Orphaned Land
14/06/2010
Nouveau Casino - Paris
Par Fanny Layani
Photos: Fanny Layani
Site du groupe : http://www.orphaned-land.com
Setlist :
Birth of The Three / Olat Ha'Tamid / Disciples of the Sacred Oath / Barakah The Kiss of Babylon / Sapari / Yayehi / The Path pt. 1 / Ocean Land / M I ? / The Warrior / El Meod Na'Ala / Seasons United / In Thy Neverending Way / Norra El Norra / Ornaments of Gold
Quelques mois après la sortie unanimement acclamée de The Neverending Way of ORwarriOR, les Israéliens étaient très attendus à Paris pour leur premier réel concert en tête d’affiche, quatorze longues années après El Norra Alila, l’album qui les avait révélés en France, et au bout de près de vingt ans d’existence. Un Nouveau Casino bondé était prêt à les accueillir, et le groupe s’est montré largement à la hauteur des espoirs que plaçait en eux un public bigarré et enthousiaste.
Autant le dire d’emblée, il est peu charitable de consacrer plus d’un paragraphe aux deux groupes de première partie. Si les Parisiens d’Arkan sauvent quelque peu les meubles avec leur death vaguement orientalisant — bien trop proche cependant d’un Orphaned Land — et font sourire le public par une reprise du « Didi » de Khaled, version Iron Maiden de Bab-El-Oued, guitares à la tierce incluses, les Allemands de Suidakra plongent le public dans un long tunnel de quarante-cinq minutes, bien pénible à tous points de vue. Un death metal qui se veut méchant, entrecoupé de passages plus ou moins celtes, un son creux où rien ne survit en dehors d’une basse et d’une grosse caisse ultra chargées, un chanteur aux fraises, des structures bêtes à manger du foin et une mise en place aléatoire… A oublier d’urgence.
Peu importe à vrai dire : le public est venu pour Orphaned Land. Dès les premières notes de « Birth of the Three », la chaleur monte brutalement et le Nouveau Casino, entièrement acquis à la cause des Israéliens, prend tout à coup des airs de Sinaï écrasé d’un soleil implacable : on sue, c’est animal, et on en redemande. Le son, imposant, reste toujours de qualité, dynamique et puissant à la fois, et laisse toute latitude aux musiciens d’exprimer un jeu de scène dont l’aspect très visuel est renforcé par leurs accoutrements : un batteur en kamis, keffieh en bandoulière, qui se pique de danse orientale sur « Disciples of the Sacred Oath », le sémillant guitariste Yossi Sassi Sa’aron, vêtu en rabbin, arbore un sourire éclatant et fort peu religieux, tandis que Kobi Farhi, pieds nus, joue les Jésus, se crucifiant parfois avec le pied de micro ou se figeant, yeux fermés, dans une pose de bénédiction toute papale. Tout au long d’une prestation consacrée essentiellement à Mabool (2004) et The Neverending Way of ORwarriOR, le groupe joue de tous les symboles, avec l’humour et la dérision qui manquent tellement à ce Proche-Orient éternellement à feu et à sang.
L’ambiance ne retombe jamais et l’intensité va croissant, rythmée par les blagues et les provocations d’un Kobi Farhi au charisme impressionnant (« Je ne suis pas Jésus et j’ai oublié mes chaussures à la maison », et un clinquant « Auf Wiedersehen » en guise d’au-revoir au moment de quitter la scène). Ce dernier fait absolument ce qu’il veut d’un public qui se trémousse jusqu’au dernier rang et en redemande. Et lorsque la formation revient sur scène pour un rappel vigoureusement demandé, elle ne peut même pas attaquer « Norra El Norra » tant la salle hurle et tempête, déchaînée à tel point que lorsque le chanteur l’incite à sauter, les lustres kitchissimes du Nouveau Casino tremblent et oscillent dangereusement ! Le très death « Ornaments of Gold » clôt le concert de son metal traversé de puissants arcs électriques, et laisse le public exsangue : drôle de façon d’entamer le shabbat en ce vendredi soir !
Seuls pèchent les samples de passages orientaux et de la voix de Shlomit Levi. Faute de ne pouvoir emmener en tournée tout un orchestre oriental, en dehors d’un bouzouki effectivement joué par Yossi Sassi Sa’aron sur « El Meod Na’Ala » (dédié au label Season of Mist qui a lancé en grande partie le groupe avec El Norra Alila en 1996), il faut parfois bien admettre que les atmosphères orientales pré-enregistrées calment un peu trop les ardeurs sur scène, ce qui retire un peu de l’interaction entre le metal et les instrumentations traditionnelles qui fait toute la richesse d’Orphaned Land.
