Dark Tranquillity – Dark Tranquillity

ENTRETIEN : DARK TRANQUILLITY

 

Origine : Suède
Style : Death metal mélodique
Formé en : 1991
Line-up :
Mikael Stanne – chant
Niklas Sundin – guitare
Martin Henriksson – guitare
Michael Nicklasson – basse
Martin Brandström – claviers
Anders Jivarp – batterie
Dernier album : Fiction (2007)

2007 s’annonce vraiment comme un grand cru pour notre genre préféré. Aux nouvelles livraisons de Threshold, Pain Of Salvation et Neal Morse, il convient d’ajouter Dark Tranquillity. Après un Character qui en avait dans le pantalon, les Suédois sont de retour avec un Fiction qui fait réellement mal ! Est-ce que Dark Tranquillity vit bien dans notre monde ou aux frontières du réel ? C’est ce que nous avons demandé à Mikael Stanne toujours aussi bavard pour notre plus grand plaisir.

Progressia : Vous avez fait carton plein avec Character, c’est le moins que l’on puisse dire !
Mikael Stanne
: Tout à fait ! Tout d’abord en termes de ventes, nous n’avons jamais autant vendu d’albums par le passé qu’avec Character. Nous sentions que tout allait dans le bon sens pour nous notamment une bonne promotion et je pense que c’est en partie grâce à ça que notre noyau de fans s’est élargi. D’un point de vue plus personnel je dois avouer qu’en tournant avec Kreator j’ai réalisé un rêve de gosse ! Je me régalais de les voir tous les soirs, je ne pouvais pas rêver mieux ! Une autre chose aussi est importante, nous avons réussi à faire notre trou dans le marché américain, grâce à des tournées et des affiches pour le moins alléchantes (NdDan : précisons que Dark Tranquillity a, lors de son périple outre-Atlantique, partagé l’affiche avec entre autres, Soilwork, Hypocrisy, Strapping Young Lad et Opeth) et je pense que cette fois-ci, ça a payé.

Pourquoi diable les Américains ont-ils toujours droit à de telles affiches, ce n’est pas juste ! (rires)
Certes je peux comprendre ton point de vue mais la mentalité des fans est différente là-bas. Il faut vraiment mettre les petits plats dans les grands et par conséquent, seuls des noms prestigieux sur une affiche sont susceptibles de ramener du monde.

Parlons maintenant de Fiction. Quand avez-vous commencé à travailler sur ce nouveau disque ?
Nous avons beaucoup tourné entre ces deux disques, et à vrai dire, nous ne sommes pas du genre à écrire en tournée. On s’y est mis le printemps dernier. Nous avions déjà 4-5 titres il y deux ans de cela mais nous les avons entièrement réarrangés parce que nous n’en étions pas satisfaits. Puis la période des festivals est passée, c’est un exercice quasi-obligatoire pour nous (rires). Puis nous sommes rentrés et avons répété ces nouveaux titres. Je dirai qu’en gros nous avons travaillé six mois d’arrache-pied sur cet album.

Tu ne m’en voudras pas si je te dis qu’avec un tel titre, je suis obligé de te demander si l’album est un concept ! Si ce n’est pas le cas, est-ce qu’on retrouve ici le même genre de liens que ceux déjà présents sur Character ?
Une fois de plus ce n’est pas un concept-album. Il y a effectivement tout un tas de thèmes communs entre les titres. Mais je ne cherchais pas à réitérer cette manière de faire, au contraire, je tenais à m’en éloigner. Je voulais éviter d’être aussi proche des personnages dans les textes, un peu comme nous l’avions fait pour Damage Done. Nous avons pensé que ce serait bien que les chansons aient une identité individuelle forte. De même, nous souhaitions proposer des titres différents plutôt que d’aller dans le même sens musical. Au lieu de mettre les mêmes ingrédients dans chaque titre, nous avons mélangé les plaisirs, donc tu as des titres progressifs, d’autres au contraire qui seront plus agressifs. Oui je dirais que le défi, cette fois-ci c’était que les titres soient tous du même niveau et aussi accrocheurs les uns que les autres. Il en est de même pour les textes que j’ai voulu mettre en avant et de fait ce sont des textes d’une qualité parfaite à mes yeux.

Il va sans dire que Fiction s’inscrit dans le chemin tracé par Character, c’est-à-dire très technique, très progressif mais en plus extrêmement agressif…
Tu as tout dit. (rires)

On est surpris de retrouver quelques éléments gothiques, déjà présents par le passé sur l’album Projector. Mais c’est le retour du chant clair qui prend tout le monde à contre-pied. Est-ce que cela est dû à une quelconque pression des fans ?
Pas tout à fait. Pour être totalement honnête c’est une prise de risques. Nous sentions une certaine forme de routine et de sûreté, c’est le cas sur Character. Donc nous voulions faire quelque chose de différent comme écrire les chansons d’une manière quelque peu différente en regard de notre approche habituelle, nous éloigner des « normes Dark Tranquillity » si je puis dire, et cela incluait pour ma part le retour d’un chant clair. J’ai improvisé sur certaines lignes et les gars ont aimé; mais, plus important que tout, ceci est venu naturellement.

