INTERVIEW : PATRICK RONDAT | |
Origine : France Style : Musique instrumentale Formé en : 1989 Composition : Patrick Rondat – guitare, claviers Patrice Guers – basse Dirk Bruinenberg – batterie Dernier album : An Ephemeral World (2004) | Aleks s’est trouvé une nouvelle fois face à Patrick Rondat, non pas pour l’écouter jouer de la guitare, mais bien pour entendre parler un musicien qui n’a pas sa langue dans sa poche. C’est dans une ambiance très décontractée que l’interview s’est déroulée autour d’un café, pour parler dans son nouvel album, An Ephemeral World, et de choses un peu plus personnelles. Ton nouveau disque vient de sortir, qu’as-tu voulu exprimer à travers ce cinquième album solo ? Il y a plusieurs choses dans ta question ! Tout d’abord, l’aspect musical : il est évident de ce côté-là que j’essaie d’aller vers un univers beaucoup plus personnel et d’intégrer plein d’éléments… d’aller vers ce que je pense être mon univers musical. C’est un petit peu plus progressif que ce que j’ai fait avant, mais en même temps je n’ai pas envie de copier X ou Y, de rentrer dans les clichés du metal progressif à la Dream Theater ou autres. Je ne dis pas que ce sont des clichés, parce que ce sont eux qui l’on inventé, mais je ne veux pas rentrer dans une copie de ça. Je veux intégrer des éléments qui étaient déjà présents dans mes premiers disques mais que je souhaite développer, et écrire une musique instrumentale qui ne soit pas axée sur la démonstration guitaristique permanente. Je souhaite intégrer à la fois la technique et la musicalité, en rester parfois à des choses construites avec très peu de notes, mais développant de véritables atmosphères. Bref, il s’agit d’intégrer tous ces éléments d’une manière que j’estime la plus harmonieuse possible, et puis développer l’ensemble. D’autre part, au-delà de l’aspect musical, il y a autre chose, que l’on peut entrevoir à travers le titre. Je suis parti de l’idée du premier morceau, » An Ephemeral World » (NdA : un monde éphémère), en réaction avec tout ce que je voyais dans les médias. Je pense que nous sommes nombreux à y percevoir les mêmes choses, cette permanence de surconsommation, d’émissions nazes, cette tendance à pousser les gens à consommer mais à ne pas s’attacher à ce qu’ils consomment. Pour moi, la musique, ce n’est pas quelque chose qui se consomme, c’est beaucoup plus important que ça, c’est pas seulement un disque que tu achètes, que tu écoutes deux fois avant de passer à autre chose. Pour moi, la musique c’est autre chose, ça fait partie de ma vie, comme de celle de pas mal de gens. Je pense que le but d’un artiste, consciemment ou non, est de rester dans le temps, d’exister à travers le temps. Or nous sommes justement dans une période où on ne demande pas de longévité : on te demande de marcher, sur une période donnée, et tant pis pour la suite. Tu as un mois d’existence, puis les gens passent à autre chose. Pour moi, ça, c’est le contraire même de l’art J’essaye justement de créer un monde musical, et j’ai donc écrit un petit texte pour dénoncer cet aspect éphémère des choses, renforcé par les évolutions de la société actuelle. Regarde l’informatique : tous les six mois faut updater tel truc. C’est la même chose pour les téléphone portables et pour tout ce qui nous entoure, cette pression permanente d’une pseudo-nouveauté. Je pense que, quelque part, on perd une espèce d’âme en faisant ça. On ne se situe plus dans la perspective de » faire » les choses, mais dans celle de les posséder et de les updater en permanence. Ce n’est pas parce que tu as un ordinateur plus balaise que le précédent que tu en seras rendu plus créatif. C’est un outil, simplement, et qui peut avoir beaucoup d’aspects positifs : j’ai produit mon nouvel album de cette manière. Or, si je n’avais pas eu d’ordinateur depuis