ENTRETIEN : MIND’S EYE

Origine : Suède Style : metal progressif Formé en : 1992 Composition : Andreas Nowak – chant Johan Niemann – guitares & basse Daniel Flores – batterie, chœurs & claviers Dernier album : A Gentleman’s Hurricane (2007)

Connus d’un petit nombre d’auditeurs, les Suédois de Mind’s Eye viennent de frapper très fort. Leur dernier-né A Gentleman’s Hurricane permet de hisser davantage le groupe vers une meilleure reconnaissance. Parfois un brin provocateur, Daniel Flores, batteur-auteur-compositeur-producteur, a bien voulu répondre à nos questions. L’effort paie.

Progressia : Tout d’abord, dressons un petit bilan de votre précédent album Walking on H2O. Il semble qu’il ait recueilli un certain nombre de retours positifs et très peu de critiques négatives…
Daniel Flores : C’est un de ces disques qui devait nous amener plus haut que ne le pouvait A Work of Art. C’était notre premier CD en tant que trio et nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes en tant que groupe pendant ces sessions d’enregistrement, en particulier sur ce qui nous sert à gagner en qualité pour la suite des évènements : corriger pour ainsi dire certaines erreurs. Nous avons eu de bons retours mais aussi de très mauvais commentaires. Les avis sont donc partagés et cela me plaît lorsque les gens ne sont pas d’accord.

Quelle fut la genèse au sens créative d’A Gentleman’s Hurricane ? D’où t’est venu ce concept rappellant Operation : Mindcrime, sous une forme bien différente ? Est-ce un de tes albums favoris ?
Il était facile de passer à autre chose après Walking on H2O. Nous cherchons constamment à progresser. Les gens disent que c’est notre meilleure oeuvre, mais je sais d’ores et déjà que la prochaine le sera encore davantage. Pourquoi ? Parce que notre démarche consiste à améliorer notre travail, et pour ce faire, il nous faut enregistrer. Concernant Operation : Mindcrime, c’est bien évidemment un de mes albums préférés et je suis un peu ennuyé qu’on le compare à notre dernière production. Nous avons tenté en effet d’avoir une approche différente et sincèrement je crois que nous avons atteint notre but. Pourquoi ne pas aller au delà de ces comparaisons ?

Présente-nous le concept du disque… disons en moins de 200 mots (rires)
Je peux même faire bien plus court. C’est l’histoire d’un tueur de plus en plus rongé par le remord. Il ressent le besoin de vider son sac et rentre dans une église pour confesser ses péchés. Il se lie d’amitié avec un prêtre et de cette rencontre naît le partage de nombre de secrets.

Walking On H2O était très symphonique alors qu’ A Gentleman’s Hurricane est toujours très progressif avec des refrains directs et des mélodies très accrocheuses. Est-ce là une facette de votre nouvelle approche ?
Je dirais que Johan et moi avons choisi une approche cinématique. C’est pourquoi certains thèmes sont très sombres sur cet album. L’ensemble paraît symphonique, mais si tu le dissèques, tu verras qu’il s’agit en vérité de chansons pop « déguisées » en titres rock/metal. Les mélodies en constituent la clé et, bien entendu, sur un tel album, les textes ont leur importance. Nous avons fait comme si nous composions une musique de film dont nous aurions écrit le scénario.

Qui sont les invités sur le disque ?
Mia Coldheart est la chanteuse de Crucified Barbara. Elle chante sur The Hour Of Need. C’est une excellente artiste qui ne manque pas de charme. Nous nous connaissons depuis longtemps. Elle a montré beaucoup d’enthousiasme lors des enregistrements et était vraiment heureuse de faire partie du projet. Tommy Denander est un très bon ami en plus d’être un guitariste hors pair. Il est principalement connu dans le milieu AOR mais a un feeling particulier pour tout ce qui touche au phrasé romantique de la guitare que j’ai toujours souhaité intégrer sur un de nos albums. Nous travaillons beaucoup ensemble et l’occasion était toute trouvée pour réitérer cette collaboration, qui, au passage, nous a rapprochés davantage. Rolf Pilotti est flûtiste et vocaliste, il a enregistré des chœurs avec moi. C’est un de mes meilleurs amis, doublé d’un musicien talentueux dans son approche de la mélodie. C’est aussi un compositeur accompli. Il a son propre groupe Wasai, qui verse dans un style proche de Seal et Peter Gabriel.

Il y a un fort côté visuel sur l’album. As-tu pensé à un film basé sur A Gentleman’s Hurricane ? Si tu avais le budget quel serait ton casting ?
Wow, je n’avais jamais pensé à ça ! En fait je suis très content que l’album fasse penser à un film. Mon rêve serait d’écrire une bande originale et ce disque s’en approche. Si A Gentleman’s Hurricane donnait naissance à une oeuvre cinématographique, je choisirais Christian Bale pour le rôle d’Adam Evangelista. Pour incarner le père Caballero Dimori, je prendrais John Malkovich et pour le chef de l’lluminati : Gary Oldman. Avec un tel casting il me faudrait un gros budget ! (rires)

Tu as composé les trois-quarts de l’album. Peut-on alors considérer Mind’s Eye comme ton propre projet ou bien s’agit-il vraiment de celui d’un groupe ? Prévois-tu d’impliquer davantage Andreas et Johan dans l’écriture à l’avenir ?
Sur le papier, on a l’impression que c’est mon jouet. Mais en réalité les autres musiciens sont impliqués à part égale. Ils n’écrivent pas de chansons ? Et alors ? Peut-être que leur manière d’écrire n’est pas aussi torturée que la mienne et il est de notoriété publique que Mind’s Eye passe pour être un groupe tordu (rires). Johan et Andreas seront bien plus impliqués dans l’écriture du prochain disque qui promet d’être ambitieux, leurs contributions seront donc les bienvenues. Enfin, pour répondre à ta question : Mind’s Eye n’est pas mon propre projet.

