Riverside + The SixxiS + Lion Shepherd
23/11/2015
Le Divan du Monde - Paris
Par Dan Tordjman
Photos: Thierry De Haro
Site du groupe : http://www.riversideband.pl
Setlist :
Lost (Why Should I Be Frightened By A Hat) / Feel Like Falling / Hyperactive / Conceiving You / 02 Panic Room / The Depth Of Self-Delusion / Saturate Me / We Got Used To Us / Discard Your Fear / Escalator Shrine /// Rappel : The Same River / Found (The Unexpected Flaw of Searching)Riverside à Paris, c’est quand même un petit évènement qu’il convient de ne pas manquer. Les Polonais ont su tisser au fil des ans un lien avec la France qu’il est difficile de nier. C’est donc avec leur dernier album que Mariusz Duda et ses copains sont (re)venus dans la ville lumière. Retour en images et en mots.
Comme pour la chronique de Love, Fear And The Time Machine, nous allons faire preuve de franchise. Nous avons en effet hésité à couvrir ce concert. Et pourtant, Riverside, quand même ! L’auteur de ces lignes serait-il sur le point de commettre une hérésie en passant sous silence ce nouveau passage des Polonais dans la capitale ? La réflexion fut brève, car résumer Riverside à son dernier disque serait une insulte. Nous nous sommes donc rendus au Divan du Monde avec une partie de la Chromateam. Comme lors de son dernier passage, la formation s’est entichée non pas d’un, mais de deux groupes en guise de chauffe-salle.
Parlons d’abord de Lion Shpeherd. Originaires de Varsovie, les copains de Riverside ont la particularité d’avoir un chanteur-guitariste, Kamil Haidar, d’origine … druze, apportant ainsi une touche orientale à leur musique, elle même agrémentée de oud, par l’entremise du guitariste Mateusz Owczarek. A priori, tout est réuni pour faire voyager. Malheureusement, certains ont du mal à décoller, la faute peut-être à un son un peu linéaire ? Il faut reconnaître toutefois que les suffrages positifs récoltés parlent d’eux-même. Certains semblent en effet y trouver leur compte, alors ne gâchons pas leur plaisir.
Du plaisir, votre serviteur en a pris une bonne grosse rasade avec The SixxiS. Le groupe originaire d’Atlanta n’est pas inconnu pour certains d’entre vous, vu qu’il a, par le passé, officié en ouvrant pour The Winery Dogs et l’an dernier, pour Spock’s Beard. Certains sont donc ravis de les voir de nouveau à Paris. Pendant le temps de son set, The Sixxis a fait parler la poudre, en grande partie grâce à son batteur de poche Dave Ragsdale (petit mais alors TRES costaud) et son trop timide bassiste Mark Golden. La formation, menée par son chanteur-violoniste Vladdy Ishakov, séduit. Cela s’entend à l’applaudimètre et Piotr Grudzinski, resté sur le côté pour assister à leur prestation, ne s’y trompe pas et applaudit lui aussi. D’un set limpide, on retiendra notamment « Dreamers », « Failed Design » ou encore « Nowhere Close ». Mission accomplie pour The SixxiS dont le capital sympathie augmente un peu plus à chaque passage en France.
Il est maintenant grand temps d’accueillir, sous les vivas nourris du Divan Du Monde, Riverside. Si une légère polémique est née à la sortie de Love, Fear And The Time Machine, il convient d’admettre, comme dit en préambule, qu’un concert de Riverside est un évènement en soi. Cependant, les discussions entendues dans la fosse confirment le scepticisme qui entoure les Polonais depuis Anno Domini High Definition. Alors, on s’interroge sur le potentiel des nouveaux morceaux en live même si « Lost (Why Should I Be Frightened By A Hat) » fait penser à du Riverside pur jus. Néanmoins, il ne faut pas y voir ici une volonté de leur part de compter fleurette dès le début du set. L’enchaînement composé de « Feel Like Falling » et surtout d’« Hyperactive » puissant à souhait, balaie d’un revers de main ce sentiment de prog-comptine. Comme écrit dans la chronique du dernier disque, Riverside aime bien brouiller les pistes. Que serait un set des Polonais sans « Conceiving You » que certains attendaient peut-être plus tard mais qui vint provoquer une première accalmie doublée d’un sommet certain d’émotions ? Il est aussi question d’humour au moment où Mariusz Duda compare le groupe aujourd’hui à ce qu’il fut il y a dix ans. Se tournant vers Piotr Grudzinski à la barbe quelque peu blanchie, il fait le rapprochement avec un bon Bordeaux. La même pour Michal Lapaj… alors que le claviériste est un Beaujolais. Bref, le message est clair : Riverside, c’est comme le bon vin, il se bonifie avec l’âge.
Alors, qu’en est-il des nouveaux morceaux ? On serait tenté de dire que c’est du cinquante-cinquante. Si certains comme « Saturate Me » passent avec succès le test de la scène, le doute subsiste de manière légitime sur « Discard Your Fear ». Le sentiment mitigé qui perdurait dans notre esprit est hélas bien parti pour rester ancré un moment. Et même si on se délecte de perles comme « The Depth Of Self-Delusion » et « We Got Used To Us », le goût d’inachevé évoqué dans la chronique de Love Fear And The Time Machine se confirme. Pour le rappel, on a pu se régaler avec une nouvelle version de « The Same River » et c’est logiquement avec « Found (The Unexpected Flaw of Searching) », après avoir débuté avec « Lost » que Riverside met un point final à une soirée riche en émotions. Nous nous attendions à être touchés, en plein cœur. Habituel, diront certains. Peut-on pour autant conclure à un concert clé en mains ? Non, cela n’existe pas dans le vocabulaire de Riverside.