Tesseract

15/04/2016

Le Divan du Monde - Paris

Par Lucas Linussio

Photos: Marjorie Coulin

Site du groupe : http://tesseractband.co.uk

Setlist :

The Contortionist : Language I : Intuition Language II : Conspire Thrive Solipsis Causalty Flourish Geocentric Confusion The Parable Tesseract : Phoenix Concealing Fate, Part 2: Deception Concealing Fate, Part 3: The Impossible Of Matter - Proxy Of Matter - Retrospect Dystopia Hexes Of Mind - Exile Survival April Of Mind - Nocturne Concealing Fate, Part 1: Acceptance

Tesseract, c’est un peu la rolls du djent. En trois disques, ils ont su se démarquer des autres groupes en affichant une musique à la fois complexe et facile d’accès. Mais surtout ils ont réussi à créer un son reconnaissable entre mille. Avec Polaris, ils montaient encore d’un cran en s’imposant comme un des leaders de la New Wave of Progressive Metal. En tournée depuis mi-octobre afin de conforter cet album, ils reviennent dans la ville lumière pour nous illuminer le temps d’une soirée en compagnie des Américains de The Contortionist. Et rien de tel que la superbe salle du Divan du monde pour croiser le fer contre ces deux mastodontes du prog. Préparez vos oreilles, ça va saigner !

C’est avec une salle quasi sold out que débute le set des compères américains. Le quintette ouvre le bal en nous interprétant trois morceaux de leur nouvel album intitulé Language. Une bonne partie de la foule se met déjà à pogoter dans tous les sens en plein milieu de cette petite fosse parisienne. C’est bon signe ! On peut d’ores et déjà souligner le fait que ces musiciens savent ce qu’ils font, c’est indéniable. Le niveau global est assez impressionnant tant en terme de technicité que de complexité des riffs. Joey Bacca est réglé comme une montre suisse, aucune signature rythmique ne lui fait peur.

C’est d’ailleurs le problème de ce groupe : les morceaux sont peut-être trop complexes pour en profiter pleinement en condition live. Aussi, on se rend compte que le feeling n’est pas aussi présent que ce qu’on aurait pu espérer en écoutant les enregistrements studio. En effet, on ne voit presque pas d’interactions entre les membres du groupe du fait qu’ils ont les yeux rivés à leur instrument. Après quelques morceaux piochés dans Exoplanet et Intrinsic, ils finissent sur le somptueux « The Parable » qui clôture cette première partie en demi-teinte.

Enfin, trêve de plaisanteries, l’heure est grave et l’on attend les maîtres incontestés du genre sur un sample qui ressemble étrangement aux ambiances planantes de Polaris. Dans le mille, puisque nous les voyons monter sur scène et on se prend « Phoenix » en pleine tête ! Et à ce moment-là, on sait qu’on va se régaler pendant une heure et demie. La foule commence à s’agiter et l’ambiance monte petit à petit. Le spectacle continue avec deux morceaux du premier opus One puis deux morceaux de Altered State. Ils ont choisi de répartir au mieux les trois albums dans la setlist, ce qui rend le concert très cohérent et pas du tout redondant, pour notre plus grand plaisir !

Les musiciens sont très impressionnants. Mention spéciale pour Daniel Tompkins qui a brillé comme jamais. On avait quelques doutes sur la justesse de Daniel, ayant regardé quelques lives sur Youtube, et bien ce soir il nous a démontré l’inverse. Sa voix peut être subtile et douce puis peut se distordre afin de donner plus d’ampleur aux morceaux. Amos Williams est aussi très impressionnant. Jouant pieds nus (ça nous rappelle un autre Anglais) et ayant une présence scénique prononcée, il ne manque pas de se faire remarquer. Cependant un léger point noir est à déplorer. Le concert est millimétré, c’est-à-dire que tout est calculé pour que tel sample se déclenche à tel moment afin que le groupe puisse jouer, avec l’aide d’un clic sûrement. Ainsi, et même si le travail de programmation en amont doit être énorme, le fait de se retrouver devant un concert qui supprime toute proportion d’improvisation de la part du groupe le rend fade et robotique.

La soirée s’achève. La salle se vide petit à petit, puis on se remémore le concert à chaud devant un bon repas. Que doit-on conclure de cette soirée ? Elle était tout bonnement excellente ! Mais l’aspect un peu robotique et maîtrisé de la prestation laisse un goût amer, comme si l’on n’avait plus l’impression de vivre quelque chose d’unique et magique mais bien un show qui peut se voir des milliers de fois. Mais cela n’enlève en rien à la qualité du groupe qui, on l’espère, reviendra vite à Paris dans le cadre d’une nouvelle tournée.