quinze ans, je n’aurais pas pu procéder ainsi. Il ne s’agit pas de chasser la technologie, mais d’avoir autre chose en tête, et de savoir ce que tu feras avec. C’est bien d’avoir un outil mais il faut savoir ce que tu peux en faire. Tout est inversé aujourd’hui. Dans les magasins de disques, ils mettent un album en vente et si un mois après – enfin, je suis très optimiste en disant un mois… au bout de très peu de temps, s’il ne » tourne » pas, ils le virent. On ne laisse plus le temps aux gens… du coup, il » faut » que la musique soit facilement accessible, que les morceaux ne soient pas trop complexes, qu’ils ne dépassent pas quatre minutes, il faut que le tempo soit du 120 à la noire, que ce soit du 4/4, etc. A ce moment-là, qu’on assume et qu’on fasse une loi, qu’on interdise carrément le reste… Ca devient n’importe quoi, ces impératifs font office de loi maintenant… Quelles en sont les étapes de ton processus de compositions ? Je n’ai pas une méthode spécifique, mais comme j’écris tout, les parties de basse, de batterie, de claviers et… de guitare, on s’en serait douté, ça prend du temps… Généralement, je pars donc d’une idée de base, qui peut être une séquence, une suite d’accords, un riff, une mélodie, etc. Il n’y a pas vraiment un point de départ spécifique. Ensuite, les choses avancent un peu de manière irrégulière : je ne commence pas par écrire toutes les guitares, puis ajouter la batterie, etc. Parfois, je fais la guitare sur l’intro, puis j’ajoute la batterie, qui me donne une idée pour faire avancer la guitare ou les nappes de synthés, etc. Je ne procède pas d’une manière linéaire, chaque élément avance. L’autre truc, c’est que je prends du temps : je suis très lent parce qu’en fait, j’aime bien prendre du recul. Comme je disais tout à l’heure, la musique est tout sauf éphémère et je pense qu’en fonctionnant dans l’urgence, tu ne peux pas avoir le recul nécessaire. Je me suis aperçu que les morceaux que je supporte encore au bout d’un an et que je continue à apprécier seront généralement ceux que je supporterai plus ou moins toute ma vie, ou du moins que je supporte jusqu’à maintenant. Ce recul me permet de revenir sur les passages dont je ne suis pas convaincu, ou de réexaminer ce qui, sur le moment, me semblait bien et en fait ne sonne pas. Je fais un titre, je le mets de coté un mois, puis je le réécoute et si ça me paraît intéressant, j’y retravaille, je le laisse reposer à nouveau, et ainsi de suite. Je ne fais pas un album quand il » faut » faire un album, je fais un album quand j’ai les morceaux pour le faire. D’un album à un autre, gardes-tu des morceaux en réserve ou composes-tu du neuf à chaque fois ? Je garde très peu de morceaux, parce que généralement, il y a deux options : soit ils ne sont pas assez bons pour un album et il n’y a donc pas de raisons qu’ils le deviennent pour le suivant, soit ils fonctionnent et se retrouvent sur l’album en cours. La seule exception est » Why do you think like that ? « , qui figure sur On the Edge et qui devait à l’origine faire partie de Amphibia. C’est sur ce titre que joue Michel Petrucciani. Mais à l’époque, le titre n’était pas fini, et ne me semblait pas convaincant. Les titres qui me restent aujourd’hui de ma dernière session de composition, je ne les garderai pas. Tes nouveaux morceaux sont à mon sens différents des anciens, les structures sont plus complexes et étendues. Essayes-tu par là d’explorer de nouveaux territoires ? Je pense que la musique instrumentale doit évoluer dans cette direction. Je ne me sens plus capable aujourd’hui de faire un titre instrumental » classique « , avec une structure riff / couplet / refrain / solo / couplet / refrain. Toutefois, il ne s’agit pas de compliquer pour le principe ; je cherche à écrire des morceaux sophistiqués mais pas complexes. J’essaye