Quoi qu’il en soit, inutile de faire la fine bouche, voilà un grand groupe dont le combat pour la paix au Proche-Orient est plus que jamais d’actualité, comme en témoigne l’annulation pour des raisons de sécurité de leur prestation au Sonisphere Festival d’Istanbul, suite au désastreux arraisonnement en pleine mer de la flottille pour Gaza. Si seulement la paix entre Israël et les pays qui l’entourent était aussi simple et heureuse qu’un concert d’Orphaned Land… Shalom alecheim, Assalamou alaykoum.
Autant le dire d’emblée, il est peu charitable de consacrer plus d’un paragraphe aux deux groupes de première partie. Si les Parisiens d’Arkan sauvent quelque peu les meubles avec leur death vaguement orientalisant — bien trop proche cependant d’un Orphaned Land — et font sourire le public par une reprise du « Didi » de Khaled, version Iron Maiden de Bab-El-Oued, guitares à la tierce incluses, les Allemands de Suidakra plongent le public dans un long tunnel de quarante-cinq minutes, bien pénible à tous points de vue. Un death metal qui se veut méchant, entrecoupé de passages plus ou moins celtes, un son creux où rien ne survit en dehors d’une basse et d’une grosse caisse ultra chargées, un chanteur aux fraises, des structures bêtes à manger du foin et une mise en place aléatoire… A oublier d’urgence.
Peu importe à vrai dire : le public est venu pour Orphaned Land. Dès les premières notes de « Birth of the Three », la chaleur monte brutalement et le Nouveau Casino, entièrement acquis à la cause des Israéliens, prend tout à coup des airs de Sinaï écrasé d’un soleil implacable : on sue, c’est animal, et on en redemande. Le son, imposant, reste toujours de qualité, dynamique et puissant à la fois, et laisse toute latitude aux musiciens d’exprimer un jeu de scène dont l’aspect très visuel est renforcé par leurs accoutrements : un batteur en kamis, keffieh en bandoulière, qui se pique de danse orientale sur « Disciples of the Sacred Oath », le sémillant guitariste Yossi Sassi Sa’aron, vêtu en rabbin, arbore un sourire éclatant et fort peu religieux, tandis que Kobi Farhi, pieds nus, joue les Jésus, se crucifiant parfois avec le pied de micro ou se figeant, yeux fermés, dans une pose de bénédiction toute papale. Tout au long d’une prestation consacrée essentiellement à Mabool (2004) et The Neverending Way of ORwarriOR, le groupe joue de tous les symboles, avec l’humour et la dérision qui manquent tellement à ce Proche-Orient éternellement à feu et à sang.
L’ambiance ne retombe jamais et l’intensité va croissant, rythmée par les blagues et les provocations d’un Kobi Farhi au charisme impressionnant (« Je ne suis pas Jésus et j’ai oublié mes chaussures à la maison », et un clinquant « Auf Wiedersehen » en guise d’au-revoir au moment de quitter la scène). Ce dernier fait absolument ce qu’il veut d’un public qui se trémousse jusqu’au dernier rang et en redemande. Et lorsque la formation revient sur scène pour un rappel vigoureusement demandé, elle ne peut même pas attaquer « Norra El Norra » tant la salle hurle et tempête, déchaînée à tel point que lorsque le chanteur l’incite à sauter, les lustres kitchissimes du Nouveau Casino tremblent et oscillent dangereusement ! Le très death « Ornaments of Gold » clôt le concert de son metal traversé de puissants arcs électriques, et laisse le public exsangue : drôle de façon d’entamer le shabbat en ce vendredi soir !
Seuls pèchent les samples de passages orientaux et de la voix de Shlomit Levi. Faute de ne pouvoir emmener en tournée tout un orchestre oriental, en dehors d’un bouzouki effectivement joué par Yossi Sassi Sa’aron sur « El Meod Na’Ala » (dédié au label Season of Mist qui a lancé en grande partie le groupe avec El Norra Alila en 1996), il faut parfois bien admettre que les atmosphères orientales pré-enregistrées calment un peu trop les ardeurs sur scène, ce qui retire un peu de l’interaction entre le metal et les instrumentations traditionnelles qui fait toute la richesse d’Orphaned Land.
Quoi qu’il en soit, inutile de faire la fine bouche, voilà un grand groupe dont le combat pour la paix au Proche-Orient est plus que jamais d’actualité, comme en témoigne l’annulation pour des raisons de sécurité de leur prestation au Sonisphere Festival d’Istanbul, suite au désastreux arraisonnement en pleine mer de la flottille pour Gaza. Si seulement la paix entre Israël et les pays qui l’entourent était aussi simple et heureuse qu’un concert d’Orphaned Land… Shalom alecheim, Assalamou alaykoum.