis est en moi, c’est toute ma vie ! Aucune autre formation ne m’a autant nourri. Même si nous sommes souvent comparés à The Musical Box, notre démarche est toute autre. Nous travaillons avec notre cœur tandis que The Musical Box veut seulement recréer les spectacles du Genesis d’alors, ce qu’ils font fort bien, car c’est une grosse machinerie bien huilée. Nous essayons de travailler sur l’émotion.
Et à part Genesis, avec d’autres influences ? Oui mais peu proviennent de la scène progressive, que ce soit des années soixante-dix ou quatre-vingt. J’aime beaucoup Yes et Porcupine Tree même si je ressens pas leurs influences. Les mélodies des Beatles ont pu me marquer. La mélodie reste primordiale car un album qui en possède mais dont la production est imparfaite peut toutefois être génial à mes yeux.
On constate que Primitive possède un son puissant et résolument plus moderne même si vous parvenez toujours à asseoir l’auditeur dans des références précises… Tiens, c’est la première fois qu’on me dit que cet album sonne moderne ! Habituellement, cette notion se reflète sur notre précédent album Vacuum. Les gens pensent plutôt que Primitive opère un retour en arrière. C’est vrai que le son est très bon et la production impeccable, nous en sommes très soucieux même si cela coûte assez cher. Pour réaliser un album tous les trois ans, nous nous devons d’être exigeants afin de donner à l’auditeur le meilleur de nous-mêmes. Nous allons poursuivre dans ce sens même si les arrangements resteront vintage car c’est ce mélange sonore que nous aimons.
Puisque tu parles d’argent, j’imagine que tu ne vis pas de ta musique ? Je suis impliqué à quatre-vint-dix pour cent dans The Watch et je travaille deux matins par semaine avec des enfants handicapés. Je suis musicothérapeute. C’est une autre manière pour moi de travailler avec les émotions, la musique et ces êtres humains si touchants.
Tu as la chance de pouvoir exercer deux métiers magnifiques ! Oui, vraiment même si je resterai pauvre toute ma vie ! (rires) J’aime vraiment ce que je fais .
Comment vois-tu ce dernier album tant sur le plan commercial qu’artistique ? Les médias ont préféré Vacuum car il est plus facile d’accès et possède un son contemporain. Primitive est plus intimiste et nécessite plusieurs écoutes pour le comprendre. Trop souvent, les critiques musicaux se contentent de jeter qu’une oreille distraite à l’album qu’ils ont à chroniquer. Je n’ai pas vraiment d’album favori dans tous les cas.
Les ventes ont-elles progressé d’un album à l’autre ? Non. Vacuum reste notre petit succès. Nous avions la chance d’ouvrir pour The Musical Box dans des salles prestigieuses et beaucoup de personnes nous ont ainsi connus. C’était un excellent moyen de promotion pour The Watch.
Aimes-tu Van der Graaf Generator ? Peter Hammill a toujours dit que l’Italie est le pays qui a adopté son groupe avec le plus d’intensité. Oui ! Peter Hammill possède une très grande voix mais leur musique est un tantinet trop compliquée. Je préfère les mélodies plus simples et les « vraies » chansons. Ils ont un son très identifiable de suite. Genesis également a pu compter sur l’Italie (NdlR : Tiens ça faisait longtemps !).
Quels sont les projets de The Watch ? J’espère vraiment sortir un nouvel album dans les deux ans qui viennent. On va d’abord terminer cette série de concerts axée sur les anciens titres de Genesis et il est fort possible que l’on mette sur pied une seconde partie de cette tournée dans laquelle nous jouerions les titres écartés de notre sélection actuelle. Tout dépend des revenus générés. Un album live est également prévu. On a vraiment du pain sur la planche.
La maison de disques allemande InsideOut Music vous a-t-elle contactés ? Nous étions en contact avant la parution de Vacuum mais ils n’ont pas malheureusement donné suite. C’est vrai que nos disques seraient mieux distribués mais avec Lizard Music, notre propre label, nous restons entièrement libres de proposer du contenu sans pression aucune.
Vous prenez le risque de mettre votre musique de côté pour proposer une tournée articulée autour des vieux morceaux de Genesis période 1970-1972. Ne pensez-vous pas qu’une telle démarche puisse vous desservir et brouiller les pistes face à votre public ? C’est une excellente question, on nous la pose souvent. C’est évidemment une manière de faire connaître notre musique à davantage de personnes car nous interprétons également notre répertoire. Nous voulons montrer aux fans de Genesis qu’il existe des groupes contemporains qui poursuivent l’exigence esthétique véhiculée à l’époque avec un son plus moderne. Nous comptons beaucoup sur le bouche à oreille et ça a l’air de fonctionner car les fans de Genesis commencent à nous connaître.
Les membres de Genesis vous connaissent-ils ? Je ne pense pas mais je sais qu’ils sont au courant de notre existence. Steve Hackett (NdlR : ex-guitariste de Genesis) possède même Vacuum, nous ne lui avons même fait parvenir ! Anthony Philips (NdlR : guitariste de Genesis sur Trespass) nous connaît également car notre batteur a travaillé avec lui. Notre démarche est si sincère que les membres de Genesis ne peuvent être que touchés.
Steve Hackett semble préfèrer écouter The Watch que la musique que propose Genesis aujourd’hui ! As-tu vu la dernière tournée de Genesis en 2007 ? Non ! Quelle pitié ! Des amis sont allés les voir à Rome avec un demi-million de personnes et ont remarqué que la tonalité des morceaux a été descendue pour la voix de Phil Collins…
Allez-vous tout de même tenter le grand écart futur pour vous différencier de Genesis ? Qui sait ? Pour chaque enregistrement de nos disques, nous insérons un morceau « outsider » qui sort du lot. Par exemple, « Riding the Elephant » ou « Soaring on » sur Primitive sont dans la veine purement eighties. J’apprécie énormément la musique des années quatre-vingt comme Depeche Mode ou Tears for Fears car les musiciens imprégnaient leur musique avec beaucoup de passion. Des écarts sont possible même si nous gardons notre style.
Un dernier mot ? Avant tout, merci d’écouter de la bonne musique ! (rires) Jouer la musique de Genesis nous donne la force de continuer et le public est si attentif. J’invite tous vos lecteurs à jeter une oreille à notre musique et aller visiter notre site !
Propos recueillis par Christophe Gigon
site web : http://www.thewatch.it
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