Pain of Salvation

01/03/2012

Divan du Monde - Paris

Par Maxime Delorme

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : www.cryptexmusic.de / www.painofsalvation.com

Setlist :

Softly She Cries / Ashes / Linoleum / The Deeper Cut / 1979 / To the Shoreline / Chain Sling / Ending Theme / The Perfect Element / Stress / Kingdom of Loss / No Way / Enter Rain / Black Diamond // Rappels : Black Diamond (Kiss cover) / The Physics of Gridlock / Sisters

A peine trois mois après son passage en première partie d’Opeth, la troupe de Gildenlöw revient à Paris pour présenter son nouveau line-up au Divan du Monde. En effet, après s’être séparés de deux membres émérites, Johan Hallgren (Guitare) et Fredrik Hermansson (Claviers), ainsi que de l’éternel bassiste-non-crédité Per Schelander, les Suédois nous présentent leurs remplaçants respectifs : Ragnar Zolberg, Daniel Karlsson et Gustaf Hielm.

Après tant de mauvaises nouvelles, l’annonce d’un concert avec Pain of Salvation en tête d’affiche aurait pu faire peur à l’auditeur assidu. Ces dernières années ont confirmé la prise de contrôle de Daniel Gildenlöw qui, s’il en était déjà l’éminence grise, savait laisser de la place à ses compagnons. L’annonce du départ de deux des plus vieux membres de l’équipe avait troublé la communauté et laissé présager le pire quant à l’avenir du groupe. Un bref coup d’œil au stand merchandising ce soir annonce la couleur : à côté des goodies Pain of Salvation on peut apercevoir des posters A0 de … Daniel Gildenlöw.

Alors que monte intérieurement l’horreur et l’appréhension de ce qui se prépare, le brouhaha du public est interrompu par l’entrée en scène de Cryptex, trio en charge de mettre la foule dans de bonnes dispositions pour la tête d’affiche. Ce rôle, les Allemands l’assurent à la perfection grâce à leur rock-folk-psyché-whatever. Il faut avouer qu’entre Martin Linke, guitariste au poil lissé et au sourire colgate et Simon Moskon au chant, claviers, appels de foule, le public ne s’ennuie pas une seule seconde pendant cette première partie. Cerise sur le gâteau, les membres de Cryptex se permettent de jouer quelques notes d’instruments divers et variés pour agrémenter leurs morceaux. On note entre autres un solo d’harmonica, une intro au kalimba, une au didjeridoo ou encore des percussions assurées au Cajón.

Malgré toute cette animation, cette mise en bouche manque d’un petit quelque chose (qui pour une fois n’est pas le grain de folie). Les morceaux joués par Cryptex reposent quasiment tous sur le même schéma : introduction, tension, montée en puissance pour déboucher sur … rien. A chaque fois, le trio fait monter la sauce et retomber la mayonnaise comme un vieux soufflé trop cuit. Ainsi, bien que le rôle assumé d’amuseur lui sied particulièrement bien, on a du mal à imaginer le trio dans un autre contexte qu’une première partie.

Lorsque le groupe quitte la scène, c’est pour laisser la place à Pain of Salvation. C’est donc la nouvelle formation du boys-band progressif suédois qui prend place pour une bonne heure et demie de concert. On se remémore alors les appréhensions au moment de l’entrée dans la salle, on les évalue, puis on les balaie définitivement. Car la surprise est de mise ce soir. Pain of Salvation nous livre en effet son meilleur concert depuis l’arrivée de Léo Margarit (i.e. depuis 2008) ! S’il aura fallu le départ de trois membres pour évacuer les tensions, c’est un ensemble à la bonne humeur surprenante qui s’installe sur la scène ! Contrairement au concert précédent, les posters Gildenlöw sont uniquement relégués au stand merchandising (peut-être par manque de place sur scène ?), présentant ainsi la formation comme une unité bien forte. Et cette entité unique, cette cohésion est bien celle qui nous manquait ces dernières années.

Un concert dans la bonne humeur à la setlist des plus surprenante puisque Road Salt ne monopolise pas l’attention. Ainsi, les fans de la première heure sont heureux d’entendre les morceaux d’Entropia, Remedy Lane ou de Perfect Element servis sur un plateau d’argent. Les Suédois incorporent par ailleurs quelques très bonnes surprises sous la forme de raretés en live nommées « Stress », « Chain Sling » ou encore « Enter Rain ». Certes, le nouveau line-up aura quelques ratés entièrement assumés dans la bonne humeur (comme l’oubli de transition sur « Enter Rain »), mais étant donné le haut niveau de technicité des morceaux interprétés, on éprouvera une infinie sympathie pour le trio de nouveaux n’ayant eu que quelques mois pour apprendre et répéter les titres.

Au niveau du jeu de scène, il est toujours au top, proposant un show énergique où les occasions de sauter (et d’encourager la foule à le suivre) sont nombreuses. Malgré tout, Zolberg fait montre d’un peu moins de pèche que son prédécesseur Hallgren, probablement par syndrome de « timidité de première tournée ». Notons au passage la surprise à l’attention du public lors du rappel où les membres échangent leurs instruments pour servir une reprise de « Black Diamond » de Kiss. Ainsi nous avons l’occasion de voir Daniel Gildenlöw à la batterie et Daniel « D2 » Karlsson reprendre son rôle de bassiste (qu’il assumait en interim au départ de Per Schelander, sur la tournée avec Opeth).

C’est avec la banane que les fans de Pain of Salvation vident la salle après deux heures de concert intenses. Un retour en force qui nous laisse espérer un comeback musical sur des horizons à nouveau très « progressifs ». Les Suédois ont fini de remonter la route de leurs inspirations, il est maintenant temps d’innover à nouveau et d’avancer. Ce concert est la preuve que le quintet est très loin d’être mort !