ENTRETIEN : BRIAN MALONE | |
Origine : Irlande Style : indie instrumental Dernier album : The Mechanical Voices (2008) | Brian Malone a étonné avec The Mechanical Voices, une œuvre autodidacte et sensible. Progressia [NdlR : en la personne de Jérôme Walczak, son sosie officiel] a voulu vous en dire plus sur ce baladin irlandais moderne et introspectif. Le temps d’une rencontre…
Progressia : The Mechanical Voices est un projet autoproduit. As-tu eu des difficultés pour trouver un label ou cela correspondait-il à une volonté d’indépendance ? Brian Malone : Dès le début, j’ai décidé de sortir mon disque moi-même et de ne pas passer par un quelconque label. De nos jours, tout le monde semble diffuser sa musique via Internet, c’est également ce que j’ai décidé de faire. Je ne me rendais pas compte que cela allait être aussi difficile avec mes connaissances très limitées dans l’industrie musicale. C’est dur de se faire des contacts lorsque l’on fait tout virtuellement ; c’est là que le professionnalisme d’un label entre en jeu. Pour être franc, je dirais que mon album risque de se noyer dans un océan virtuel de musiques. Avec le recul, peut-être aurais-je dû laisser ce travail aux professionnels du métier.
Selon toi, quels sont les intérêts d’une musique instrumentale en regard d’une voix chantée ? Pourquoi ne pas avoir poussé la volonté de tout faire seul jusqu’à chanter ? Je me suis toujours focalisé sur le côté instrumental de la musique. C’est la voie la plus évidente et naturelle pour moi. Ecrire de bonnes chansons est un art que je dois encore maîtriser. Peut-être qu’un jour, je finirais par composer un hit, mais pour le moment, je m’en tiens à ce que je sais faire le mieux.
Comment restitues-tu l’ambiance si particulière de l’album sur scène ? Il est difficile de recréer son intensité en concert. Pour interpréter les morceaux correctement, cela nécessiterait des moyens et une certaine organisation. Compromettre la qualité de la musique en faisant des performances moyennes est la dernière chose que je souhaite, c’est pour cela que j’ai tendance à faire peu de scène.
Y a-t-il un thème particulier décliné sur ce disque, ou les morceaux ont-ils été composés indépendamment les uns des autres ? Combien de temps a-t-il fallu pour l’écriture ? Je suppose que c’est un concept-album puisque j’ai entrepris l’écriture avec l’idée de voix mécaniques samplées tout du long. Cela m’a pris beaucoup de temps pour orchestrer l’ensemble, probablement parce que j’ai tout fait moi-même. C’était un long chemin mais le produit fini est proche de ce que j’avais en tête.
Y accolerais-tu une étiquette ? D’une façon générale, que penses-tu de cette manie de catégoriser un style ? Un petit nombre de genres traverse l’album mais si je devais le catégoriser, je dirais que c’est un indie instrumental. Je suppose que la plupart des artistes n’aiment pas être mis dans des cases parce qu’ils pensent présenter quelque chose d’original et frais. Personnellement, je ne suis pas contre la catégorisation mais il y a tellement de genres et sous-genres qu’il est difficile de tout suivre.
Il règne en ce moment, dans le climat progressif, un souci de mieux être, d’introspection. Beaucoup d’artistes, anglais et français, orientent leurs thématiques vers le présent, le lâcher-prise (Gazpacho, Marillion, par exemple). Ta musique est douce, envoûtante. Te reconnais-tu dans cette mode ? J’essaye de ne pas m’embourber dans tout cela, juste d’écrire quelque chose de convenable qui, avec un peu de chance, parlera aux gens.
Par le passé, un grand magazine de rock français a écrit : « l’Irlande n’est plus un pays, mais une chorale ». La mode celtique, le fond culturel irlandais ont-ils eu une influence sur ta musique ? Bien sûr, il y a de bons groupes qui viennent d’Irlande, U2 étant le plus connu d’entre eux, et bon nombre de musiciens, auteurs, et poètes se sont révélés au fil des années. Il y a une certaine créativité dans ce pays, je m’en suis inspiré, même si je ne pense pas qu’elle ait directement influencé ma musique.
Combien de temps consacres-tu à ta musique ? En vis-tu ? Qu’en attends-tu ? Je pourrais passer chaque minute de chaque jour à en jouer et à en écrire, que je gagne un euro ou un million, mais j’ai d’autres préoccupations dans la vie, à savoir ma femme et un garçon de trois ans. Il est difficile de tout équilibrer mais j’y consacre le plus de temps possible. J’essaie de m’établir en tant qu’artiste. Cependant, je ne peux pas abandonner mon travail de facteur pour le moment. Tous les musiciens souhaiteraient vivre de leur art. Je suis prêt à gagner juste de quoi vivre si cela me permet de faire ce que j’aime pour le restant de mes jours.
Quelques mots pour les lecteurs ? Merci d’avoir pris le temps de lire cette interview. Pour écouter ma musique, passez par CD Baby. Un grand merci à tous, à Progressia pour m’avoir consacré du temps.
Propos recueillis par Jérôme Walczak avec l’aide de Dan Tordjman et Brendan Rogel site web : Brian Malone retour au sommaire |