Les titres sont assez riches en claviers. Est-ce que Martin votre claviériste a pris part en grande partie à l’écriture de ce disque ?
Je pense que ses influences personnelles ressortent sur chacune des chansons mais concernant la composition, il est moins impliqué dans la mesure ou les claviers sont considérés comme un calque supplémentaire à notre musique. Le noyau de composition est surtout constitué de Niklas, Anders et Martin. Ils écrivent également pour les claviers et Martin se charge d’arranger à sa sauce avec ses sons. Et je suis persuadé qu’il prendra bien plus d’envergure à l’avenir au sein du groupe.

Sais-tu s’il prévoit de sortir des remixes de titres comme ce fut le cas sur Character ?
Pas que je sache. Nous n’en avons pas discuté à vrai dire. Nous avons un single en prévision donc pourquoi pas s’il se sent de le faire, il a le feu vert quoi qu’il décide de toute façon. Il semblerait que ce genre de nouveauté ait été plutôt bien accepté par les fans. J’espère qu’il le fera.

On sait que les arrangements sont primordiaux chez vous. Anders (Jivarp, batterie) et Martin (Henriksson, guitare) étant les principaux compositeurs, comment procédez-vous?
C’est ce que j’aime chez Dark Tranquillity. Même si Martin fournit 95% du matériel – déjà pas mal achevé même aux stades des démos – Il laisse la porte ouverte à toute suggestion. Il ajoute beaucoup de choses. Micke vient avec ses lignes de basse et voit si celles proposées à la base collent. Ça marche comme ça, pas de tyrans chez nous (rires) !

Tu as mentionné ta nouvelle approche des textes. D’où te vient ton inspiration ? En plus de la vie en elle-même, es-tu fans d’écrivains, de paroliers … ?
Je pense que je le suis inconsciemment. C’est dur pour moi de pouvoir citer des écrivains, paroliers particuliers. Je lis énormément, l’influence me vient de partout. En plus de ma vie personnelle, je puise un peu partout afin de créer ce monde imaginaire que vous pouvez lire à travers mes textes. De manière générale, j’exprime pas mal de choses, c’est un peu comme un exutoire, j’y exorcise pas mal de démons (rires). D’un point de vue plus personnel, je n’ai pas voulu cette fois-ci trop en dire me concernant dans mes textes… Je fais vivre mes émotions au travers de personnages. Si par exemple je pars de l’idée qu’un titre doit parler d’un sentiment comme l’intimité … j’essaierai de parler de la personne la plus intime possible, pas de moi. Ou bien on peut prendre l’inverse et parler d’une personne dépourvue d’intimité. Il y a une part de moi, quoi qu’il arrive, mais je souhaitais la rendre moins visible et moins évidente à déceler. Je dois avouer que cela fait du bien, c’est en quelque sorte une forme de thérapie. Je ne m’impose aucune limite et c’est bon de savoir cela.

Il y a un certain coté visuel que l’on devine à travers tes paroles. As-tu songé par exemple à écrire, diriger ou produire des courts-métrages ?
Sincèrement, j’y pense sans arrêt, mais seul le temps me manque. En fait j’y pense quand j’écris car je visualise en quelque sorte ce que j’écris. Sur « The Endless Feed » présent sur Character, j’utilise le dialogue et c’est vrai qu’un dialogue a quelque chose de visuel. Donc à court terme, l’idée de court-métrage me vient à l’esprit. J’adorerais vraiment faire quelque chose dans ce sens mais le temps ne me le permet hélas pas.

Néanmoins à cette frustration, il existe une compensation puisque tu t’impliques semble-t-il beaucoup dans les vidéos de Dark Tranquillity ?
Tout à fait. Je suis à fond dedans ! J’ai un de mes amis avec qui nous avons réalisé deux vidéos pour Fiction. Mais ma contribution se limite en vérité à des notions de cinématographie et de scénographie. Niklas s’y intéresse aussi de très près et nous avons beaucoup d’échanges à ce sujet. Avant même de commencer le tournage, on discute ce que nous pourrions faire pour cet album, quelles sont les idées visuelles qui pourraient servir etc… Mais la dure réalité est celle du business qui nous ramène sur terre en nous rappelant que nous n’avons ni le temps ni le budget pour ça (rire jaune). Nous avons donc réalisé la vidéo de « Focus Shift » notre premier single. Le tournage et le montage sont encore très frais et je n’ai pas encore vu le résultat final, je suis très impatient de voir ça. Je suis resté éveillé les deux dernières nuits pour finir le tournage de « Misery’ Crown ». Là en revanche, je ne sais absolument pas ce que va donner le montage final mais ce sera une vidéo assez étrange et apocalyptique, on s’est fait plaisir en incluant quelques jolies danseuses (rires).