par exemple d’intégrer des mesures composées, mais ça ne choque pas à l’écoute, parce que j’essaye de l’intégrer. Regarde » An Ephemeral World » : c’est un truc qui s’écoute assez » cool « , et pourtant, il est plein de mesures composées, de choses sophistiquées. J’essaye d’avoir une écriture fluide. Pour moi, la musique instrumentale donner plus de parts à d’autres instruments : la guitare et la technique doivent intervenir, mais que ce ne soit pas sans une réelle raison. Évidemment, tout ceci est très subjectif, d’autres diront peut-être que ce n’est pas assez technique, ou d’autres trouveront que c’est trop saoulant, etc… Il semblerait que tes morceaux aient évolué, qu’à la limite, on pourrait y ajouter du chant… Effectivement, tu peux mettre du chant, mais en même temps, si tu le faisais, ça ne prendrait pas ça, c’est bizarre. Dans la musique instrumentale, les règles ne sont pas les mêmes… enfin, tu as remarqué que lorsqu’on chante un thème qui est joué, c’est ridicule, et l’inverse l’est tout autant. Prends » Highway to Hell » de AC/DC en instrumental : tu vas rire. Essaye de chanter un morceau de Satriani : ça va être bizarre aussi ! C’est vraiment une autre approche. Par contre, ce que j’essaye de faire, c’est que ce soit de la musique plus qu’un album de guitare, même si la guitare est prédominante, évidemment ! Je ne mets plus un plan pour le plaisir de mettre un plan. Ca fait longtemps que je ne le fais plus, mais là, j’ai encore passé une étape. Y a-t-il des styles que tu ne veux pas intégrer dans ta musique mais qui peut-être la rendraient plus intéressante ? (Long temps de réflexion) Je n’en sais rien… honnêtement, ce n’est pas évident, parce que si je pensais sincèrement que cela pourrait apporter quelque chose, je le ferais, je n’ai pas d’idées qui m’arrêtent. Le seul truc qui m’arrêterait, je crois, c’est d’inclure des éléments trop liés à une mode, parce que j’ai l’impression que ça date un peu ta musique, et ça lui donne un coté très figé dans le temps. Je m’aperçois que plus les productions sont naturelles, plus les morceaux vieillissent bien. Plus tu rentres dans un effet de production lié à une mode, plus ça date et deux ans après, tu dis » ahhh berk « … Mais maintenant, si je pensais sincèrement intégrer un truc qui puisse apporter quelque chose, je le ferais. Peut-être n’ai-je tout simplement pas trouvé… Il faut quand même que l’ensemble soit homogène, tu ne peux pas tout mélanger non plus et des fois, on a tendance à penser qu’en mélangeant des choses, du rap et du funk avec du métal ou de la techno, du prog et du machin, etc., on pourra arriver à des choses nouvelles. On fait des collages, mais on oublie que tout cela, c’est du domaine de l’arrangement, ce n’est pas du domaine de la musique. On a tendance à se dire, si on met du rap avec du métal, que l’on a créé un nouveau style musical. Pas réellement ! C’est un nouvel arrangement d’une chanson mais pas un nouveau style. Le style réside dans l’écriture, c’est-à-dire le choix des notes, des accords, des rythmes. Ensuite, que tu le fasses jouer par un piano, une contrebasse, un banjo ou une guitare électrique, c’est du domaine de l’arrangement, et pas de celui de la créativité ou de la nouveauté musicale. Le problème aujourd’hui, c’est qu’on est entrés dans une ère où l’arrangement l’emporte sur l’écriture. Tu sors peu de disques depuis ton premier album, Just for Fun en 1989, à l’inverse d’un Satriani, qui en sort un presque tous les ans et demi. A quoi attribues-tu cela ? Je ne suis pas très rapide… Peut-être est-ce que je ne suis pas doué du tout, ce qui est envisageable… je trouve ça très dur de faire un album instrumental. Je connais bien Joe, mais je ne suis pas capable de faire ce qu’il fait, parce que j’aurais l’impression de me répéter. Or l’une des choses qui me