Transatlantic

02/04/2014

Bataclan - Paris

Par Dan Tordjman

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.transatlanticweb.com

Setlist :

Into The Blue / My New World / Shine / The Whirlwind Medley / Kaleidoscope / Beyond The Sun / Jayda / We All Need Some Light / Black As The Sky // Rappel : Medley All Of The Above - Stranger In Your Soul

Cela ne fait aucun doute : la venue de Transatlantic à Paris constitue un point culminant des rendez-vous progressifs à ne pas manquer en France. Leur Kaleidoscope sous le bras, Mike Portnoy et consorts sont venus partager leur joie de vivre et de jouer ensemble avec les fans français.

Certes, on peut se questionner sur la nécessité d’aller s’enfermer dans une étuve comme le Bataclan un jour où le soleil rayonne de mille feux sur la capitale : fallait-il éviter cette réclusion temporaire ? Quand on connaît le lien qu’entretient Transatlantic avec la France, la réponse s’impose d’elle-même, même s’il y aura toujours d’éternels insatisfaits, reprochant au groupe d’avoir enregistré son prochain DVD / Blu-ray à Cologne. Pour une raison que seuls les musiciens connaissent, jouer à Paris provoque une transe. En transe, l’auditoire du Bataclan l’est déjà depuis plusieurs heures, d’autant que cette date est complète.

Si en plus, on vous dit que c’est la dernière de la tournée et que l’on s’attend à une décompression totale de la part de la troupe, le plaisir est décuplé. L’absence notoire de Daniel Gildenlöw (présent en tant que musicien additionnel depuis la tournée Bridge Across Forever) à cause d’un staphylocoque donne à ce rendez-vous un caractère un peu spécial. La présence de Ted Leonard a de quoi rassurer les plus sceptiques. Entre le Progressive Nation At Sea (on a tenté d’y aller à la nage, mais sans succès) et les dates européennes, les avis postés sur tous les réseaux sociaux sont plus qu’enthousiastes concernant la contribution du chanteur d’Enchant et de Spock’s Beard.

Ce sont donc autant d’éléments qui font monter l’impatience et l’adrénaline avant qu’elles n’atteignent leur paroxysme à l’extinction des lumières. Les choses n’ont pas été faites à moitié : la France est mise à l’honneur via un petit montage video avant que Ted Leonard ne prenne place sur scène, suivi respectivement de Pete Trewavas, Roine Stolt et Neal Morse et l’incontournable Mike Portnoy tout sourire, très détendu et visiblement très heureux d’être là. Près de trois heures de concert sont prévues ce soir et dès les premières secondes d’« Into The Blue », la couleur est donnée : ce soir, c’est fromage ET dessert. Le groupe veut se faire plaisir ET faire plaisir. Si Roine Stolt et Pete Trewavas apparaissent respectivement effacés et discrets, ils n’en restent pas moins efficaces, laissant à Messieurs Morse et Portnoy (dont la batterie est volontairement montée de côté) le soin de faire le show. Et quel show ! De mémoire, l’auteur de ces lignes n’avait jamais vu le batteur tatoué aussi déchaîné … et autant heureux de vivre. On aurait pu le croire au bout du rouleau, entre la supervision du Progressive Nation At Sea et la suite de la tournée. Le bougre se permet des folies comme celle notamment de prendre l’une de ses cymbales et de descendre au bord de la scène pour partager un moment percussif avec deux ou trois privilégiés. Avec une telle énergie, il transcende tout le public du Bataclan (qui reprend par la suite le thème de « My New World ») avant de proposer une première accalmie avec « Shine ». Paradoxalement, le titre passe bien mieux sur scène que sur disque et recueille bon nombre de suffrages.

Rien de comparable en regard du tourbillon qui arrive : un medley autour du bien nommé The Whirlwind et une somptueuse pièce du boucher en la personne de « Kaleidoscope ». Le monolithe éponyme du dernier album studio prend tout le monde à la gorge avec, en clin d’œil au passage « Ride The Lightning », la reprise du thème du morceau culte de Metallica ! Mike Portnoy est passé par là, à coup sûr. Il fallait bien se remettre de ses émotions après un tel déferlement progressif. C’est à ce moment que Neal Morse invite tout son auditoire d’un soir à souhaiter un bon anniversaire à sa fille Jayda présente à Paris, avec le reste de sa famille. Le Révérend nous gratifie même d’une ritournelle piano / voix qu’il vient d’écrire pour elle et ce petit aparté privé chanté en public s’avère être pour lui très riche en larmes et en émotions. On prolonge la trêve et pour le coup, l’on s’interroge sur l’intérêt de « Beyond The Sun » dispensable. Qu’à cela ne tienne, le délicieux « We All Need Some Light » met tout le monde d’accord et met en avant Ted Leonard chargé d’en chanter le second couplet. A la sortie du concert, le public semblait conquis par ses interventions parcimonieuses mais tellement empreintes de feeling, confirmant la bonne pioche faite par Transatlantic en recrutant cet artiste.

ll est temps de repartir de plus belle. On est dans la dernière ligne droite de la soirée et quoi de mieux que « Black As The Sky » pour donner un coup de fouet ? Les harmonies vocales des refrains sont parfaitement retranscrites et enrichies avec le timbre soul de Ted Leonard qui se verra gratifier d’une intervention. Les quatre mousquetaires chantent en effet chacun une ligne avant le dernier refrain, laissant une petite place à leur compagnon pour qu’il prenne part au titre.

Le temps passe et nous n’avons pas encore atteint les trois heures de concert lors du rappel. Cette soirée mémorable pouvait-elle se finir sans « All Of The Above » et « Stranger In Your Soul » ? Transatlantic pouvait-il jouer les deux sans prendre le risque de dépasser le couvre feu ? On ne peut répondre que par la négative. Un medley comprenant ces deux pavés historiques se charge de mettre un point final à cette soirée. C’est à ce moment précis que Roine Stolt sort de sa réserve, se permettant une incursion dans la fosse, brisant l’image d’iceberg scénique qui lui colle à la peau. C’est accompagné de toute son équipe technique que Transatlantic remercie une dernière fois ses invités français d’un soir. Saluons la contribution de Ted Leonard qui, espérons-le, a pu, ce soir-là, augmenter son capital sympathie. Une soirée qu’il fallait définitivement ne pas manquer.

PS : la Chromateam fait un gros bisou à Daniel Gildenlöw, lui souhaitant un prompt et sain rétablissement.