Shadow Gallery

20/10/2010

Nouveau Casino - Paris

Par Dan Tordjman

Photos: Marjorie Coulin

Site du groupe : http://shadowgallery.com

Setlist :

Stiletto in the Sand - War For Sale - Mystery - Pain - Destination Unknown - Questions at Hand - Ghost of a Chance - The Andromeda Strain - Crystalline Dream - Haunted. Rappel : Room V - Gold Dust
L’impensable s’est produit. Alors que les Américains semblaient condamnés ad vitam aeternam à réaliser leurs disques en studio, sans jamais avoir la possibilité de les jouer en public, le miracle est enfin arrivé ! Le gang d’Allentown est sorti de sa Pennsylvanie natale pour partir en tournée, avec une date parisienne à la clé, exauçant ainsi l’espoir de nombreux fans attendant depuis dix-huit ans de voir Shadow Gallery sur scène.

C’est à Divided Multitude, pour qui c’est également le baptême du feu dans la capitale, que revient l’honneur d’entamer pour trente-cinq minutes cette soirée tant attendue. Les frères Haroy, Christer à la guitare et Rayner à la basse, se déchaînent et font le show aux côtés de Sindre Antonsen à la voix si rocailleuse mais non dénuée de quelques imperfections. « Nowhere to Hide » et « Regrets », titres issus de leur dernier album Guardian Angel, passent toutefois haut la main l’examen du live. Les Norvégiens interprètent des morceaux plus vieux tel que « Streets of Bucharest », extrait d’Inner Self avec le sentiment du devoir bien accompli.
 
Cette salle de concert parisienne n’est pas inconnue de Manticora, qui s’y était déjà produit en 2006 en compagnie d’Andromeda. Si une partie du set passe à la trappe pour cause d’interview au même moment avec Shadow Gallery, force est de constater au retour de l’entretien que de nombreux tee-shirts à l’effigie des Danois sont visibles dans la fosse. Malgré une certaine redondance musicale, le niveau des instrumentistes et leur volonté de bien faire déclenchent une puissance sonore sans égale. Toujours aussi charismatique, Lars Larsen façonne une belle empathie avec l’audience alors que son camarade Kasper Gram redouble d’un jeu diabolique sur sa basse.

Le changement de plateau effectué, l’expression de surprise est visible sur les visages à l’écoute de « Bohemian Rhapsody », repris ensuite par toute l’assistance. Oui, Queen est à Shadow Gallery ce que Rush est à Dream Theater. C’est à la fin de ce titre intemporel que Shadow Gallery passe de l’ombre à la lumière non sans voir Brendt Allman, rejoint par ses petits camarades, intimer au Nouveau Casino l’ordre de reprendre en chœur « nothing really matters to me… ».

C’est avec le sourire que le groupe débute avec « Stiletto in the Sand », non sans souffrir de quelques malheureux écueils. Le son est exécrable et ne rend pas justice aux guitares, écrasées par la batterie de Joe Nevolo qui, au fil du concert, s’avèrera être le maillon faible du groupe, la faute à une mise en place bancale. C’est alors que tous les yeux convergent vers Brian Ashland, successeur de feu Mike Baker. Le chanteur assure tant bien que mal, et se permet en outre de jolies acrobaties à la guitare.

En toute logique, tous les chapitres discographiques sont visités un par un, avec pour point d’orgue la subtile interprétation de « Crystalline Dream » et celle plus coriace de « Room V ». Radieux, les musiciens brodent un joli spectacle tout en évoquant avec beaucoup d’émotion la mémoire de leur compagnon tristement disparu d’une crise cardiaque il y a presque deux ans. Si le talent de Brendt Allman, Carl Cadden-James et Gary Wehrkamp n’est plus à souligner, ce sont surtout les chœurs et harmonies vocales, marque de fabrique du groupe, qui révèlent une incroyable force sur scène (« The Andromeda Strain » et « Room V »).

« Gold Dust » clôt une soirée à marquer forcément d’une croix blanche, malgré un mixage brouillon et quelques manques de cohésion. Dans tous les cas, les Français ont vu Shadow Gallery sur scène (c’est écrit sur les badges vendus au stand), peut-être pour la seule et unique venue du groupe dans l’Hexagone, comme en témoigne le public venu nombreux pour un événement important qu’il n’aurait fallu rater pour rien au monde.