fait plaisir dans ma carrière, est que mes cinq albums sont tous différents, chacun a son identité. A la fin de la phase de travail sur On the Edge, j’en avais un peu marre de la musique instrumentale et ça m’a fait du bien d’aller jouer avec Elegy, j’ai appris d’autres choses, j’ai joué différemment, ça m’a un peu rafraîchi l’esprit. Ce qui est amusant, c’est que j’ai écrit des choses pour Elegy et que je m’en suis resservi après, sous une autre forme, pour ce que je fais maintenant. Ca s’entend ! C’est vraiment ce que j’ai écrit pour eux qui m’a influencé… Je me suis donc auto-influencé, mais je crois que c’est positif. Si j’ai des titres pour un album, je le fais, mais je ne veux pas rentrer dans un rythme de production à la Satriani, parce que j’écris tout, et c’est à la fois dur et long. Pour l’instant, je n’ai jamais eu la chance de pouvoir m’installer dans un local avec d’autres musiciens pour composer. Du coup, ça me demande énormément de travail de tout programmer, etc. Rien que les parties de batterie : je les programme à 90%. Du coup, je produis un album quand je me sens prêt et quand j’en ai envie. Je pense que c’est aussi ce qui fait qu’il y a une sorte d’intérêt pour mes disques, lorsqu’ils sortent. Je ne vais pas dire que c’est un évènement, ce serait un petit peu prétentieux, mais disons que les gens ne réagissent pas en se disant » tiens le revoilà encore ! « . Je préfère qu’il y ait une attente et arriver avec un truc bien que de répéter les choses. D’un point de vue plus technique, as-tu des lacunes dans certains domaines tels l’harmonie, le solfège ou même l’orchestration ? Oui, il serait malvenu de ma part de dire que je maîtrise tout ça à 100%. Je n’ai pas de lacunes fondamentales qui me gêneraient pour avancer, et quand je me sens limité dans un domaine, je travaille, je m’achète des bouquins, je révise. En général, on garde nos acquis tant que l’on s’en sert. Il m’arrive d’oublier certaines règles d’harmonie, d’avoir des trous de mémoire sur certains trucs, d’oublier de me servir de certaines choses que j’ai apprises. Dans ces cas-là, je pioche dans ce que je sais ou dans ce que j’ai appris. Je ne suis pas un grand lecteur, mais je connais bien l’harmonie, la lecture rythmique, le solfège… Je sais lire la musique quoi… J’essaye d’avancer là-dedans aussi, mais je suis loin d’être arriver à tout… Pour moi, le plus gros défi, c’est de produire quelque chose de truc personnel. C’est ce que j’ai essayé de faire dans cet album, même si je n’ai pas la prétention d’avoir tout inventé. J’ai cherché à faire un album qui ne corresponde pas à un disque que tu as déjà chez toi. T’arrives-t-il de ne pas pouvoir retranscrire ce que ton cerveau dicte à ta guitare ? Très rarement, parce que je suis très tenace. Ça m’est arrivé sur certains morceaux, comme » Donkey’s Island « , où j’ai programmé le premier riff avec un synthé : je ne l’ai pas joué à la guitare avant. J’avais pour projet de le doubler ensuite à la guitare et je me suis rendu compte qu’il y avait des positions un peu difficiles. Ce n’était pas spécialement insurmontable, mais c’était un peu tordu. Bref, d’une manière générale, si j’ai envie d’écrire un truc, je l’écris et après je m’arrange pour le jouer. Ça prend le temps que ça prend mais j’y arrive. (rires) Dans la Partita de Bach ou le Vivaldi’s tribute, tu prends plaisir à reprendre des pièces importantes pour violon d’une grande virtuosité. Aurais-tu préféré jouer du violon ? J’aurai bien aimé, oui. Quelque part je pense qu’être violoniste classique n’aurait peut-être pas été un rêve caché mais en tous cas, c’est un truc que j’aurais apprécié. Tu penses qu’il est trop tard pour t’y mettre ? Non, je pense que j’en jouerai un jour, mais pour m’amuser. Cela dit, c’est vrai que la Partita représentait un vrai challenge. Lorsque je