Y a-t-il du matériel inédit issu des sessions d’enregistrement de Fiction ?
Nous avons effectivement quatre titres dont deux instrumentaux. L’un des titres chantés figurera sur l’édition japonaise de l’album … L’autre sera utilisé pour le prochain single.

Vous avez fait équipe avec Tue Madsen qui s’est chargé du mix de Fiction ?
(Enthousiaste) Oh tu n’imagines pas comment son travail nous a plu ! D’habitude nous travaillons avec Fredrik Nordström et les deux ont chacun une manière de procéder bien différente. Fred est plus du genre à mixer pendant les sessions tandis que Tue … je ne sais pas comment te dire mais avant qu’il ne s’attaque au mix, c’était l’album au son le plus pourri possible ! Je dois avouer que nous étions quelque peu anxieux car nous ne savions pas quelle tournure cela prendrait; mais bon, mes craintes étaient infondées en fin de compte (rires).

Y aura-t-il une édition limitée comme ce fut le cas pour Character ?
Oui, Niklas a créé deux couvertures totalement différentes pour les deux versions dont l’une inclura la vidéo de « Focus Shift » ainsi que des vidéos nous montrant en répétitions dans notre studio avant d’enregistrer l’album. Je pense que cela va plaire aux fans. Nous souhaitions incorporer une sorte de documentaire, mais nous n’avions pas assez de matière pour cela. De la même manière j’espère que nous pourrons enregistrer un DVD sur la tournée à venir parce que je ne suis pas très satisfait de notre DVD Live Damage. Cette fois-ci, si nous le pouvons, nous aurons plus de caméras et de moyens à disposition pour sortir un DVD digne de ce nom.

Comme beaucoup de groupes, Dark Tranquillity est présent sur Myspace.com et également sur Youtube, chose moins fréquente. Est-ce important pour vous de vous mettre techniquement à la page ?
Absolument, en fait nous l’avons toujours été. Myspace nous permet d’agrandir notre cercle de fans et surtout d’avoir un dialogue avec eux. Notre forum est le lien parfait entre le groupe et les fans. Si je souhaite savoir quels sont les désirs des fans pour la tournée à venir, je peux le savoir grâce à notre forum… et j’ai une réponse immédiate. C’est instantané et j’aime ça. Dès qu’une date tombe, elle est immédiatement postée et tout le monde est immédiatement au courant. De la même manière Youtube nous aide grandement : on y a posté des vidéos tournées pendant l’enregistrement de l’album et les réactions étaient incroyables. D’un point de vue général, je dirais qu’il faut vivre avec son temps et ainsi profiter de tous les média disponibles.

Quand peut-on espérer vous voir mettre les salles européennes à feu et à sang ?
Pour l’instant rien n’est encore planifié. Nous serons aux Etats-Unis pour quelques semaines. Nous reviendrons en Scandinavie par la suite avant de prendre part aux festivals d’été. Je peux d’ores et déjà te confirmer notre présence au Hellfest (avec entre autres, Slayer, Dream Theater, Pain Of Salvation et Megadeth). Je pense que nous devrions passer par chez vous vers les mois de septembre ou octobre. J’adore jouer à Paris, j’adore la Loco, mais jouer à l’Elysée Montmartre, c’est le pied il faut le reconnaître !

Avec une discographie comme la vôtre… ce doit être difficile d’établir une setlist ? A part « Punish My Heaven » qui est pour vous ce que « The Number Of The Beast » est à Iron Maiden, vous devez avoir une boîte d’aspirine pas loin de vous pour vous mettre d’accord (rires)
Mais c’est exactement ça (rires) ! Pour cette tournée à venir, nous allons changer pas mal de choses et notamment les titres que nous jouerons. D’habitude on change pas mal de titres d’un concert à l’autre histoire de conserver une certaine fraîcheur. D’ici à notre passage en France nous aurons trouvé la setlist parfaite. Nous voulons jouer des titres comme « The Endless Feed » qui est particulièrement intense sur scène. Nous souhaitons dépoussiérer certaines chansons de notre répertoire et leur donner une nouvelle dimension dans un contexte live, comme par exemple « The Dividing Line ».

Propos recueillis par Dan Tordjman

site web : http://www.darktranquillity.com

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