Dans un dossier à paraître sur le graphisme dans les musiques progressives, Mattias Noren qui a réalisé le livret, nous a confié que tu avais des idées bien précises quant au graphisme. Parle-nous un peu de cette BD qui fait partie du produit. As-tu des œuvres de référence dans ce domaine ?
Pas vraiment. J’ai toujours des idées bien précises concernant le coté visuel, mais ce que j’aime c’est qu’elles ne sont jamais figées. Au final, c’est le graphiste qui doit être le premier satisfait de son travail, pas moi. Le partage des idées peut entraîner une émulation qui permet de gagner en qualité.

Mind’s Eye est constitué en tant que trio avec Johan qui joue à la fois de la basse et de la guitare. Prévoyez-vous de maintenir cette configuration-là ou d’auditionner d’autres musiciens ? Est-ce problématique dans le cadre des concerts ?
Nous aurons des musiciens sur scène car Johan tient à jouer les parties à la basse. Quelques candidatures sont à l’étude actuellement.

Sur quoi travailles-tu en ce moment ? Le prochain Mind’s Eye, ou autre chose ?
Je produis actuellement un groupe qui s’appelle Black Candle Wedding avec une chanteuse incroyable, Angelica Rylin. Je joue et enregistre aussi la batterie pour le CD d’Evil Masquerade. Le prochain Mind’s Eye sera un disque épique. Il sera difficile de rivaliser avec ce projet. Je ne peux pas trop en dire là dessus, mais je peux d’ores et déjà affirmer que ce sera un disque terrible et que nous allons prendre un plaisir énorme à l’écrire et l’enregistrer, ce qui est très important. Tout ce que je peux dire c’est que ce sera notre meilleur CD… jusqu’à la sortie du prochain (rires).

Sur un plan personnel tu es crédité dans de nombreux projets en tant que batteur avec Hubi Meisel, Benny Jansson (X-Savior), Chitral Somapala (ex Avalon), Joop Wolters… la liste est très longue. Et je ne parle pas de ton activité de producteur pour Chris Catena et Seventh Wonder. Trouves-tu le temps de dormir avec cet agenda de ministre ?
Dormir ? Pourquoi ? J’aurai tout le temps de dormir quand je serai mort !

Es-tu en contact avec d’autres groupes suédois, qui sont d’ailleurs de plus en plus nombreux ? Comment expliques-tu cette profusion ?
J’ai quelques contacts ici et là. C’est un milieu où la compétition est rude ; certains groupes considèrent qu’ils sont les seuls à détenir un véritable talent, ce qui est, à mon avis, bien dommage. Pourquoi les groupes suédois sont-ils talentueux ? En Suède, le pouvoir d’achat est suffisamment important pour acheter des instruments. Toute personne percevant un salaire décent peut s’en offrir un et se mettre à jouer, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. Mais le fait d’en posséder un suffit-il à faire un bon musicien ? Je ne le pense pas.

Myspace vous a-t-il permis d’élargir votre cercle d’auditeurs et de collaborateurs ?
Pas vraiment. Je dois avouer qu’au départ, j’ai longtemps été contre mais nous avons fini par nous laisser convaincre. Mind’s Eye n’est pas du genre à être LE groupe du moment qui aurait besoin de se faire connaître auprès d’un public blasé. Ce que les gens écoutent aujourd’hui, c’est majoritairement du réchauffé. Rares sont les artistes proposant quelque chose de nouveau, il y a énormément de recyclage. Certes, cela nous permet à nous musiciens de vivre mais je dirais que Mind’s Eye a pour devise de repousser ces barrières : nous sommes sur le point de faire quelque chose d’unique, jamais entendu auparavant. Nous aurons alors fait un grand pas en avant.

C’est une question rituelle chez Progressia : Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Black Rain d’Ozzy Osbourne, Songs From The Silent Years de Krister Linder et Black Candle Wedding, le nouveau groupe que je produis. La meilleure chose qui soit arrivée depuis le pain en tranches !

Le mot de la fin ?
Mind’s Eye est dans le milieu de la musique depuis une dizaine d’années maintenant. Si les gens qui apprécient ce que nous faisons veulent vraiment nous voir en concert, ils peuvent nous le montrer en achetant nos albums. S’il vous plaît, ne les téléchargez pas. Si jamais vous le faites et que vous appréciez notre dernier disque, achetez-le : ne passez pas à côté d’un produit unique constitué d’ un DVD et d’une BD, introuvable sur le Net, qui plus est Je vous invite à visiter notre site et notre page myspace www.myspace.com/eyeofthemind. Si vous êtes intéressés par mes activités de producteur vous pouvez aller sur www.danielflores.net. Merci.

Propos recueillis par Dan Tordjman

site web : http://www.danielflores.net

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