l’ai entendue, je me suis dit que j’avais envie de la jouer. J’ai trouvé la pièce vraiment belle mais je ne savais pas ce qui m’attendait. Ça ne paraît pas très très difficile mais ça l’est. Tu as quand même fini par en attraper une tendinite ! C’est de ma faute. Je bosse énormément : normalement, je ne suis donc pas prédisposé à attraper une tendinite. Je suis capable de jouer six à dix heures par jour, sans aucun problème. Mais là, j’ai fait une fixation, j’ai voulu la jouer et l’enregistrer et j’y ai passé des heures. Je l’ai jouée je ne sais pas combien de fois et à un moment donné ça a fait » splosh « . Je commençais à avoir un peu mal et j’ai continué à jouer comme un crétin, et voilà. C’est donc uniquement de ma faute. Le problème, c’est que j’ai maintenant une espèce de faiblesse. Ça va, mais il faut que je sois prudent. Même si la tendinite remonte maintenant à quelques mois, ce n’est pas gagné pour rejouer la Partita parce que les positions ne sont pas naturelles, elle n’a pas été écrite pour guitare ! Tu es un grand spécialiste de l’aller-retour. Quelles sont les techniques que tu ne maîtrises pas complètement ? Je ne suis pas très à l’aise en tapping, même si j’en fais un peu. En sweep, je me débrouille, j’en place quand j’ai besoin, ça ne me pose pas trop de souci. En legato, je me débrouille s’il le faut, je n’ai pas trop de problèmes. C’est surtout en tapping que je ne suis pas une flèche. Mais c’est avant tout parce que je ne l’ai pas tellement bossé. Que joues-tu chez toi lorsque tu veux te détendre ? Le plus souvent de la guitare acoustique, pas mal d’arpèges, même assez techniques, comme sur mon deuxième album. Je ne joue pas de classique parce que je ne joue pas aux doigts, je fais tout au médiator. J’ai joué très longtemps des morceaux de DiMeola, c’est l’une des personnes qui m’a le plus influencé, pas musicalement – encore que – mais techniquement, c’est évident. C’est l’une des personnes qui m’a donné envie de jouer en aller-retour. Quelque part, je lui dois beaucoup parce que si je ne l’avais pas bossé, je n’aurais jamais été dans la compétition à l’époque où Malmsteen, MacAlpine et tous ces gens-là sont sortis. À l’époque, dans le métal, personne ne jouait comme ça, et ma particularité est due à ces gens là, Mc Laughlin, DiMeola … Qu’écoutes-tu en ce moment ? Quelles sont tes dernières découvertes ? Je n’écoute pas grand-chose… principalement Porcupine Tree, j’adore ce groupe. Il m’arrive aussi de ressortir des vieux Simple Minds, des trucs qui n’ont rien à voir, pour le coté atmosphérique… Enfin, mon but, même si ce n’est pas aussi conscient que ça, est à mi-chemin entre Pink Floyd, Simple Minds, et évidemment tout ce qui est un peu plus métal, comme Metallica, tout ce qui est progressif, et même le classique, ou The Gathering, des choses très atmosphériques. Je pense qu’avec tout cela, j’ai trouvé ma voie … Dernière question : quelle question aurais-tu aimé que je te pose ? Je ne sais pas, je pense qu’on a exploré pas mal de choses … La question qu’on me pose souvent ces temps-ci est de savoir s’il est encore légitime de faire un album instrumental en 2004. C’est-à-dire, est-ce que c’est raisonnable ? On est dans une période où c’est le succès qui donne leur légitimité aux artistes. Il faut donner aux gens ce qu’ils attendent et non le contraire. Ce n’est plus aux artistes de donner aux gens des choses qui sortent d’eux, nous sommes transformés en distributeurs qui doivent donner aux gens ce qu’ils veulent. Je pense qu’on se trompe de cible et que, quelque part, la réussite d’un artiste, ce n’est pas uniquement de vendre un million d’albums sur un disque. Pour moi, la réussite, c’est de vendre assez pour vivre toute sa vie de sa musique… Propos recueillis par Aleks Lézy site web : http://www.rondat.com retour au sommaire |