RPWL

25/05/2010

Z7 Konzertfabrik - Pratteln

Par Christophe Gigon

Photos: David Bouvet

Site du groupe : http://www.rpwl.net

Setlist :

Astronomy Domine / Start the Fire / Spring of Freedom / Breathe In, Breathe Out / In your Dreams / Gentle Art of Swimming / This Is Not a Prog Song + prog medley / Way It Is / Crazy Lane / I Don’t Know / Wasted Land / 3 Lights / TTKTS / Another Day / Sleep / Day on My Pillow (incluant I Know What I Like) / Cake / Silenced / Roses / Have a Cigar / Hole in the Sky / Biding my Time
Les Allemands reviennent en Suisse, terrain balisé et passablement fertilisé par le passé, pour une tournée anniversaire visant à commémorer les dix ans d’existence du groupe, et promouvoir en outre l’anthologie The Gentle Art of Music parue il y a peu. Si la troupe de Yogi Lang n’a jamais véritablement démérité sur scène, force est d’avouer qu’avec un charisme peu ou prou équivalent à celui d’un myriapode articulé, le public habitué à plus d’éclat est resté bien sage. Pourtant, c’est à une soirée pleine de rebondissements, de joyeuses surprises et surtout de séquences musicales de haute voltige, à laquelle l’auditoire principalement germanophone a été convié.

Comment RPWL allait-il s’y prendre pour surprendre la foule qui s’est déplacée pour la troisième fois en peu de temps sur le sol helvète ? En offrant exactement ce que le public n’attendait plus de la formation allemande : un excellent concert de rock progressif parfaitement maîtrisé, et exécuté avec maestria par une formation à présent solidement soudée et, corollaire évident, décontractée, les musiciens étant manifestement heureux d’être sur scène.

Outre la reprise dantesque d’ « Astronomy Domine » de Pink Floyd qui cloue ainsi, par un procédé antithétique du meilleur effet, le bec des éternels détracteurs qui ne voient en RPWL qu’un clone mal dégrossi de la bande de David Gilmour, « Have a Cigar »  achève de convaincre les derniers récalcitrants. La guitare de Kalle Wallner y est pour beaucoup, jouant allègrement de mimétisme avec son père spirituel.

Entre ces deux surprises de taille, RPWL offre une relecture pleine de tonus des larges pans de sa discographie, avec comme moment fort du spectacle, cette exécution dans les règles de l’art de ce morceau mal aimé des fans, et pour cause : « This Is Not a Prog Song ». Au départ, ce qui n’était qu’une petite minauderie pop sans réel intérêt s’est transformée en un incroyable exercice de démonstration technique. Les musiciens ont réussi le pari fou d’interpréter des séquences issues de pas moins de dizaines de morceaux classiques de l’histoire du rock progressif. Pour mémoire et sans souci d’exhaustivité, les connaisseurs pointent Genesis, Yes, Asia, Marillion, Foreigner, Buggles, Pink Floyd, King Crimson, Deep Purple et consorts. Le tout minuté et déployé avec une aisance incompréhensible, certaines séquences ne durant que quelques secondes. Au-delà de l’aspect ludique de l’exercice, c’est évidemment l’audace de l’autocritique qu’il s’agit ici de saluer.

Une brève accalmie fait irruption avec une parenthèse acoustique en milieu de concert avec « Way It Is », « Crazy Lane », « I Don’t Know » et « Wasted Land », avant que le groupe ne soumette à l’auditoire une série de morceaux tous plus efficaces les uns que les autres. Le premier rang aura même le droit de goûter le gâteau d’anniversaire distribué pendant le titre inédit baptisé forcément « Cake », présent sur la récente compilation publiée sur leur propre label.

Trois rappels ne suffiront pas à rassasier les centaines de personnes qui auront bien fait, cette fois, de se déplacer. RPWL a prouvé qu’il pouvait enfin apparaître comme un excellent groupe de scène et non plus comme de bons musiciens de studio réputés et tatillons, échaudés par l’exercice périlleux du live.