Pain of Salvation

26/11/2010

Scène Bastille - Paris

Par Fanny Layani

Photos:

Marjorie Coulin

Site du groupe : http://www.painofsalvation.com

Setlist :

Of Two Beginnings / Ending Theme / People Passing By / Linoleum / Ashes / Diffidentia / Winning A War / No Way / Road Salt / Of Dust / Kingdom of Loss / Falling / The Perfect Element

Pour la promotion de Road Salt One, et après l’agréable concert de l’Elysée-Montmartre lors de la sortie du EP Linoleum, Pain of Salvation revenait à Paris sous d’étranges auspices. La date initialement annoncée avait été avancée d’un soir, et il y avait matière à s’interroger sur le choix de la salle…

En effet, quelle idée de faire jouer un groupe de la stature de Pain of Salvation à la Scène Bastille ! Un endroit qui présente de nombreux avantages, certes, mais qui reste totalement sous-dimensionné pour la formation suédoise, d’autant plus que celle-ci a prévu pour cette tournée des rudiments de mise en scène et même un semblant de décor. Résultat, dans cet espace trop confiné, la troupe de Daniel Gildenlöw se retrouve à l’étroit et les effets préparés tombent en partie à plat faute de pouvoir prendre la dimension prévue.

Les organisateurs ont-ils été échaudés par le semi-échec de la précédente prestation parisienne, avec un Élysée-Montmartre en petite configuration qui n’était alors rempli qu’à ses deux-tiers ? Ou faut-il déduire de ce choix que Road Salt One ne triomphe pas, en terme de ventes, et que le tourneur a souhaité éviter de prendre des risques ? L’accueil réservé aux nouveaux titres constituerait un indice de poids pour en juger, selon qu’il serait froid, indifférent ou chaleureux. Comment allaient être reçus sur scène les errances blues-rock et les influences seventies résultant des derniers tâtonnements des Suédois ?

Il sera, de fait, « mitigé ». Peut-être est-il difficile d’entrer réellement dans l’ambiance de cette salle où seule une petite moitié du public, dans le meilleur des cas, peut voir convenablement ce qui se déroule sur scène ; ou que le groupe est condamné à rester statique, alors qu’on les connait pour être d’un naturel déchaîné ? Peut-être est aussi dû au son de guitare confus, fâcheuse habitude que l’on retrouve lors des venues du groupe à Paris ?

Quoi qu’il en soit, l’enthousiasme ne déborde pas à l’issue de l’enchaînement de « No Way », « Road Salt » et « Of Dust », même si les applaudissements sont sincères. Et seule l’épreuve du temps, finalement, permettra de dire si « Linoleum » atteindra des records d’applaudimètre atteints par les tubes tirés de The Perfect Element, Part I et de Remedy Lane. L’aspect blues-rock des dernières compositions est ici davantage renforcé par le son live, et va jusqu’à « contaminer » parfois les autres titres. Ainsi en est-il de « The Perfect Element », justement, que l’on aura rarement entendu sonner aussi « roots ».

À l’occasion d’un rapide rappel, Daniel Gildenlöw teste son emprise sur le public, en faisant s’asseoir toute la salle, le temps d’un « Hallelujah » désormais classique et bienvenu pour calmer le jeu après la fin dantesque de « The Perfect Element », qui avait de quoi laisser le public à la fois assommé et sous tension.

Ainsi, malgré toutes ces embûches, l’envie de jouer est manifeste. Tout le monde se donne comme un seul homme, et le charismatique leader en fait des caisses sur l’émotion, les blagues et la proximité (cabotine, il faut bien l’avouer) avec l’assemblée, allant jusqu’au petit bain de foule en fin de concert, photos, bisous et demoiselles heureuses à l’appui. Ce soir-là, Pain of Salvation a au moins prouvé que, quel que soit le répertoire et quelles que soient les conditions, il restait avant tout un grand groupe de rock, tout simplement.